jeudi 9 juillet 2009

Dominique Mainard, destins croisés

Puisque j'évoquais hier Dominique Mainard dans son rôle de traductrice, et que j'ai de la suite dans les idées, la voici en romancière avec la réédition de Je voudrais tant que tu te souviennes.
La narratrice est une adolescente que ses parents préparent à la vie adulte, c’est-à-dire au mariage. Le père de Julide vit en France mais vient d’ailleurs - on imagine l’Inde ou un pays proche. Et respecte les coutumes: un cousin deviendra son mari, selon une tradition que personne, ni la première concernée ni sa mère qui est française, ne cherche à remettre en question. Julide a cependant toujours manifesté un goût certain pour la liberté, au point que son père a un jour démonté, dans sa chambre, la poignée de la fenêtre pour l’empêcher de se livrer aux promenades nocturnes qu’elle affectionne.
Mado est une voisine qui a été protégée par la tante de Julide. Mado perd la mémoire. Ses cheveux seraient blancs si le henné ne les teintait pas. Elle est au bord d’une folie qui ne dit pas son nom. Mais qui, après le départ de la tante, prend la forme d’un amour délirant pour un jeune homme qui travaille sur les toits et qu’on appelle l’Indien. Elle l’observe d’en bas, il la suit d’en haut - ces regards, qui se croisent sans un mot dans la petite ville, créent une incroyable tension dans le roman de Dominique Mainard. D’autant que Julide ne l’entend pas de cette oreille: Mado amoureuse, c’est la preuve qu’elle perd complètement la raison. La jeune fille joue un rôle d’adulte, et entre par effraction autant que par accident dans le monde de la liberté.
Deux destins croisés qui s'éclairent mutuellement dans un très beau livre.


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