mercredi 15 juillet 2009

Miroir, mon beau miroir...

Les traductions du conte de Grimm varient. Mais, dans Blanche-Neige, la question posée par la reine à son miroir suppose toujours le même genre de réponse: «Madame la reine, vous êtes la plus belle.» Jusqu'au jour où le miroir nuance: la plus belle, c'est Blanche-Neige. Et alors, comme on sait, la situation change.
Dans le dernier roman de Percy Kemp, Anna Bravo a appris à se méfier des miroirs. Ils sont, lui ont expliqué son père et sa grand-mère, preuve à l'appui grâce à une gravure, Le vrai cul du diable.
L'auteur nous a habitués à ses romans d'espionnage à la John Le Carré, genre dans lequel il déploie une saisissante maîtrise. Il n'est pas moins doué pour explorer les effets de l'interprétation de nos sens - un peu comme Noëlle Châtelet. L'odorat dans Musc, l'ouïe dans Et le coucou, dans l'arbre, se rit de l'époux, la vue maintenant. La tâche n'est pas aisée, car le risque est grand de tomber dans des considérations vaguement philosophiques. Il n'y échappe pas tout à fait. Mais trouve dans le thème du miroir quantité de variations qui donnent le vertige.
L'interdiction créant le désir, Anna est fascinée par les miroirs. Et par l'un d'entre eux en particulier, qui fait basculer sa vie d'une posture ferme de femme battante vers des spéculations hasardeuses dans lesquelles elle se perd.
C'est presque un conte, ouvert par une scène torride dans laquelle Anna n'a besoin de personne...


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