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*Le verre du miroir est fait de ce même sable qui s’écoule dans le sablier
et sur lequel aussi sont bâties nos plus fières et glorieuses
civilisations.*
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dimanche 4 décembre 2016
dimanche 14 décembre 2014
4000 fois le journal de Spirou
Pour un hebdomadaire de bande dessinée, il s’agit d’une exceptionnelle
longévité : Spirou, qui a plusieurs fois légèrement modifié
son titre, a sorti cette semaine un numéro 4000 « collector » très particulier,
ainsi que très drôle. On vous en parle dans le détail, ainsi que d’une aventure
commencée en 1938.
On doit commencer la lecture par la dernière page, comme
lorsqu’on saisit, sur un présentoir, n’importe quel livre ou magazine, qu’on
retourne après avoir jeté un coup d’œil à la couverture. C’est de la folie. En
slip, Fantasio, debout sur l’escalier métallique de ce qui ressemble à un
hangar d’usine, avec à ses côtés Prunelle (rédacteur chez Spirou selon la
version gaffeuse imposée par Franquin dans Gaston),
gueule : « Attendez ! Rien
n’est prêt, ne… N’ouvrez surtout pas le rideau ! » Trop tard, un
vent sournois a déstabilisé nombre de personnages historiques du magazine et a
même importé, dans cette dernière page, un Tintin à qui quelqu’un demande :
« Qu’est-ce que vous fichez là,
vous ? »
Il faut savoir, en effet, que Spirou et Tintin, dans leurs
versions de magazines hebdomadaires, ont longtemps joué sur le même terrain et
se sont livrés à une féroce concurrence, procédant d’ailleurs, à la manière de
clubs de foot, à des transferts entre l’un et l’autre – parfois aussi l’autre
et l’un. Tintin, ou Le Journal de Tintin, est né en 1946. Le Journal de Spirou était publié depuis
huit ans déjà. L’un et l’autre ont connu des hauts et des bas. Mais Tintin a disparu en 1993 tandis que Spirou, en même temps que sort son
numéro 4000, peut annoncer un spécial Noël pour la semaine prochaine. Deux
destins paradoxaux pour des piliers de la presse magazine, puisque Tintin reposait sur le succès, toujours
d’actualité, d’un héros de bande dessinée présent dans le monde entier. Même si
Tintin au Congo, l’album, ne cesse
d’être mis en cause par des groupes antiracistes.
Revenons donc à nos moutons, et à Spirou, qui a vu naître et grandir une foultitude de personnages.
N’en citons que quelques-uns : Jean Valhardi en 1941, L’Epervier bleu
l’année suivante, Lucky Luke en 1947, puis Tif et Tondu, l’Oncle Paul et ses
belles histoires didactiques, Johan, Pirlouit et les Schtroumpfs, Buck Danny,
Gaston Lagaffe, Benoît Brisefer, etc. Le vivier de dessinateurs et de
scénaristes semble inépuisable : Jijé, André Franquin (un authentique
génie), Eddy Paape, Peyo, Derib, Morris, Raoul Cauvin, Maurice Tillieux, Marc
Wasterlain, Lewis Trondheim… La liste semble sans fin et on peut même y
inclure, grâce à l’audacieux supplément déjanté Le Trombone illustré, Gotlib, F’murr, Jean-Claude Mézières, Jacques
Tardi ou Enki Bilal – mais tous les lecteurs ne s’y sont pas retrouvés, dommage
pour eux.
La succession des rédacteurs en chef, qui ont tous un jour
ou l’autre été caricaturés dans Spirou,
correspond à des virages plus ou moins heureux. Mais le bateau vogue toujours
et Frédéric Niffle, qui tient le gouvernail depuis une demi-douzaine d’années, se
retrouve assez logiquement en personnage de bande dessinée dans ce numéro 4000.
