Premier invité du Journal d'un lecteur à l'occasion de la Foire du Livre de Bruxelles, Nicolas Ancion se lance ce soir un défi insensé: écrire, en vingt-quatre heures et en public, un petit roman policier. Explications sur son blog et, tout de suite, ici.
L'écriture d'un polar, même bref, en 24 heures et en direct, est-ce le résultat d'une idée lancée sans en mesurer les conséquences, ou un projet mûrement réfléchi?
C'est une envie que j'ai depuis TRÈS longtemps. J'écris mieux sous pression que sans contrainte, j'aime les défis et les concours (même quand je suis le seul concurrent en lice). Quand j'étais étudiant en Romanes, à Liège, j'avais mis sur pied une lecture parrainée de Proust pendant 24h pour récolter des sous pour partir en voyage au Québec. On se relayait pour lire pendant 24h sans interruption. On n'est pas arrivé très loin dans la Recherche (deux ou trois tomes en Folio, pas plus) mais on s'est bien amusé, surtout entre 2 et 5h du matin, quand il n'y a plus de public mais qu'on devait poursuivre tout de même la lecture. J'avais envie depuis longtemps de m'enfermer trois jours en résidence quelque part et de n'en sortir qu'une fois un roman achevé. La Foire du Livre m'a semblé un bon endroit pour faire une répétition générale pour ce genre de défi.
L'idée d'écrire en public me plaît aussi. On n'arrête pas d'exhiber les écrivains en public pour faire des tas de choses qui n'ont rien à voir avec l'écriture. On leur demande de débattre, de défendre leurs livres à la télé, de lire des extraits en public, voire de faire visiter leur ville, de dire dans quelles boutiques ils font leurs achats... On les pipolise comme toutes les autres personnes que les médias considèrent comme "célèbres" ou "à succès". Alors qu'un écrivain, à mes yeux, c'est quelqu'un qui écrit, avant tout.
J'avais très envie de rendre l'écriture... publique. De la montrer aux lecteurs, aussi peu spectaculaire soit-elle.
Puis, à la Foire du Livre, on ne la voit presque jamais. La plupart des écrivains se contentent des mêmes dédicaces que s'ils étaient chanteurs ou joueurs de foot: ils écrivent une banalité sur la première page de leur livre et signent. A la Foire du Livre, on voit trop de bouquins et pas assez d'auteurs au travail.
Tu utilises d'abondance les ressources d'Internet. Un site, des blogs, Twitter, Facebook (2726 amis!)... S'agit-il d'occuper le terrain, de relayer ton travail d'écrivain, d'un besoin compulsif, que sais-je...?
Les réseaux sociaux et Internet, que j'utilise depuis 1997 en tant qu'auteur, me servent à beaucoup de choses à la fois. C'est un relais pour mon travail, bien entendu, un moyen de diffusion pour les textes, un outil de contact avec les éditeurs et la presse, une fenêtre ouverte vers les lecteurs, une ressource infinie pour surmonter les problèmes qu'on peut rencontrer dans le boulot (pépin technique, appel à l'équipe pour une information, un titre...).
Ce n'est pas un besoin compulsif du tout, d'ailleurs je suis très irrégulier pour mes blogs, par exemple, je ne publie que lorsque j'ai quelque chose à dire ou à partager. Par contre, je suis bien d'accord que cela me permet d'occuper du terrain sans être présent physiquement, vu que j'habite loin de tout le monde, à 1100 km de Bruxelles et une nuit de train de Paris, par exemple.
Comment fais-tu pour mener de front autant d'activités?
Je ne fais plus que ça, écrire, depuis deux ans et demi. Si je veux vivre de l'écriture, je dois mener de front de multiples projets au même moment. Imaginer cinq projets délirants pour en réaliser deux au bout du compte, écrire à la fois pour le théâtre, pour des revues, pour mon plaisir...
Avant, je menais de front mes projets d'écriture, une vie professionnelle chargée et des chroniques régulières comme journaliste. Personne ne trouvait que je fais beaucoup de choses de front parce que les trois registres étaient très différents les uns des autres. Aujourd'hui, je ne fais plus qu'écrire de la fiction, c'est beaucoup plus simple à gérer, notamment parce que je suis maître de mon agenda. Et je peux jurer que je passe de très nombreuses journées sans écrire une ligne!
Le secret, c'est d'aimer écrire vite et dans l'urgence. Nous sommes samedi matin, il est 9h30, je suis debout depuis deux heures parce que je devais absolument envoyer un texte ce matin pour une pièce de théâtre qui se joue dans dix jours.
P.S. Un ami me signale que Jean Falize, du 15 au 27 décembre 1962, a écrit un roman policier de 160 pages dans un bureau en verre planté au cœur du grand magasin L'Innovation, à Bruxelles. Le lendemain du jour où le livre était terminé, les cent premiers exemplaires imprimés en étaient distribués à la presse par l'éditeur-imprimeur André Gérard, fondateur de Marabout... L'histoire complète de cette aventure est à lire ici.
L'écriture d'un polar, même bref, en 24 heures et en direct, est-ce le résultat d'une idée lancée sans en mesurer les conséquences, ou un projet mûrement réfléchi?
C'est une envie que j'ai depuis TRÈS longtemps. J'écris mieux sous pression que sans contrainte, j'aime les défis et les concours (même quand je suis le seul concurrent en lice). Quand j'étais étudiant en Romanes, à Liège, j'avais mis sur pied une lecture parrainée de Proust pendant 24h pour récolter des sous pour partir en voyage au Québec. On se relayait pour lire pendant 24h sans interruption. On n'est pas arrivé très loin dans la Recherche (deux ou trois tomes en Folio, pas plus) mais on s'est bien amusé, surtout entre 2 et 5h du matin, quand il n'y a plus de public mais qu'on devait poursuivre tout de même la lecture. J'avais envie depuis longtemps de m'enfermer trois jours en résidence quelque part et de n'en sortir qu'une fois un roman achevé. La Foire du Livre m'a semblé un bon endroit pour faire une répétition générale pour ce genre de défi.
L'idée d'écrire en public me plaît aussi. On n'arrête pas d'exhiber les écrivains en public pour faire des tas de choses qui n'ont rien à voir avec l'écriture. On leur demande de débattre, de défendre leurs livres à la télé, de lire des extraits en public, voire de faire visiter leur ville, de dire dans quelles boutiques ils font leurs achats... On les pipolise comme toutes les autres personnes que les médias considèrent comme "célèbres" ou "à succès". Alors qu'un écrivain, à mes yeux, c'est quelqu'un qui écrit, avant tout.
J'avais très envie de rendre l'écriture... publique. De la montrer aux lecteurs, aussi peu spectaculaire soit-elle.
Puis, à la Foire du Livre, on ne la voit presque jamais. La plupart des écrivains se contentent des mêmes dédicaces que s'ils étaient chanteurs ou joueurs de foot: ils écrivent une banalité sur la première page de leur livre et signent. A la Foire du Livre, on voit trop de bouquins et pas assez d'auteurs au travail.
Tu utilises d'abondance les ressources d'Internet. Un site, des blogs, Twitter, Facebook (2726 amis!)... S'agit-il d'occuper le terrain, de relayer ton travail d'écrivain, d'un besoin compulsif, que sais-je...?
Les réseaux sociaux et Internet, que j'utilise depuis 1997 en tant qu'auteur, me servent à beaucoup de choses à la fois. C'est un relais pour mon travail, bien entendu, un moyen de diffusion pour les textes, un outil de contact avec les éditeurs et la presse, une fenêtre ouverte vers les lecteurs, une ressource infinie pour surmonter les problèmes qu'on peut rencontrer dans le boulot (pépin technique, appel à l'équipe pour une information, un titre...).
Ce n'est pas un besoin compulsif du tout, d'ailleurs je suis très irrégulier pour mes blogs, par exemple, je ne publie que lorsque j'ai quelque chose à dire ou à partager. Par contre, je suis bien d'accord que cela me permet d'occuper du terrain sans être présent physiquement, vu que j'habite loin de tout le monde, à 1100 km de Bruxelles et une nuit de train de Paris, par exemple.
Comment fais-tu pour mener de front autant d'activités?
Je ne fais plus que ça, écrire, depuis deux ans et demi. Si je veux vivre de l'écriture, je dois mener de front de multiples projets au même moment. Imaginer cinq projets délirants pour en réaliser deux au bout du compte, écrire à la fois pour le théâtre, pour des revues, pour mon plaisir...
Avant, je menais de front mes projets d'écriture, une vie professionnelle chargée et des chroniques régulières comme journaliste. Personne ne trouvait que je fais beaucoup de choses de front parce que les trois registres étaient très différents les uns des autres. Aujourd'hui, je ne fais plus qu'écrire de la fiction, c'est beaucoup plus simple à gérer, notamment parce que je suis maître de mon agenda. Et je peux jurer que je passe de très nombreuses journées sans écrire une ligne!
Le secret, c'est d'aimer écrire vite et dans l'urgence. Nous sommes samedi matin, il est 9h30, je suis debout depuis deux heures parce que je devais absolument envoyer un texte ce matin pour une pièce de théâtre qui se joue dans dix jours.
P.S. Un ami me signale que Jean Falize, du 15 au 27 décembre 1962, a écrit un roman policier de 160 pages dans un bureau en verre planté au cœur du grand magasin L'Innovation, à Bruxelles. Le lendemain du jour où le livre était terminé, les cent premiers exemplaires imprimés en étaient distribués à la presse par l'éditeur-imprimeur André Gérard, fondateur de Marabout... L'histoire complète de cette aventure est à lire ici.
salama,
RépondreSupprimerméme si cela se serait passé en 1927 à Paris,Mr Maury ne manquera pas l'occasion de faire le point sur cette légende entourant Simenon, à qui Eugéne Merle, avait proposé d'écrire un roman enfermé sous les yeux du public ,en trois jours