lundi 1 août 2016

En rayon, Claudie Hunzinger avant la rentrée

Depuis 2010, Claudie Hunzinger donne des romans chez Grasset. Le 31 août, ce sera L'incandescente, le quatrième. La nature, l'art et la mémoire se mêlent chez une écrivaine qui, avec Elles vivaient d'espoir, avait pris un virage important, probablement mûri de longue date.
L'infléchissement n'a cessé de se confirmer et la voie ainsi tracée est de plus en plus celle d'une romancière affirmée où la fiction transpose le réel avec une audace qu'elle avait longtemps contenue - ses livres précédents, cinq de 1973 à 1989, portaient l'étiquette de récits. Encore la distance est-elle parfois faible entre ce qui semble authentique et ce qui semble imaginaire.
Retour sur Elles vivaient d'espoir, puisqu'il reste trente jours avant la sortie du nouveau roman, avec un article et les premières lignes.

Claudie Hunzinger ne cache pas l’inspiration familiale de son premier roman. Les personnes auxquelles il est dédié en sont les personnages, et leurs noms n’ont pas été modifiés. Il y a Emma, sa mère, dont les cahiers retracent la vie. Un roman en soi, déjà. Thérèse, amie de cœur et de corps, destinataire des lettres recopiées dans un cahier, à l’existence bien plus romanesque encore, dont Claudie (elle est aussi dans le livre) croit qu’elle est seulement une part de la jeunesse d’Emma, et dont elle va explorer le passé comme une grande aventure. Il y a aussi Germaine, qui a bien connu Thérèse. Et Isabelle, dernière dédicataire d’Elles vivaient d’espoir, la seule à en être absente.
Emma et Thérèse ont partagé des rêves et des ambitions qui les rapprochaient, puis la vie les a séparées. Elles étaient animées d’une flamme commune à leurs caractères bien trempés. Quand le feu de l’une vacillait, l’autre soufflait dessus pour la ranimer. Jusqu’au moment où Emma s’est retrouvée mariée avec un Alsacien qui allait adhérer au parti nazi tandis que, de l’autre côté de la France, Thérèse menait une vie de combat dans la résistance communiste. Fidèle à son idéal, quand l’autre avait sombré, balayée par les vents mauvais de l’Histoire…
Deux établissements scolaires portent le nom de Thérèse Pierre. Emma devra à Claudie de rester dans les mémoires. Et à son petit-fils Robin, qui a réalisé Où sont nos amoureuses d’après l’histoire des deux femmes. Claudie Hunzinger, mère de Robin, avait écrit le texte de la voix off pour le film. Une affaire de famille, décidément. Et d’amour.
Emma était fille unique.
Ne fais pas ta princesse de la Moskova, lui disait sa mère.
A dix ans, au village, elle s’ennuyait. A seize ans, elle était à l’Ecole normale de jeunes filles de Dijon. Elle serait institutrice. Elle y était restée deux ans de plus, surveillante. A sa sortie, sa décision était prise : elle poursuivrait ses études. On était en juillet.
Un matin de cet été-là, cherchant tout autre chose, elle tombe sur la photo, au fond d’un tiroir, d’un jeune homme, son grand-père, qui lui ressemble comme un frère.
Le même jour, elle commence un carnet.
Elle note : L’avenir m’attire.
Et elle se coupe les cheveux.
Alors seulement l’élève un peu pâle fait place à la princesse ultramoderne, au visage hardi, ardent, qu’elle allait devenir.

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