Numéro présenté, donc, comme une catastrophe éditoriale pour
rire, c’est-à-dire que les créateurs ont laissé libre cours à leur fantaisie
pour reprendre, notamment, quelques héros emblématiques et leur offrir, très
provisoirement, une nouvelle vie. Double, même, pour Buck Danny qui se retrouve
face à lui-même à deux époques différentes. Le petit Spirou regrette d’avoir
grandi, cherche une potion magique pour rajeunir, et c’est le contraire qui lui
arrive. Marie Tombal, la sœur de Pierre Tombal, sévit dans un cimetière avec
l’aide d’assistants parfois inattendus. Les Tuniques bleues sont
méconnaissables. Un scénariste croit pouvoir se passer de son dessinateur. Un autre
dessinateur finit à la main ce qu’il avait commencé sur un ordinateur, et la
différence est sensible. Boule et Bill adoptent plusieurs styles. Spirou n’est
plus chez lui dans Spirou, et on
comprend son coup de déprime…
Mais le but, toujours le même (faire rire, parfois aux
éclats) est atteint, surtout bien sûr si on a été nourri au lait de cette bande
dessinée dite belge (mais aussi américaine, italienne ou française) qui a donné
tant de chefs-d’œuvre et dont la vitalité n’est pas éteinte. Ce numéro le
prouve, et tient même une promesse faite en 1976 dans le numéro 2000 avec une
double page reprenant les couvertures qui ont fait l’histoire du journal :
fournir la suite, à raison d’une couverture par millésime. Rendez-vous dans une
petite quarantaine d’année, au numéro 6000, pour une nouvelle livraison de ce
poster.vendredi 1 novembre 2013
Et alors, cet Astérix ?
Impossible de ne pas le voir, de ne pas en entendre parler, de ne pas croiser des avis divers, pour et contre, bref, impossible de l'ignorer. Et je ne dirai rien des chiffres annoncés pour le tirage. Ils sont monstrueux et constituent par eux-mêmes la meilleure promotion du nouvel album.
Astérix chez les Pictes, trente-cinquième aventure des irréductibles Gaulois, est-ce que ça vaut le coup?
Bon, ça dépend de ce qu'on cherche - un peu comme à chaque fois avec un livre, quel qu'il soit. Jean-Yves Ferri et Didier Conrad ont rempli leur contrat à la perfection s'il s'agissait de donner aux fans d'Astérix et Obélix une histoire et un graphisme qui ressemble à tout ce qui'ils ont déjà lu, aux meilleurs des 34 albums précédents. Il n'y a de surprises que minuscules, dans les détails, dans des jeux de mots nouveaux inspirés d'expressions que Goscinny et Uderzo ne pouvaient pas connaître. Buzz, bug ou l'énorme Afnor (celui-ci, si, il existe depuis longtemps) font quelques apparitions, et on se dit qu'Astérix est un peu comme un dictionnaire qui accueille, pour chaque millésime, des mots entrés récemment dans l'usage. Un reflet de l'air du temps, en somme.
Les gags récurrents n'ont pas été oubliés, le poisson est frais, le barde casse les oreilles, les Romains et les pirates se font démolir, le chef du village expérimente une technologie nouvelle et pas tout à fait au point, bref, on est en pays de (re)connaissance. Et c'est à partir de ces bases solides que l'on peut partir explorer la pays des Pictes, inventeurs des pictogrammes (leur usage, qui ne pouvait mieux tomber, est une des belles trouvailles de l'album) et grands consommateurs de l'eau de malt. Obélix ne supporte pas davantage, surtout en mangeant, les airs du barde picte que ceux du barde gaulois - celui du village où on vit en kilt s'appelle MacKeul et peut demander: "Quoi, MacKeul, qu'est-ce qu'il a, MacKeul?", d'autant que ses traits ne nous sont pas inconnus.
Le dosage entre les éléments de la tradition et les apports nécessaires à chaque nouvel album est très équilibré. En ce sens, Astérix chez les Pictes est une réussite. Quant à ceux qui espéraient une révolution, ils en seront pour leurs frais. C'était à prévoir: on ne modifie pas en profondeur une série de ce genre, surtout quand elle est aussi (surtout?) une extraordinaire machine à cash.
mercredi 3 avril 2013
samedi 1 mai 2010
Pocket BD : vous vouliez être libraire?
