vendredi 18 mai 2018

Caroline Boudet, fugue et conséquences


Sophie aimerait, parfois, profiter de moments de solitude. Entre les enfants, le mari, le boulot, elle a l’impression d’être enchaînée à une vie qui l’entraîne et la traîne à sa suite comme si elle était (mal) accrochée à un train en marche, qui ne s’arrête jamais. Le pire, c’est que Loïc, le mari, gentil mais chiant malgré lui, ne comprend pas vraiment de quoi elle a besoin : une fuite vers Punta Cana (ou ailleurs mais, allez savoir pourquoi, c’est Punta Cana qui lui vient à l’esprit). Loïc, c’est la réalité des besoins immédiats, l’élastique qui ramène sans cesse Sophie vers la vraie vie, avec son insupportable routine quotidienne, sans grandes variations ni surprises.
Quand est-ce qu’il casse, l’élastique ?
Tout de suite, si elle veut : il suffit de le décider, au fond. Une petite fugue n’a jamais de mal à personne, ni à celle qui part s’oxygéner le cerveau, ni à ceux qui restent et qui prendront, avec un peu de chance, conscience de son rôle indispensable, de leurs exigences devenues si habituelles qu’elles semblent normales. L’engrenage qui broie les uns et les autres pour les faire entrer dans le moule des clichés…
Sophie, plutôt que d’attendre un hypothétique vol vers la République dominicaine, choisit le train et une destination pas trop lointaine : Saint-Malo (comme tout le monde en ce week-end de Pentecôte, enfin, tout le monde, au moins les acteurs et les visiteurs d’Etonnants Voyageurs, ce qui fait déjà foule).
A la maison, où elle a laissé les siens, c’est un peu, beaucoup, la panique. Loïc, persuadé de tout savoir de Sophie – les hommes ont toujours raison –, prétend que ce n’est pas son genre d’agir ainsi. Il le sait mieux que personne, mieux que Sophie elle-même. Ils sont parfois énervants, les mecs, quand même ! Ceci dit, les autres témoins de la vie de Sophie ne sont pas, à de rares exceptions près, beaucoup plus perspicaces.
Alors, voilà : Sophie respire enfin. Si bien qu’elle se demande si elle ne pas prolonger son escapade prévue pour quelques heures seulement. Avec quelles conséquences pour son couple, sa famille, son boulot ? C’est la question à choix multiples. Mais, pour avoir la réponse, il faudra suivre la logique d’une évolution rapide qui sera peut-être une révolution.
On n’oubliera pas, malgré tout, qu’une révolution complète est un tour sur soi-même, avec retour au point de départ.
Ou presque.
C'est Juste un peu de temps, de Caroline Boudet.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire