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jeudi 30 mai 2013

La cage de verre de Nicolas Ancion à New York

En mars 2010, Nicolas Ancion avait écrit un roman à la Foire du Livre de Bruxelles. Délai: 24 heures. Il m'avait expliqué son projet, je l'avais suivi de près, j'avais consacré une dizaine de notes de blog à l'aventure. Il y a quelques heures (15 heures, me dit Twitter), je lui disais que, cette fois-ci, puisqu'il a recommencé - mais à New York -, je n'aurais pas le temps de l'accompagner de la même manière. Non pas à cause de la distance, puisque tout se passe en direct via Internet, mais tout bêtement à cause du boulot que j'avais aujourd'hui. Je n'ai pu lui poser qu'une question, en cours de route: combien de signes veux-tu avoir écrit à la fin de ces 24 heures? De 72.000 à 100.000 m'a-t-il répondu - c'est le format de la collection dans laquelle le livre doit paraître. En attendant, et puisqu'il vient, au moment où j'écris ceci, à quelques minutes du deadline fixé pour la performance, taper le mot "FIN", je peux quand même lui consacrer quelques instants - on peut lire le texte dans l'état où il se trouve et on pouvait suivre son évolution depuis le début.
La légende simenonienne prétend que le créateur de Maigret a un jour accompli cet exploit au milieu d'un grand magasin, enfermé dans une cage de verre pour que tout le monde puisse le voir travaillé. La légende a tort (même si quelqu'un d'autre s'y était mis), mais la légende est quand même utile. La cage de verre supposée de Simenon, c'est la Toile aujourd'hui. Et, si on a moins vu Nicolas Ancion à New York, il a quand même fait une apparition vers le milieu de travail de forçat.

Owly Images

Présent sur Twitter, tapant son texte d'un doigt, buvant d'une main, s'observant du coin de l’œil, et postant ses tweets avec, je suppose, le nez (et facebookant donc avec les oreilles), Nicolas n'a pas cessé de donner de ses nouvelles. On a pu le suivre d'un lieu à un autre, de la Bibliothèque du FIAF au Salon Book Expo America (BEA, comme dit Publishers Weekly), où le voici.


Il est presque 23 heures à Madagascar, 16 heures à New York, je vais faire comme Nicolas, lâcher mon texte - il m'a coûté beaucoup moins d'efforts, et je salue le vainqueur du marathon, sans adversaires car personne d'autre n'était en mesure d'accomplir ce tour de force.

jeudi 13 octobre 2011

Nicolas Ancion enflamme le bassin sidérurgique liégeois

Nicolas Ancion s’attaque à forte partie. Il prend en otage le roi de l’acier en personne, Lakshmi Mittal, l’authentique milliardaire jeté dans un roman comme un vulgaire héros de fiction, ballotté entre une fausse interview et un véritable emprisonnement, placé face à l’amoralité du capitalisme qu’il pratique sans souci de ses employés. Il fallait un culot certain pour entreprendre un tel livre. Il y fallait aussi le talent nécessaire à rendre crédible une improbable aventure parsemée d’hypothèses farfelues et d’événements pittoresques. Le pari était pour le moins risqué. A l’arrivée, pourtant, il est gagné. Sur le rythme d’un thriller pendant lequel on n’aura pas eu le temps de respirer, l’emblématique patron indien s’est presque fait oublier pour devenir plus humain. Cela aussi, c’était improbable…
La colère de Nicolas Ancion aura été bonne conseillère. Le bassin liégeois d’une industrie sidérurgique plusieurs fois sinistrée (jusqu'à ces jours-ci, puisque les hauts-fourneaux, on vient de l'apprendre, vont s'y éteindre définitivement) offre à ses épanchements un décor post-moderne dans lequel un artiste d’avant-garde tente, pour un maigre enjeu – une nomination de professeur qu’il n’obtiendra même pas –, de remuer ciel et terre. Tout cela peut sembler disproportionné. Mais, quand l’espoir est cantonné dans un passé par lequel sont passées des crises économiques et de grosses prises de bénéfices, il ne reste plus qu’à entreprendre des actions hors normes.
Les héros de L’homme qui valait 35 milliards n’ont pas l’envergure de leurs ambitions. Ils sont pathétiques même si leurs gesticulations engendrent la sympathie. Le côté Robin des Bois fait toujours recette, y compris auprès des coulées continues. Mais: «Allez, franchement, Richard, tu croyais que tu pouvais changer le destin? Qu’il suffisait de deux types comme vous pour changer la course du monde?» Le combat semble bien perdu d’avance. Ce qui est peut-être une raison de plus pour s’y investir.
Avec ses armes de romancier, Nicolas Ancion a malgré tout les moyens de changer quelque chose dans la marche de l’époque. Dans sa mésaventure, le richissime industriel Indien aura connu, après la colère, la honte et bien d’autres sentiments désagréables, un moment de compassion. Cet éclair de lumière dans un univers plutôt sombre valait bien les détours pour y arriver. Il n’est pas le seul bonheur à survenir dans le récit. Les autres étaient moins imprévisibles et on sentait venir, le cœur serré comme devant un mélo, une des fins du livre. Car il y en a plusieurs, pour chacun des nombreux acteurs d’un roman aussi grave que burlesque – autre équilibre périlleux, autre réussite.
Si l’on voulait émettre à tout prix un (léger) reproche, il parlerait d’un excès de retenue dans l’écriture. Si Nicolas Ancion se lâche dans les situations, dont certaines donnent lieu à des morceaux de bravoure, la langue reste sagement organisée. Un peu de sauvagerie aurait été bienvenue, surtout quand il s’agit de transgresser la loi. Car, somme toute, c’est un enlèvement, même s’il ne se veut pas bien méchant. La revendication sociale et le geste artistique font un ménage douteux, mais qui incite à tourner les pages.
On se demandera maintenant, après la lecture, si l’intrusion sur le terrain romanesque, à son corps défendant, d’un célèbre homme d’affaires plaira à celui-ci. Après tout, le nom et la fonction ne sont peut-être que de pures coïncidences, comme l’explique un avertissement utile pendant les quelques secondes passées sur cette page – et puis, on l’oublie, bien sûr. Pour y revenir ensuite: «Parfois, on aimerait que les histoires qu’on invente ne soient pas de pures fictions.» Et si c’était vrai?

lundi 8 mars 2010

Zapculture : la France a-t-elle peur?

Au moment où je rédige ceci, la cérémonie des Oscars n'est pas terminée, peut-être vous donnerai-je quelques nouvelles tout à l'heure...
Mais l'actualité culturelle n'est pas en pause pendant cette soirée chic, et voici quelques échos glanés pendant la semaine. Vous les entendrez en chargeant le fichier mp3 vers lequel vous conduit le casque d'écoute...

Après l'indicatif (00'00"-00'25"), je vous propose quinze secondes d'un étrange bégaiement. Elles sont extraites d'un célèbre journal télévisé ouvert, le 18 février 1976, par ces mots que Roger Gicquel martela plusieurs fois: "La France a peur." Roger Gicquel vient de mourir (Patrick Topaloff aussi, me dit-on), cette affirmation assez stupide reste dans certaines mémoires. J'ai, bien entendu, pour en renforcer l'effet, coupé tout ce qui dépassait dans les trois premières minutes de ce journal.

Samedi soir, c'étaient les Victoires de la musique. Pour le palmarès complet, je vous renvoie à votre site d'informations préféré. Vous n'ignorez probablement pas que Benjamin Biolay a été un des grands vainqueurs de ce palmarès et que son dernier album, La superbe, a été élu le meilleur de l'année. Ce n'est donc plus, forcément, une nouveauté. Mais cela fait toujours du bien d'en écouter quelques notes, enregistrées en public samedi et introduites par Michel Drucker (00'43"-02'36").

Vous avez remarqué aussi, surtout si vous fréquentez ce blog, que la Foire du Livre de Bruxelles battait son plein. Ce sera encore le cas aujourd'hui, avant de fermer ses portes. J'ai d'ailleurs encore deux invités à vous proposer tout à l'heure. Mais je reviens, avec le journal télévisé de la RTBF vendredi soir, sur la performance de Nicolas Ancion. 24 heures d'écriture résumées en deux minutes (02'36"-04'47") pour l'écriture d'Une très petite surface que ce lien vous permet de télécharger et de lire.

Parmi les nombreux invités passés par Bruxelles à l'occasion de cette Foire, je retiens quelques mots de Dany Laferrière, l'écrivain canadien d'origine haïtienne qui se trouvait à Port-au-Prince au moment du tremblement de terre de janvier. Il parle de son dernier livre dans Le monde est un village (RTBF) et plus particulièrement, dans l'extrait choisi pour vous (04'47"-06'50"), du thème de l'exil. Vous vous en souvenez peut-être, L'énigme du retour, magnifique roman écrit en grande partie sous forme de poème, a reçu le prix Médicis en novembre...

Patrick Modiano n'était pas à la Foire du Livre. Il a quand même donné pas mal d'interviews à la sortie de son nouveau roman, L'horizon. Notamment pour l'émission de RTL, Laissez-vous tenter. Je le retrouve tel que je l'ai rencontré par deux fois pour deux longs entretiens, la première fois pour Le Soir, la seconde pour le Magazine littéraire. J'en ai malheureusement égaré les textes, et je le regrette vivement. Mais j'ai le souvenir très précis de ses hésitations, de sa quête toujours difficile du mot juste, de sa grande taille qui semble le gêner, de sa timidité, de sa gentillesse. Écoutez-le, vous ne le regretterez pas (06'50"-08'10").

La semaine dernière, le 2 mars précisément, il y avait dix-neuf ans que Serge Gainsbourg était mort. TV5 a eu la bonne idée de proposer une émission spéciale où des chanteurs appartenant à la génération actuelle reprenaient certaines de ses chansons.
Pour finir en beauté, voici le début de La javanaise, version Emilie Simon (08'10"-10'05").

Vous voyez? Au fond, la France n'a pas peur. Même si Jacques Audiard n'a pas reçu l'Oscar du meilleur film étranger. (On attend toujours le verdict pour le meilleur film et le meilleur réalisateur, dont je continue d'espérer qu'elle sera une réalisatrice, ce serait justice pour la journée de la femme - non, pas pour la journée de la femme, simplement parce que Démineurs est mon choix, loin devant Avatar.)

vendredi 5 mars 2010

24 heures plus tard...


Nicolas Ancion l'a fait, et j'ai donc craqué à quelques paragraphes de la fin. (Voir les épisodes précédents, si vous tombez sur cette note sans savoir de quoi il s'agit.)
Au dernier moment, le titre a changé, je le découvre donc au milieu de la nuit. C'est devenu Une très petite surface et la fin, avec des chapitres de plus en plus courts... je ne la raconterai évidemment pas pour ne pas gâcher le plaisir.
Maintenant, comme il le dit à la fin de son texte, l'écrivain va se reposer avant de passer au stade des corrections. Il a "pondu", si vous me permettez l'expression, à flux tendu un récit qui tient la route sans être forcément exceptionnel. Mais plaisant.
Sur la page du Soir où le roman était publié en ligne et au fur et à mesure de sa rédaction, certains lecteurs s'interrogent sur l'utilité de cette démarche. J'ai envie de dire qu'elle est en effet totalement inutile - et donc belle. Du moins ceux qui ne râlaient pas ont-ils pu suivre un exercice de création en direct, ce qui n'est pas rien.
A ma modeste mesure, publiant mes commentaires en direct, j'aurai peut-être montré un peu le fonctionnement d'un lecteur, dont la pensée prend parfois des chemins différents de celui de l'écrivain.
Et, maintenant, je vais passer à d'autres acteurs de la Foire du Livre de Bruxelles, dont je rappelle qu'elle est ouverte jusqu'à lundi.

P.S. Je n'ai pas eu le temps de demander à Philippe Meurisse, l'auteur de la photo ci-dessus, l'autorisation de l'utiliser. J'espère qu'il ne m'en voudra pas.

jeudi 4 mars 2010

Dernière ligne droite pour Nicolas Ancion

C'est presque fini. Il y a une chute, si j'ose dire...
Reste à boucler, probablement, peut-être à peaufiner l'un ou l'autre passage, si Nicolas Ancion en trouve encore le courage aujourd'hui.
De mon côté, je craque, je vais m'étendre et, probablement, m'endormir très vite.
Je ferai le bilan de cette histoire demain, très tôt.
Bonne nocturne pour ceux qui dont à la Foire, bonne conclusion pour Nicolas, et bravo!

Foire du Livre : Nicolas Ancion parle aux lecteurs

Même en direct, avec je ne sais combien de personnes qui lisent par-dessus l'épaule, l'écriture reste un exercice solitaire. Alors, Nicolas Ancion, probablement fatigué à cette heure-ci (on le serait à moins), lâche de temps en temps le fil de son roman, poste quelques phrases sur Facebook, 140 signes sur Twitter, pratique même, dans son manuscrit, l'incise à destination immédiate de ceux qui le suivent.
A la fin du chapitre 7, on lit ceci: "Moi aussi, tout compte fait. Je voulais marquer une pause ici et avaler un café mais je m'évaderai plus tard. Il est temps de passer au chapitre suivant. Pour ceux qui en ont envie ;-)"
Outre l'allusion à son évasion manquée, il semble vouloir, lui aussi, savoir ce qui se passe à ce moment de son roman, comme si les événements l'avaient dépassé lors de la conférence de presse qu'il relate.
Il reste à renouer les fils qui se sont un peu distendus. Comme il vient de me l'écrire (alors qu'il n'a pas encore lu cette note): "encore pas mal de route à faire, il reste moins de six heures pour arranger tout ça... A l'attaque du ch8".
Bon, on n'a pas fini...

Foire du Livre : Nicolas Ancion sous la pression des journalistes

"Tandis que les équipes télévisées installent leurs caméras sur pieds, qu'on dépose les micros et les enregistreurs tout au bord de la table"... on ne sait plus s'il s'agit encore du roman de Nicolas Ancion ou de la réalité qui entoure celui-ci, puisque, alors que cette phrase est une des dernières qu'il vient d'écrire, sur Twitter, il dit: "3e équipe de tournage en moins d'une heure, je suis dans la peau d'Amélie Nothomb qui aurait remplacé les fruits pourris par du café".
Du coup, il le craignait un peu - et moi avec lui -, le rythme s'est sensiblement ralenti (tandis que j'en profitais lâchement pour faire une petite sieste).
On est, au septième chapitre, dans le ventre mou du récit. Une prise d'otage, ça peut durer longtemps et paraître interminable. Celle-ci, du moins, ne se prolongera pas au-delà de 21 heures, aujourd'hui.
Il reste à attendre le coup de théâtre. Il viendra peut-être du conseil d'administration du géant de la distribution en crise ou, plus probablement, du magasin, lieu de l'action principale.
Le contrat passé avec lui-même par Nicolas Ancion est, de toute manière, presque rempli: avec plus de 55.000 signes pour 60.000 annoncés, il pourrait presque finir en roue libre. Je le somme solennellement de n'en rien faire. Ses lecteurs, qu'il félicite pour leur ténacité, ont droit à quelques péripéties encore!

Foire du Livre : Nicolas Ancion à mi-parcours

Dans une heure environ, la Foire du Livre ouvre ses portes. Nicolas Ancion, qui planchera alors depuis treize heures sur son roman, pressent que ce sera un moment difficile. "Ce qui sera vraiment dur, ce sera le public qui pose des questions et les interviews aussi", confiait-il sur Facebook un peu plus tôt.
D'autant que Carrefour dangereux, titre toujours provisoire, a atteint un point stratégique. Au fond, le gérant du supermarché et ses employés sont plutôt satisfaits de l'intrusion de Michel et son fils, moins dangereux en apparence qu'il y semblait tout à l'heure. (Et même si ça peut encore déraper.) Les otages sont consentants et voient dans la situation une belle occasion d'attirer sur eux et sur leur emploi devenu précaire les feux des projecteurs.
Ma connexion n'est pas très solide pour l'instant, je ne parviens pas à recharger la page aussi souvent que je le voudrais, mais je vous tiens au courant...
Et n'oubliez pas cet avertissement que l'écrivain a sagement posé avant le début de son texte: "Avant de vous lancer dans la lecture de ce manuscrit foutraque, n'oubliez pas que c'est un texte en cours de rédaction, je ne prétends certainement pas qu'il est abouti ou achevé."

Foire du Livre : l'otage Nicolas Ancion

Les méchants sont dans la boutique, le commissaire Garot est impuissant et les journalistes rappliquent. Quant au personnel de la grande surface, à défaut de recevoir des lettres de licenciement collectif, il a été pris en otage. Et, à l'heure où je vous écrit, les choses ne se passent pas trop bien: deux employées couvertes de sang viennent de passer le nez à la porte...
Otage, Nicolas Ancion l'est aussi. Même s'il n'y a pas de huissier pour vérifier qu'il travaille, ni de caméra de surveillance pour le voir faire ses mouvements de décontraction, les signes qu'il accumule (j'en compte 42.058, enfin, c'est le logiciel qui compte) sont scrutés, j'imagine, par quelques lecteurs - outre votre serviteur. Otage de lui-même et de ce roman à terminer en 24 heures chrono. Il voulait 60.000 signes, il les dépassera largement. Mais, comme il l'écrivait tout à l'heure, le véritable problème consistera à maîtriser le récit.
Tous n'apprécient pas, lis-je dans les commentaires publiés sur la page du Soir consacrée à la performance. Ma foi, c'est bien leur droit. Et de le dire aussi. Mais personne ne les empêche d'aller voir ailleurs. Pour ma part, en raison probablement d'un goût ancien de la compétition qui ne m'est pas complètement passé, j'apprécie l'audace de l'entreprise, et le zeste de folie qui l'accompagne. Comme je l'accompagne...

Foire du Livre : le quatrième chapitre est un carrefour

Je profite de ce que Nicolas Ancion est parti faire un jogging pour voir où il en est, dans un quatrième chapitre important: on s'y trouve sur ce qui devrait être le lieu principal de l'action, un grand magasin destiné à disparaître.
Le titre, qui a changé entretemps, commence à prendre une signification directement liée à l'actualité sociale belge: Carrefour dangereux. Je le sentais venir, et je crois que je ne m'étais pas trompé.
En revanche, Éric Lange, dont je parlais dans ma note précédente, n'a pas dans le roman la place que je pensais. Après quelques lignes, il disparaît: "Il sortit de la pièce et de ce roman comme il y était entré, un peu par accident."
Jolie pirouette qui prouve que tout n'est pas fixé avant l'écriture. Comme cette phrase qui, elle, entrouvre une porte dont on ne sait si elle débouchera, on non, sur quelque chose d'essentiel: "Reste à voir si ce détail a la moindre importance pour la suite de cette histoire."
Vous le saurez en lisant la suite de ce compte-rendu rédigé en même temps que Nicolas Ancion écrit son roman en vingt-quatre heures à la Foire du Livre de Bruxelles.

Foire du Livre : le roman social selon Nicolas Ancion

Deux chapitres bouclés, un troisième entamé, un titre provisoire... Comme je ne parviens pas à déchiffrer le plan que Nicolas Ancion a préparé avant de commencer, je ne suis pas certain de la direction qu'il prend.