Pocket, c'est du poche (facile!). La collection se porte bien, et même très bien. Ce qui n'interdit pas ses têtes pensantes de chercher à innover, par exemple en publiant, depuis peu, des bandes dessinées. D'autres éditeurs l'ont fait et continuent à le faire, avec plus ou moins de bonheur. Ici, on a résolument choisi le terrain de la BD "adulte", dans un format qui respecte la mise en page de l'auteur.
J'ai lu les trois premiers titres. Je passe rapidement sur deux d'entre eux, vous comprendrez pourquoi j'ai envie de m'attarder sur le troisième.
Mon gras et moi, de Gally est une suite savoureuse d'anecdotes et de réflexions sur les kilos en trop, comment cela se gère ou pas en fonction du regard des autres et même du sien. Aurélia Aurita fait dans l'autofiction (pour Gally, je ne sais pas) avec Fraise et chocolat. Je ne voudrais pas être à la place de Frédéric, le personnage masculin de cette torride histoire de couple...
Et j'en viens à mon petit préféré, Moi vivant, vous n'aurez jamais de pauses ou comment j'ai cru devenir libraire, de Leslie Plée. Libraire, un beau métier, non? (Je réponds oui: les conditions dans lesquelles je l'ai pratiqué étaient presque idéales.)
Mais, dans une grande surface où ne comptent que le chiffre, le rendement, l'efficacité et ce genre de valeurs, c'est une véritable galère, que Leslie Plée raconte avec un humour corrosif. «Avant d'être ici, les chefs ont travaillé chez Carrefour, Mc Donald's, Kronenbourg (tout s'explique). Maintenant, ils vendent "du livre".»
Alors, libraire, non, ce n'est pas toujours un beau métier. On y trouve les mêmes conflits hiérarchiques qu'ailleurs, on n'a même pas le temps de lire, il faut fourguer des titres sans intérêt.
Mais cela fait une superbe bande dessinée, avec quelques planches supplémentaires pour l'édition de poche.
J'ai lu les trois premiers titres. Je passe rapidement sur deux d'entre eux, vous comprendrez pourquoi j'ai envie de m'attarder sur le troisième.
Mon gras et moi, de Gally est une suite savoureuse d'anecdotes et de réflexions sur les kilos en trop, comment cela se gère ou pas en fonction du regard des autres et même du sien. Aurélia Aurita fait dans l'autofiction (pour Gally, je ne sais pas) avec Fraise et chocolat. Je ne voudrais pas être à la place de Frédéric, le personnage masculin de cette torride histoire de couple...

Mais, dans une grande surface où ne comptent que le chiffre, le rendement, l'efficacité et ce genre de valeurs, c'est une véritable galère, que Leslie Plée raconte avec un humour corrosif. «Avant d'être ici, les chefs ont travaillé chez Carrefour, Mc Donald's, Kronenbourg (tout s'explique). Maintenant, ils vendent "du livre".»
Alors, libraire, non, ce n'est pas toujours un beau métier. On y trouve les mêmes conflits hiérarchiques qu'ailleurs, on n'a même pas le temps de lire, il faut fourguer des titres sans intérêt.
Mais cela fait une superbe bande dessinée, avec quelques planches supplémentaires pour l'édition de poche.
lundi 1 février 2010
Lire, écouter, voir: Zapculture, première

Je ne vous raconte pas tout ça pour étaler ma vie mais pour expliquer que, parfois, la radio me manque. Je me suis donc remis à utiliser les sons, et voici le premier numéro de Zapculture. Une promenade culturelle, forcément culturelle, à travers diverses émissions et d'autres sources disponibles. Faute d'avoir bien compris comment "podcaster" cette nouvelle production sur le blog (oui, je suis parfois limité), vous devrez la télécharger pour l'écouter. Le lien est celui que je viens de donner - l'image fonctionne aussi comme lien.
Les séquences n'étant pas commentées mais simplement collées les unes derrière les autres (et séparées par une ponctuation musicale), je fournis ici le contenu de la première "émission", avec quelques commentaires.
00'00"-00'25" - Indicatif. Francis Poulenc, Sonate pour flûte et piano. Extrait du disque Poulenc, moine ou voyou? Mathieu Dufour, flûte. Eric Le Sage, piano.

On le comprend rien qu'au rythme sur lequel est réalisée cette bande annonce: il s'agit ici moins d'une adaptation classique des aventures de Sherlock Holmes que d'une transposition fortement tirée du côté de l'action. Holmes et Watson sont relativement jeunes et ont les moyens de faire parler aussi leur force physique, bien qu'ils aient parfois devant eux une sorte de brute monstrueuse, homme de main de Lord Blackwood - le vrai méchant de l'histoire.
La reconstitution de Londres au 19e siècle est splendide. Je vous conseille tout particulièrement la scène où, à la fin, Holmes et Blackwood se retrouvent face à face sur le Tower Bridge alors en construction. C'est spectaculaire à souhait. Les qualités de Sherlock Holmes comme détective faisant appel à la déduction ne sont pas pour autant oubliées.
Le film sort cette semaine à Paris et sera disponible le 9 juin en DVD.

Exemple avec le cahier livres de Libération, où les journalistes ont réalisé, comme chaque année, un "Spécial BD". La conception de ce supplément nous est proposée dans un résumé sonore de la réunion de rédaction au cours de laquelle les sujets sont proposés et débattus.
Parmi les auteurs mis en évidence, Bastien Vivès a bénéficié d'un traitement privilégié.
La rubrique Sous les couvertures est hebdomadaire et l'article d'Eric Loret consacré à Bastien Vivès est disponible ici.
03'38"-04'40" - La disparition de J.D. Salinger a évidemment été évoquée dans de nombreuses émissions culturelles. Même dur Europe 1, dans On va s'gêner, qui ne mérite peut-être pas d'être rangée exactement dans cette catégorie. Je vous épargne le lancement du sujet, avec une question de... culture générale, comme on dit. Et, dans le brouhaha qui caractérise souvent le plateau rassemblé autour de Laurent Ruquier, je n'ai pas bien compris qui, ici, parle de Salinger. Mais la fin de l'extrait est faite pour appeler le début du suivant.
04'40"-05'59" - Frédéric Beigbeder, dans Tout arrive (France Culture), était interrogé par téléphone à propos du grand écrivain américain.

07'26"-11'13" - Dans Le rendez-vous (France Culture), Florence Rawlings interprète même une chanson, et le son est aussi bon que la musique.
11'13"-11'24" - Indicatif de fin. Ce sera tout pour aujourd'hui.
mercredi 28 octobre 2009
Par Toutatis, Astérix & Obélix ont 50 ans!

Cinquante ans, ça se fête, surtout quand on est les héros les plus populaires de la Gaule (presque) romaine. En réalité, l'anniversaire, c'est demain - mais je prévois déjà d'avoir d'autres choses à faire pendant cette journée. Donc, j'anticipe d'un jour. Et pourquoi pas, puisque le nouvel album, le trente-quatrième, est déjà sorti depuis presque une semaine?
L'anniversaire d'Astérix & d'Obélix: Le livre d'or, un titre qui n'est pas porté par une imagination débordante (d'accord, mon titre, mais je n'ai jamais prétendu m'appeler Uderzo), donne le "la". Une note un peu poussive, qu'il fallait pousser, l'occasion faisant le larron (écoutez le bruit des tiroirs-caisses dans les librairies et tout ce qui y ressemble, l'album entrant en première place des meilleures ventes de Livres Hebdo dès cette semaine).
On y trouve une, disons deux, bonnes idées. La seconde étant d'ailleurs une fausse bonne idée.
Je m'attarde donc sur la première. Elle tient en quatre planches d'ouverture. Nous sommes cinquante ans après la naissance d'Astérix et Obélix. Bon, et alors? C'est un anniversaire, non? Oui, mais il est de tradition que ce type de héros de bande dessinée ne vieillit jamais. Or, ici, ils portent le poids des cinq décennies passées. La palissade qui protège leur célèbre petit village est en ruines. Le chef recourt à un subterfuge pour quitter le foyer conjugal et aller s'enfiler des cervoises avec ses potes. Quant à Astérix et Obélix, j'ose à peine vous en parler. D'ailleurs, quand le responsable de leur vieillissement vient les trouver, l'air réjoui d'avoir eu cette bonne idée, il se fait tamponner d'allure par un Obélix qui n'a rien oublié de ses talents les plus percutants.
Fin de la première idée. Début de la seconde (la fausse bonne). Que feriez-vous, vous, pour l'anniversaire de deux amis? Organiser une fête? Bien sûr. C'est prévu. Offrir des cadeaux? Évidemment, c'est au programme. Mais encore? Inviter tout le monde, faire la surprise à Astérix et Obélix, et surtout à leurs lecteurs, de retrouver les principaux protagonistes des albums précédents. C'est là où, devant l'ampleur de la tâche, un petit coup de blues, ou de paresse, s'est emparé d'Uderzo. Il reprend des cases d'anciens albums, illustre des pages entières inspirées de tableaux classiques, repique à gauche et à droite pour accumuler une matière très moyenne.
Dommage.
Mais Astérix et Obélix en ont vu d'autres, ils survivront. Et nous aussi.
vendredi 1 mai 2009
Aux temps de la grippe
Méfiance, la grippe... euh... porcine? mexicaine? nord-américaine? non, la grippe A(H1N1), a finalement décidé l'Organisation mondiale de la santé, est à nos portes.
Elle fait furieusement penser à la plus grande pandémie qui ait touché, pour autant qu'on s'en souvienne, l'humanité: la grippe espagnole de 1918 dont les victimes, par dizaines de millions, se sont ajoutées à celles de la Grande Guerre.
C'était déjà, comme pour ces policiers de Seattle en 1918, le temps des masques. Et Apollinaire, comme beaucoup d'autres moins connus, mourut...
Il y a six ans, non, ce n'est pas nouveau, mais l'actualité impose d'y revenir, Appollo au scénario et Huo-Chao-Si avaient publié une bande dessinée en tous points remarquable: La grippe coloniale. 1. Le retour d'Ulysse. Cette année-là, l'album avait reçu le Prix des critiques de bande dessinée - en Métropole, comme il faut dire quand on sait que les deux auteurs vivent à la Réunion.
J'avais rencontré Huo-Chao-Si.
"On peut voyager en Métropole une ou deux fois par an, pour se rendre à autant de festivals, me disait-il. Là, on rencontre les gens de la profession, on noue des contacts. Bien sûr, ce prix a été une surprise pour nous. Mais il est aussi la preuve qu’on peut faire de la bande dessinée même si on est loin du lieu où elle est publiée. Certains arts impliquent beaucoup de moyens. On ne devient pas, par exemple, un grand réalisateur de cinéma du jour au lendemain, parce que cela coûte beaucoup d’argent et qu’il faut faire ses preuves petit à petit. Pour la bande dessinée, c’est plus simple. Quand un éditeur décide de publier un album, la suite devient l’affaire du public, de la critique…
La grippe coloniale est la première partie d’une histoire en deux volumes. "Je suis en retard, mais le deuxième sortira cette année", ajoutait Huo-Chao-Si (en 2004 - on attend toujours). Projet ambitieux, plus de cent planches pour raconter la Réunion au moment où reviennent les combattants de la Grande Guerre, dans un état d’esprit situé quelque part entre désir de reconnaissance et désillusion. Le dessinateur reconnaît l’avantage de travailler en véritable symbiose avec un scénariste qu’il connaît depuis longtemps. Ils étaient encore lycéens, ils avaient fondé avec quelques autres Le cri du Margouillat, un fanzine, et au moment où je bavardais avec Huo-Chao-Si, ils se téléphonaient plusieurs fois par jour. De sorte que leur complicité est totale et que le résultat s’en ressent – pour le meilleur.
On verra si le deuxième volume sort un jour - je suppose que oui, j'avais vu les planches déjà bien avancées. On peut en tout cas revenir vers le premier album pour retrouver l'ambiance d'une île sur laquelle tombe, en même temps que le retour des combattants, la grippe espagnole qu'ils importent bien malgré eux...
