Je ne voudrais pas me réjouir du malheur de certains, mais quand même: l'insignifiant roman de David Foenkinos, Les souvenirs, sorti de la dernière sélection Goncourt après avoir fait figure de favori pendant des mois, c'est une bonne nouvelle. Comme la disparition de Morgan Sportès (Tout, tout de suite). Son livre est écrit sans aucune grâce - mais il peut encore surgir dans d'autres prix de la saison.
Je comprends moins bien la mise à l'écart de Véronique Ovaldé, dont je suis occupé à lire Des vies d'oiseaux (je suis impressionné), et de Delphine de Vigan, qui avait franchi un cap dans l'écriture avec Rien ne s'oppose à la nuit.
Et ceux qui restent, me direz-vous?
Ah! ceux qui restent!
Chacun d'entre eux ferait un excellent Goncourt.
Sorj Chalandon, parce que Retour à Killibegs est un livre parfaitement tordu, pervers, où le mensonge et la dissimulation s'ajoutent au réel pour en faire une formidable fiction irlandaire.
Alexis Jenni, parce que L'art français de la guerre est un des meilleurs premiers romans de la rentrée, ambitieux et réussi, touffu dans le détail et limpide dans les vues d'ensemble.
Carole Martinez, parce que Du domaine des Murmures, dans un registre silencieux et inhabituel, porte la ferveur à une altitude exceptionnelle.
Lyonel Trouillot, parce que La belle amour humaine fait dialoguer les cultures au plus près de leurs contradictions. Un seul regret: ce n'est pas son meilleur livre.
Bref, on pourra choisir n'importe qui chez Drouant pour succéder à Houellebecq, je serai plus satisfait que l'année dernière.
je partage exactement les même ressentis. j'aimerais beaucoup voir Sorj Chalandon ou Carole Martinez lauréat, je trouve que ce sont deux écrivains en devenir qui s'affirme. Du Domaine des Murmures nous montre une auteur pleine de promesse qui a encore beaucoup de récits à nous offrir, tandis qu'à mes yeux Retour à Killybegs est le meilleur livre de l'auteur.
RépondreSupprimeraprès l'évincement de Foenkinos (enfin ! j'ai eu peur un moment...), le plus prévisible est cependant Alexis Jenni. on parie ?
Je ne parierais pas. Le centenaire de Gallimard donne un léger avantage à Alexis Jenni et Carole Martinez, Sorj Chalandon pourrait recevoir le Grand prix du roman de l'Académie française ce jeudi, Lyonel Trouillot a pour lui son pays d'origine, Carole Martinez, d'être une femme (dans une balance où la littérature n'est pas la seule chose qui pèse), mélangeons tout cela, je ne sais pas trop ce qui va en sortir.
RépondreSupprimeroui, d'ailleurs, si je proposais les paris, ce sont bien sur les critères qui ne sont pas littéraires. mais effectivement, chacun possède leurs atouts, tant littéraires qu'externes, alors c'est difficile d'établir un gagnant (même si ces dernières années le nom du futur lauréat qui se disait dans le monde littéraire avant la proclamation du prix se révélait vrai : là, le jury a voulu surprendre en éliminant les deux favoris Carrère et Foenkinos, et il nous perd un peu...).
RépondreSupprimerla question que je me pose par rapport aux autres critères est la place qu'ils possèdent vraiment : parfois, j'ai l'impression qu'ils sont bien supérieurs au seul critère qui devrait valoir et qui est celui de la littérature (et dans ce cas, le prix n'a plus grande raison d'être...). c'est assez dommage.