Je continue, pour ceux que cela intéresse, à remonter lentement le cours d'une existence presque totalement dédiée au livre, et pendant laquelle j'ai pratiqué à peu près tous les métiers dans le domaine.
En 1980, je suis à la tête d'une "œuvre" - deux petits livres insignifiants parus chez Marabout. Or Marabout cherche à renforcer son équipe éditoriale (ou à remplacer quelqu'un qui est parti, je n'en sais plus rien). Me voici sur les rangs, puisque les contacts avaient été bons. Et que, élément déterminant je crois, les manuscrits que j'avais donnés n'avaient nécessité qu'un travail de correction minimal. Je devais donc, se disait-on, être capable de m'occuper des textes des autres. Peut-être... L'idée, en tout cas, m'excitait, même si on était la plupart du temps loin de la littérature.
Me voici donc, pendant deux ans, "éditeur-assistant". Je cherche des sujets, des auteurs, je lis des manuscrits, je corrige des épreuves. Je contacte des copains et des copines quand personne ne se présente spontanément pour traiter un thème dans l'air du temps - ça leur fait un peu de sous, ils sont contents. Je donne mon avis - et, même, on m'écoute parfois. Je corrige des copies parfois exécrables. Je réécris presque complètement un livre sur les armes si mal foutu que je le pensais irrécupérable même si l'auteur savait, et au contraire de moi, de quoi il parlait.
Un jour, une directrice littéraire se met en tête de créer une collection sentimentale. Elle me fait lire des Harlequin pour comprendre comment ça marche. Oui, oui, j'ai donc lu ça. Plus amusant: je fouine en bibliothèque pour trouver des titres à rééditer. Je descends à la cave, où il y a des trésors enfouis sous la poussière. Une traduction manuscrite (un premier jet, je crois) d'un roman de Dostoïevski par Adamov, par exemple. Je ne sais pas ce que c'est devenu. Rien, probablement...
Ce sont deux années pendant lesquelles on me demande aussi d'écrire certains livres moi-même, parce qu'on n'a trouvé personne d'autre pour les faire. J'en ferai de plus en plus, ce qui déterminera la suite.
Mais je n'en ai pas fini avec l'édition. Comme la littérature me manque, je saute sur un projet monté par deux copains. Me voici bombardé directeur littéraire d'une maison naissante. Les deux premiers titres sont imprimés en... sérigraphie. L'un des deux marche, c'est parti! Je discute serré avec des écrivains que j'aime. Une virgule à déplacer ici, peut-être? Ce mot à la place d'un autre? Je m'amuse. Puis me cabre: un livre que je n'aime pas a été publié sans mon avis. Non, mais! C'est qui, le directeur littéraire, ici? (Oui, j'avais peut-être la tête légèrement enflée.) Je claque la porte.
Fin du métier d'éditeur? Pas tout à fait. Je m'y suis remis plus récemment, j'ai fondé la Bibliothèque malgache en 2006 - cette fois, sur ma carte de visite, je suis "Propriétaire - Gérant", avec les majuscules, ah! ah! Au moins, je n'ai pas de chef. Et je m'amuse, je m'amuse... en perdant de l'argent. Enfin, pas trop, mais il y a des fins de mois difficiles. Ne vous apitoyez pas. Je le répète: je m'amuse.
Et je ne connais rien de plus important.
A suivre...
En 1980, je suis à la tête d'une "œuvre" - deux petits livres insignifiants parus chez Marabout. Or Marabout cherche à renforcer son équipe éditoriale (ou à remplacer quelqu'un qui est parti, je n'en sais plus rien). Me voici sur les rangs, puisque les contacts avaient été bons. Et que, élément déterminant je crois, les manuscrits que j'avais donnés n'avaient nécessité qu'un travail de correction minimal. Je devais donc, se disait-on, être capable de m'occuper des textes des autres. Peut-être... L'idée, en tout cas, m'excitait, même si on était la plupart du temps loin de la littérature.
Me voici donc, pendant deux ans, "éditeur-assistant". Je cherche des sujets, des auteurs, je lis des manuscrits, je corrige des épreuves. Je contacte des copains et des copines quand personne ne se présente spontanément pour traiter un thème dans l'air du temps - ça leur fait un peu de sous, ils sont contents. Je donne mon avis - et, même, on m'écoute parfois. Je corrige des copies parfois exécrables. Je réécris presque complètement un livre sur les armes si mal foutu que je le pensais irrécupérable même si l'auteur savait, et au contraire de moi, de quoi il parlait.
Un jour, une directrice littéraire se met en tête de créer une collection sentimentale. Elle me fait lire des Harlequin pour comprendre comment ça marche. Oui, oui, j'ai donc lu ça. Plus amusant: je fouine en bibliothèque pour trouver des titres à rééditer. Je descends à la cave, où il y a des trésors enfouis sous la poussière. Une traduction manuscrite (un premier jet, je crois) d'un roman de Dostoïevski par Adamov, par exemple. Je ne sais pas ce que c'est devenu. Rien, probablement...
Ce sont deux années pendant lesquelles on me demande aussi d'écrire certains livres moi-même, parce qu'on n'a trouvé personne d'autre pour les faire. J'en ferai de plus en plus, ce qui déterminera la suite.
Mais je n'en ai pas fini avec l'édition. Comme la littérature me manque, je saute sur un projet monté par deux copains. Me voici bombardé directeur littéraire d'une maison naissante. Les deux premiers titres sont imprimés en... sérigraphie. L'un des deux marche, c'est parti! Je discute serré avec des écrivains que j'aime. Une virgule à déplacer ici, peut-être? Ce mot à la place d'un autre? Je m'amuse. Puis me cabre: un livre que je n'aime pas a été publié sans mon avis. Non, mais! C'est qui, le directeur littéraire, ici? (Oui, j'avais peut-être la tête légèrement enflée.) Je claque la porte.
Fin du métier d'éditeur? Pas tout à fait. Je m'y suis remis plus récemment, j'ai fondé la Bibliothèque malgache en 2006 - cette fois, sur ma carte de visite, je suis "Propriétaire - Gérant", avec les majuscules, ah! ah! Au moins, je n'ai pas de chef. Et je m'amuse, je m'amuse... en perdant de l'argent. Enfin, pas trop, mais il y a des fins de mois difficiles. Ne vous apitoyez pas. Je le répète: je m'amuse.
Et je ne connais rien de plus important.
A suivre...