Mais je peux faire quelques suppositions. Après le succès de L'homme qui valait 35 milliards, après un deuxième chapitre situé en partie - et en vain - dans une agence d'intérim, un autre roman social pointe le bout du nez. Impression renforcée par le titre provisoire, En plein milieu du carrefour - pas très excitant, ce titre, j'imagine que Nicolas en est conscient et trouvera autre chose mais, de carrefour à Carrefour, il n'y a qu'une capitale pour orienter vers un autre désastre social.
Pendant que j'écrivais ceci, le troisième chapitre a avancé. Le père et le fils, à défaut du bureau de poste qui n'existe plus, sont quasiment décidés à braquer une banque. Dont sort, malheureusement pour lui sans doute, et ce devrait être la preuve que le tabac est mauvais pour la santé, Éric Lange...

Foire du Livre : vivre connecté

C'est du sport, apparemment, l'écriture d'un roman en 24 heures. Une vidéo a été mise en ligne où l'athlète éprouve quelques difficultés à trouver le fichier sur lequel il travaille. Mais il y est arrivé, comme je suis arrivé à ouvrir la page du Soir...


Et Nicolas Ancion a mis en route un deuxième chapitre qui commence fort. Le gangster et le commissaire sont face à face, une vitre les sépare.
Le montage est fait sans transition, cela me manque un peu (la transition), attendons la suite...
De mon côté, je laisse Nicolas avancer, pour dormir une heure ou deux.
A tout à l'heure.

Foire du Livre : le beau début de Nicolas Ancion

Plus tard, je verrai peut-être (comme vous?) la page du Soir dédiée au roman que Nicolas Ancion écrit à Bruxelles...
Entretemps, j'aurai peut-être dormi un peu.
Si le début de polar qu'il vient de m'envoyer me le permet. Parce que je vais y penser, c'est sûr, et attendre la suite avec impatience.
Le commissaire Franck Garot, malgré sa gueule de bois, devrait se rendre compte, au petit matin, de ce que la disparition de sa fille Natacha est une affaires sérieuse.
Michel, de retour dans la cellule de sa prison, devrait se poser pas mal de questions sur ce que son fils Xavier lui a dit au parloir, sur ses demi-vérités, sur ses mensonges...
Il reste moins de 22 heures à l'auteur pour boucler cette histoire qui commence bien. Et dont on sent qu'elle possède déjà une structure. A découvrir, pour nous. Pour vous, pour moi...

En direct de la Foire du Livre?

Il y a une grosse demi-heure (via Twitter), Nicolas Ancion, qui vient de commencer, en principe, l'écriture de son polar, a reçu un plateau repas: eau, gaufres de Liège, cookies maison et pommes vertes. Il trouve que ça manque de légumes...
Isabelle Franchimont, sur le site de la RTBF, rapporte que l'écrivain voudrait faire un jogging dans la Foire au milieu de la nuit...
Oui, je sais, tout cela est très anecdotique. Mais je n'ai rien d'autre à me mettre sous la dent actuellement, la page du site du Soir relayant le travail de Nicolas ne s'ouvre pas actuellement.
Trop de succès?
Je reviens dès que j'ai pu lire quelque chose. Peut-être aurez-vous plus de chance que moi!

mardi 2 mars 2010

Foire du Livre : le défi de Nicolas Ancion

Premier invité du Journal d'un lecteur à l'occasion de la Foire du Livre de Bruxelles, Nicolas Ancion se lance ce soir un défi insensé: écrire, en vingt-quatre heures et en public, un petit roman policier. Explications sur son blog et, tout de suite, ici.

L'écriture d'un polar, même bref, en 24 heures et en direct, est-ce le résultat d'une idée lancée sans en mesurer les conséquences, ou un projet mûrement réfléchi?

C'est une envie que j'ai depuis TRÈS longtemps. J'écris mieux sous pression que sans contrainte, j'aime les défis et les concours (même quand je suis le seul concurrent en lice). Quand j'étais étudiant en Romanes, à Liège, j'avais mis sur pied une lecture parrainée de Proust pendant 24h pour récolter des sous pour partir en voyage au Québec. On se relayait pour lire pendant 24h sans interruption. On n'est pas arrivé très loin dans la Recherche (deux ou trois tomes en Folio, pas plus) mais on s'est bien amusé, surtout entre 2 et 5h du matin, quand il n'y a plus de public mais qu'on devait poursuivre tout de même la lecture. J'avais envie depuis longtemps de m'enfermer trois jours en résidence quelque part et de n'en sortir qu'une fois un roman achevé. La Foire du Livre m'a semblé un bon endroit pour faire une répétition générale pour ce genre de défi.
L'idée d'écrire en public me plaît aussi. On n'arrête pas d'exhiber les écrivains en public pour faire des tas de choses qui n'ont rien à voir avec l'écriture. On leur demande de débattre, de défendre leurs livres à la télé, de lire des extraits en public, voire de faire visiter leur ville, de dire dans quelles boutiques ils font leurs achats... On les pipolise comme toutes les autres personnes que les médias considèrent comme "célèbres" ou "à succès". Alors qu'un écrivain, à mes yeux, c'est quelqu'un qui écrit, avant tout.
J'avais très envie de rendre l'écriture... publique. De la montrer aux lecteurs, aussi peu spectaculaire soit-elle.
Puis, à la Foire du Livre, on ne la voit presque jamais. La plupart des écrivains se contentent des mêmes dédicaces que s'ils étaient chanteurs ou joueurs de foot: ils écrivent une banalité sur la première page de leur livre et signent. A la Foire du Livre, on voit trop de bouquins et pas assez d'auteurs au travail.

Tu utilises d'abondance les ressources d'Internet. Un site, des blogs, Twitter, Facebook (2726 amis!)... S'agit-il d'occuper le terrain, de relayer ton travail d'écrivain, d'un besoin compulsif, que sais-je...?

Les réseaux sociaux et Internet, que j'utilise depuis 1997 en tant qu'auteur, me servent à beaucoup de choses à la fois. C'est un relais pour mon travail, bien entendu, un moyen de diffusion pour les textes, un outil de contact avec les éditeurs et la presse, une fenêtre ouverte vers les lecteurs, une ressource infinie pour surmonter les problèmes qu'on peut rencontrer dans le boulot (pépin technique, appel à l'équipe pour une information, un titre...).
Ce n'est pas un besoin compulsif du tout, d'ailleurs je suis très irrégulier pour mes blogs, par exemple, je ne publie que lorsque j'ai quelque chose à dire ou à partager. Par contre, je suis bien d'accord que cela me permet d'occuper du terrain sans être présent physiquement, vu que j'habite loin de tout le monde, à 1100 km de Bruxelles et une nuit de train de Paris, par exemple.

Comment fais-tu pour mener de front autant d'activités?

Je ne fais plus que ça, écrire, depuis deux ans et demi. Si je veux vivre de l'écriture, je dois mener de front de multiples projets au même moment. Imaginer cinq projets délirants pour en réaliser deux au bout du compte, écrire à la fois pour le théâtre, pour des revues, pour mon plaisir...
Avant, je menais de front mes projets d'écriture, une vie professionnelle chargée et des chroniques régulières comme journaliste. Personne ne trouvait que je fais beaucoup de choses de front parce que les trois registres étaient très différents les uns des autres. Aujourd'hui, je ne fais plus qu'écrire de la fiction, c'est beaucoup plus simple à gérer, notamment parce que je suis maître de mon agenda. Et je peux jurer que je passe de très nombreuses journées sans écrire une ligne!
Le secret, c'est d'aimer écrire vite et dans l'urgence. Nous sommes samedi matin, il est 9h30, je suis debout depuis deux heures parce que je devais absolument envoyer un texte ce matin pour une pièce de théâtre qui se joue dans dix jours.

P.S. Un ami me signale que Jean Falize, du 15 au 27 décembre 1962, a écrit un roman policier de 160 pages dans un bureau en verre planté au cœur du grand magasin L'Innovation, à Bruxelles. Le lendemain du jour où le livre était terminé, les cent premiers exemplaires imprimés en étaient distribués à la presse par l'éditeur-imprimeur André Gérard, fondateur de Marabout... L'histoire complète de cette aventure est à lire ici.