C’est où, Vladivostok ? Au bout du Transsibérien,
quelque part au nord sur la côte orientale de la Russie, donc avec vue sur le
Pacifique, répondront neuf personnes sur dix. Cédric Gras ne leur en voudra
pas. Lui-même a développé très progressivement sa connaissance de la géographie
et s’est, pendant des années, inventé une planète où les pays se groupaient
selon une logique nourrie de l’imagination beaucoup plus que de la réalité.
Pourtant, « il faut bien s’y
faire : Vladivostok, c’est au sud. » A la latitude de Cannes
environ, près des frontières chinoise et nord-coréenne, face à la mer du Japon
et non à l’océan. Premier choc pour le commun des mortels, mieux au fait de la
répartition des grandes surfaces dans un rayon de dix kilomètres.
Deuxième choc : Vladivostok est une horreur, « un marais à l’eau salée et à l’air
vicié. » Pour qui, comme Cédric Gras, a voyagé avant d’arriver là-bas,
« après l’Himalaya et même les
steppes kazakhes, quand on regarde Vladivostok on a parfois l’impression qu’on
a oublié d’ouvrir une fenêtre au carreau sale. »
Voici pourtant le jeune écrivain installé pour quatre ans,
chargé d’ouvrir une Alliance française dans un lieu où les représentations
diplomatiques ouvrent plutôt sur les autres pays d’Asie que sur l’Europe. Même
si Moscou reste, aux yeux de nombreux habitants, la capitale synonyme de
réussite sociale. Les autres lorgneraient plutôt sur les Etats-Unis…
Au cours de son séjour, Cédric Gras découvre, et nous fait
découvrir en même temps, qu’un enracinement a du bon, que passer du temps avec
les habitants en partageant leurs conditions de vie est la seule manière de
comprendre leur comportement. Jusqu’à s’attacher à cette terre a priori hostile
autant qu’à ceux qui la peuplent. « Il
faut s’ennuyer de longues heures dans un endroit, à en fouiller tous les
recoins, pour pouvoir affirmer que c’est chez vous. »
Chez lui, donc, si le « repiquage », comme il dit,
prend, Cédric Gras fournit le secret d’une fascination que Sylvain Tesson avoue
dans sa préface n’avoir jamais réussi à expliquer. « Cette Russie qui nous aimante » doit pourtant posséder
quelque chose de particulier, jusque dans ses confins asiatiques. Pas le
climat, l’hiver n’est pas assez froid pour que la glace prenne vraiment et les
appartements sont en outre surchauffés. Pas la vue sur une mer souvent étale.
Peut-être la vodka au début, puis la lente acceptation, grâce notamment aux
femmes, d’un état d’esprit propre à la région.
Le récit de Sylvain Tesson ne convainc pas de la nécessité à se rendre, toutes affaires cessantes, à Vladivostok. D’ailleurs, il raconte tout cela si bien que ce n’est plus nécessaire.
Le récit de Sylvain Tesson ne convainc pas de la nécessité à se rendre, toutes affaires cessantes, à Vladivostok. D’ailleurs, il raconte tout cela si bien que ce n’est plus nécessaire.
C'est un livre que je lirai car la Russie m'attire beaucoup, j'avais été particulièrement déçue par le livre de Tesson sur la Sibérie que j'ai trouvé fade et beaucoup trop centré sur ses problèmes personnels mais celui là me séduit nettement plus
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