Voici enfin traduit en français le premier roman de Vikram Sethn paru en 1986... Plus de vingt ans, c'est donc ce qu'il aura fallu attendre pour lire Golden Gate après avoir découvert successivement les autres romans de l'auteur né à Calcutta en 1952: Un garçon convenable, Quatuor et Deux vies.
Il faut dire que l'objet est assez singulier et se présente comme une suite de sonnets. La manière est inhabituelle dans le genre romanesque. Vikram Seth l'a osée et Claro, traducteur prêt à se couler dans toutes les formes, l'a restituée avec le talent qu'on lui connaît - il faut toujours regarder le nom du traducteur, car certains ont l'art de nous emporter sur des terrains où on les suit volontiers.
Ce vendredi, je publie dans Le Soir un article et un bref entretien effectué par mail. Vikram Seth m'avait répondu en anglais, j'ai donc traduit moi aussi - mais, prudemment, j'ai demandé à Claro de relire ma version française, qu'il a approuvée. (Merci, Claro.)
Une question et sa réponse ne paraîtront pas, par manque d'espace, dans Le Soir. Rien que pour vous, voici ce morceau d'échange avec Vikram Seth.
Vous apparaissez vous-même dans le roman. Le clin d’œil de l’écrivain qui n’est pas dupe de la fiction et cherche une meilleure complicité avec son lecteur ?
« Kim Tarvesh » (un anagramme de mon nom) est un personnage très secondaire. Je suis un peu plus présent à travers ma propre voix d’auteur. Mais ce n’était en aucun cas une tentative d’établir un rapport avec mes lecteurs aux dépens de mes personnages. Malgré tous mes démentis ironiques, je croyais trop en leurs vies pour douter d’eux. Leurs aspirations, leurs émotions, leurs histoires étaient pour moi, pendant l’année où j’ai écrit ce livre, plus que de la fiction. Je suis trop influençable et ils sont trop réels.
Et puis, puisque Vikram Seth et Claro avaient pris le risque du vers, je me suis dit que j'allais faire pareil. Avec les limites de mon talent, qui n'est pas le leur, voici donc une critique du roman en un sonnet:
Il faut dire que l'objet est assez singulier et se présente comme une suite de sonnets. La manière est inhabituelle dans le genre romanesque. Vikram Seth l'a osée et Claro, traducteur prêt à se couler dans toutes les formes, l'a restituée avec le talent qu'on lui connaît - il faut toujours regarder le nom du traducteur, car certains ont l'art de nous emporter sur des terrains où on les suit volontiers.
Ce vendredi, je publie dans Le Soir un article et un bref entretien effectué par mail. Vikram Seth m'avait répondu en anglais, j'ai donc traduit moi aussi - mais, prudemment, j'ai demandé à Claro de relire ma version française, qu'il a approuvée. (Merci, Claro.)
Une question et sa réponse ne paraîtront pas, par manque d'espace, dans Le Soir. Rien que pour vous, voici ce morceau d'échange avec Vikram Seth.
Vous apparaissez vous-même dans le roman. Le clin d’œil de l’écrivain qui n’est pas dupe de la fiction et cherche une meilleure complicité avec son lecteur ?
« Kim Tarvesh » (un anagramme de mon nom) est un personnage très secondaire. Je suis un peu plus présent à travers ma propre voix d’auteur. Mais ce n’était en aucun cas une tentative d’établir un rapport avec mes lecteurs aux dépens de mes personnages. Malgré tous mes démentis ironiques, je croyais trop en leurs vies pour douter d’eux. Leurs aspirations, leurs émotions, leurs histoires étaient pour moi, pendant l’année où j’ai écrit ce livre, plus que de la fiction. Je suis trop influençable et ils sont trop réels.
Et puis, puisque Vikram Seth et Claro avaient pris le risque du vers, je me suis dit que j'allais faire pareil. Avec les limites de mon talent, qui n'est pas le leur, voici donc une critique du roman en un sonnet:
Il serait bon d’aller vers les ans quatre-vingt,
Construire des sonnets, rimer comme il se doit,
Pas n’importe quels vers mais des alexandrins.
Claro le traducteur a réussi l’exploit
De transposer ce texte qui est un vrai roman :
Quelques amis de John, et son isolement,
L’histoire d’un gagnant, un yuppie de Frisco,
Et d’une société où tout part à vau-l’eau.
On y rit, on y pleure, on y aime et y hait.
Vikram Seth débutait et osait la fiction
Avec toute l’audace, presque la prétention
D’un auteur surdoué prêt à sauter les haies
Qu’il plaçait devant lui et franchissait, léger,
Comme le Golden Gate sur les eaux de la baie.
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