En réalité, tous les livres qui parlent de la fin de 1918, pour autant qu'ils se veuillent un peu réalistes, doivent tenir compte de cette grippe espagnole omniprésente: un milliard de malades en quelques mois, cela ne passe pas inaperçu.
L'écrivain américain Dennis Lehane ne l'oublie pas dans un polar traduit cette année, dont dont le monde dit le plus grand bien mais que je n'ai malheureusement pas lu. Un pays à l'aube se passe à Boston fin 1918, précisément. Il n'est pas question que de l'épidémie. Celle-ci s'ajoute à une époque troublée dans laquelle la fin de la guerre, le syndicalisme et le terrorisme jouent un rôle.
Petite précision: je n'écris pas cette note pour vous faire peur. Seulement pour vous faire lire...
Elle fait furieusement penser à la plus grande pandémie qui ait touché, pour autant qu'on s'en souvienne, l'humanité: la grippe espagnole de 1918 dont les victimes, par dizaines de millions, se sont ajoutées à celles de la Grande Guerre.


J'avais rencontré Huo-Chao-Si.
"On peut voyager en Métropole une ou deux fois par an, pour se rendre à autant de festivals, me disait-il. Là, on rencontre les gens de la profession, on noue des contacts. Bien sûr, ce prix a été une surprise pour nous. Mais il est aussi la preuve qu’on peut faire de la bande dessinée même si on est loin du lieu où elle est publiée. Certains arts impliquent beaucoup de moyens. On ne devient pas, par exemple, un grand réalisateur de cinéma du jour au lendemain, parce que cela coûte beaucoup d’argent et qu’il faut faire ses preuves petit à petit. Pour la bande dessinée, c’est plus simple. Quand un éditeur décide de publier un album, la suite devient l’affaire du public, de la critique…
La grippe coloniale est la première partie d’une histoire en deux volumes. "Je suis en retard, mais le deuxième sortira cette année", ajoutait Huo-Chao-Si (en 2004 - on attend toujours). Projet ambitieux, plus de cent planches pour raconter la Réunion au moment où reviennent les combattants de la Grande Guerre, dans un état d’esprit situé quelque part entre désir de reconnaissance et désillusion. Le dessinateur reconnaît l’avantage de travailler en véritable symbiose avec un scénariste qu’il connaît depuis longtemps. Ils étaient encore lycéens, ils avaient fondé avec quelques autres Le cri du Margouillat, un fanzine, et au moment où je bavardais avec Huo-Chao-Si, ils se téléphonaient plusieurs fois par jour. De sorte que leur complicité est totale et que le résultat s’en ressent – pour le meilleur.
On verra si le deuxième volume sort un jour - je suppose que oui, j'avais vu les planches déjà bien avancées. On peut en tout cas revenir vers le premier album pour retrouver l'ambiance d'une île sur laquelle tombe, en même temps que le retour des combattants, la grippe espagnole qu'ils importent bien malgré eux...

L'écrivain américain Dennis Lehane ne l'oublie pas dans un polar traduit cette année, dont dont le monde dit le plus grand bien mais que je n'ai malheureusement pas lu. Un pays à l'aube se passe à Boston fin 1918, précisément. Il n'est pas question que de l'épidémie. Celle-ci s'ajoute à une époque troublée dans laquelle la fin de la guerre, le syndicalisme et le terrorisme jouent un rôle.
Petite précision: je n'écris pas cette note pour vous faire peur. Seulement pour vous faire lire...
mercredi 21 janvier 2009
L'essentiel de la BD

Enfin, peut-être pas dans l'immédiat, tant il y a de livres à découvrir en ce mois de janvier qui sent si fort la rentrée littéraire que cela donne parfois envie de s'en évader - avec de la BD, par exemple.
Le choix de Christophe Quillien est rangé par ordre chronologique, de Mc Nay pour Le grand livre des rêves paru en 1905 jusqu'à Emile Bravo, dernier dessinateur en date de Spirou et Fantasio avec Le journal d'un ingénu, paru l'en dernier.
