jeudi 17 avril 2014

Manuel de l'arriviste littéraire (13)


La comptabilité

Connaissez-vous la comptabilité ? Non. Dans ce cas, hâtez-vous de l’apprendre. Vous n’avez plus une minute à perdre.
Ayez un registre de comptes courants, où vous inscrirez au jour le jour les mufleries dont vous êtes victime, les attaques dont vous êtes l’objet, les éloges dont on vous comble. Ce n’est pas nous qui vous enseignerons l’art de balancer un compte ou de faire un report.
Il faut cependant vous dire, puisque vous ne le savez pas, qu’en comptabilité il y a le Doit et l’Avoir. Le Doit doit arriver à égaler l’Avoir et vice versa (pour l’explication de ce dernier terme, voyez les pages roses du Petit Larousse – publicité non payée).
Pour parler plus clairement, quand on vous fait une rosserie, ne manquez jamais de la rendre à qui vous l’a faite. Attendez tout le temps nécessaire. S’il s’agit d’un compliment, rendez-le également. Une politesse en vaut une autre. Tout arriviste littéraire qui se respecte doit savoir passer de la pommade aujourd’hui à qui l’a encensé la veille.
Donc si un courriériste littéraire a dit de vous : « M. X…, qui a du talent, etc. », n’oubliez pas le lendemain d’écrire à votre tour : « M. Z…, qui a du génie, etc. »
C’est ce qu’on appelle en comptabilité littéraire « balancer un compte ».


P.-S. La présentation de cette série d'articles publiés dans L'Aurore en 1914 se trouve ici. Ils ont été retrouvés grâce à Gallica.

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