Djaïli Amadou Amal s’était déjà imposée au Cameroun, son pays, grâce aux trois romans qu’elle y a publiés de 2010 à 2017. Mais, hors quelques spécialistes de la littérature africaine, qui la connaissait sous nos latitudes ? Le déclic s’est produit l’an dernier avec l’attribution du Prix Orange du livre en Afrique à Munyal, les larmes de la patience, son livre le plus récent, paru à Yaoundé aux Editions Proximité en 2017. Il vient d’être réédité par Emmanuelle Collas sous un autre titre : Les impatientes. Il ne passe pas inaperçu : finaliste du Goncourt, il a reçu le Goncourt des Lycéens.
Pour expliquer ce qu’est le roman, reprenons le premier mot du
titre original : munyal. Cela ne
nous disait rien avant la lecture, c’est bien entré (et ancré) maintenant tant il
est répété, en version originale ou en français, la langue d’écriture de Djali
Amadou Amal : patience. La plus grande vertu des femmes devant leurs
maris…
Elle est la conséquence des conseils qu’un père donne à sa fille quand elle se marie : « Ils ne se résumaient qu’à une seule et unique recommandation : soyez soumises ! » Tout accepter de l’époux, endosser la responsabilité de la réussite ou de l’échec du mariage. « Pour conclure, patience, munyal face aux épreuves, à la douleur, aux peines. »
Elles sont trois, les impatientes de la romancière :
Ramla, Hindou et Safira. Peu enclines à suivre les lois qui leur sont imposées,
rétives à rester à la place précise que la société musulmane définit pour
chacun – et encore davantage pour chacune. La révolte gronde en elles, les moyens
de l’exprimer sont limités et elles se heurtent au poids des traditions et aux habitudes
de la polygamie. « Souviens-toi que personne ne doit soupçonner ton
ressentiment. Personne ne doit deviner ton chagrin, ta rage ou ta colère.
N’oublie pas. Maîtrise de soi ! Sang-froid ! Patience ! »
La tante de Safira comprend ce qui bout à l’intérieur, mais les conseils sont
les mêmes que ceux d’un père.
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