Entre les deux, il y a... beaucoup d'autres albums (100-2=98, pour être précis), avec des noms qui reviennent plusieurs fois.
Dans ce peloton de tête, Franquin domine la situation: il est cité à quatre reprises. En 1952, La corne de rhinocéros, une des aventures de Spirou et Fantasio qu'il a dessinées pendant vingt ans. En 1969, Lagaffe nous gâte, un hymne joyeux à la nonchalance et à l'imagination. En 1976, L'Astragale de Cassiopée, avec Will, Macherot et Delporte, tous les papas d'Isabelle. Et, en 1977, les Idées noires, qui dévoilait sa face sombre et torturée.
Avec trois mentions, ce qui n'est pas mal non plus, Pierre Christin (Valérian, Légendes d'aujourd'hui et Le long voyage de Léna); Jean Giraud, sous son nom pour Blueberry, sous le pseudonyme de Moebius pour Arzach et Major fatal; Hergé, bien sûr, avec un choix de trois albums de Tintin; Jacques Tardi que l'on retrouve dans quelques-unes de ses plus belles créations, Adèle Blanc-Sec, Brouillard au pont de Tolbiac et C'était la guerre des tranchées (j'en aurais bien ajouté deux ou trois, personnellement); enfin, le seul scénariste de cette bande, Jean Van Hamme qui a fait beaucoup pour le succès de Thorgal, XIII et Le grand pouvoir du Chninkel.
A peu près tous les dessinateurs que vous aimez sont là, rassurez-vous. Il y a même quelques mangas - pas beaucoup, l'auteur s'en explique et j'aurais fait pareil, je ne peux donc le lui reprocher.
Comme il faut bien, quand même, marquer de temps à autre son désaccord, je ne m'explique pas l'absence du Peyo des Schtroumpfs et de Johan et Pirlouit (et non, ce n'est pas parce qu'un de mes frères les a dessinés pendant plusieurs années). Ni celle du sulfureux Manara. Mais admettons que Philippe Geluck (Le chat), ce ne soit peut-être pas tout à fait de la bande dessinée, encore que...
jeudi 15 janvier 2009
Fins de séries et suites

Un de mes frères a une fille qui était âgée de huit ans à la sortie de Harry Potter et les reliques de la mort. C'est une grande lectrice et sa mère est américaine. Quand même: j'ai été impressionné quand, après avoir fini de tout lire en français, elle a recommencé... en anglais!
Je ne suis pas certain que la parution des Contes de Beedle le barde l'ait consolée de ce que J.K. Rowling l'ait un peu laissée orpheline.
Je fais un pari peu risqué: les prochaines rééditions de ces livres porteront le titre du film, puisque Twilight participe pour une bonne part à la relance de Stephenie Meyer.
Cette histoire d'amour où intervient un vampire, née d'un rêve fait par la romancière, s'est révélée porteuse de succès - plus de 30 millions d'exemplaires vendus.
Mais... cette série est aussi terminée. Le cinquième volume, bien que prévu, ne paraîtra pas.
Il faudra donc que la fille de mon frère trouve autre chose.

Au contraire des diamants, Uderzo n'est pourtant pas éternel. Il aura 82 ans cette année et la question de sa succession se pose. Le groupe Hachette, qui a racheté en décembre la majorité des parts de l'éditeur Albert-René (il publiait les albums depuis 1979), annonce qu'Astérix survivra à son créateur.
Encore que...
Sylvie Uderzo, une des filles du dessinateur, s'élève dans Le Monde contre ce projet. Membre du célèbre et irréductible petit village gaulois, nourrie à la potion magique depuis l'enfance, elle fait de la résistance contre, dit-elle, les pires ennemis d'Astérix: les hommes de l'industrie et de la finance. Et revendique la fin d'Astérix le moment venu, quand son père aura disparu - à la manière de Tintin, mort avec Hergé. Et pourtant toujours vivant, paradoxe d'une œuvre qui, interrompue ou poursuivie, reste actuelle.
Alors, suite ou non?
La question me gêne un peu. Après tout, Uderzo est toujours vivant, et voilà que l'on danse déjà sur sa tombe...
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