samedi 18 septembre 2010

Le premier tour des prix littéraires

En principe, rien n'est joué, évidemment, et il manque encore les sélections de quelques prix littéraires importants, à venir dans les jours qui viennent (Académie française, Interallié, Décembre...). Mais l'essentiel est sur cette page, et il est possible de dégager quelques tendances, au moins du côté de la littérature française.
Je note d'abord que des éditeurs rarement à l'honneur dans ce genre de sport (si la course aux prix est un sport) ont, pour certains d'entre eux, droit à une (petite) place. Aden, par exemple, pour Moineau, d'El-Mahdi Acherchour (Femina). Ou, dans la même liste, le tout nouvel éditeur qui s'est baptisé L'Editeur, pour Le réprouvé, de Mikaël Hirsch. Le Passage s'en est ouvert un auprès du jury Médicis, grâce à Fabrice Humbert et La fortune de Sila. L'Escampette aussi, avec En remontant les ruisseaux: de l’Aubrac à la Margeride, de Jean Rodier. Le prix de Flore a retenu un titre chez JBZ & Cie: Extraball, de Vincent Bernière. Et Sabine Wespieser, la "petite" éditrice qui a tout d'une grande, peut se réjouir d'avoir un titre dans la première liste du Goncourt: Antoine et Isabelle, de Vincent Borel. Le prix Wepler-Fondation La Poste a, de son côté, trouvé Jacques Abeille chez Attila (Les jardins statuaires) et Christian Estèbe chez Finitude (Des nuits rêvées pour le train fantôme).
C'est rafraîchissant. Ce le serait encore bien plus, évidemment, si l'un ou l'autre de ces livres avait une véritable chance d'obtenir un grand prix littéraire. J'avoue avoir quelques difficultés à y croire.
En effet, les "poids lourds" sont là. A commencer par Michel Houellebecq, à qui tout le monde promet le Goncourt pour La carte et le territoire (Flammarion). Faut voir... Tahar Ben Jelloun a déjà écrit tout le mal qu'il pensait du roman, et un favori désigné très tôt est souvent grillé quand arrive le moment du vote final.
Patrick Lapeyre ferait un beau prix Femina (La vie est brève et le désir sans fin, POL), malgré la présence de Claude Arnaud (Qu'as-tu fait de tes frères?, Grasset) ou de Virginie Despentes (Apocalypse Bébé, Grasset).
Claude Arnaud est aussi présent au Médicis, en compagnie de Robert Bober (On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux, POL) et de Bernard Quiriny (Les assoiffées, Seuil).
J'ai déjà dit un mot du Goncourt, attribué en même temps que le Renaudot. Michel Houellebecq n'échappera pas à celui-ci si celui-là lui échappe. Antoine Bello pourrait voir monter sa cote quand son roman sera paru (Enquête sur la disparition d'Emilie Brunet, Gallimard). Et Agnès Desarthe ne devrait pas laisser ses lecteurs indifférents (Dans la nuit brune, L’Olivier).
Il y a, bien entendu, tous les autres, du moins celles et ceux qui survivront à l'écrémage des deuxièmes sélections.
En tout cas, si on me demandait mon avis (ce qui ne sera pas le cas, je me demande pourquoi tous ces jurés se privent de mes lumières), et en me limitant aux ouvrages actuellement retenus, je donnerais le Goncourt à Maylis de Kerangal (Naissance d'un pont, Verticales), le Renaudot à Philippe Forest (Le siècle des nuages, Gallimard), le Femina, je ne sais pas, et le Médicis à Bernard Quiriny. Et, puisque Claro (CosmoZ, Actes Sud) n'a été remarqué que par les prix de Flore et Wepler-Fondation La Poste, je lui attribuerais les deux!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire