Dernière facétie de "MadMan Claro" sur Facebook (elle ne tardera pas à être remplacée par une nouvelle): il "va expliquer aux Belges comment on boit soixante bières dignement sans jamais se tromper dans ses déclinaisons."
Cet homme singulier ne se contente pas de lâcher ainsi, à intervalles irréguliers, des phrases bien senties. Il écrit des livres comme Madman Bovary ou, à paraître dans quelques jours, Mille milliards de milieux. Il en lit et en parle merveilleusement bien sur son blog, le Clavier Cannibale (extraits, désormais, à lire en bas de la colonne de droite). Il en traduit à un rythme affolant - je vous ai parlé ici, l'an dernier, du roman en vers de Vikhram Seth, Golden Gate. En février est sorti, traduit par lui, Etoile de Paris, de William T. Vollmann. En avril (je viens de recevoir le volume), ce seront les 700 et quelques pages de Oméga mineur, de Paul Verhaegen.
Avant de se rendre à la Foire du Livre de Bruxelles, il a quand même pris quelques jours de vacances, parfois même sans connexion Internet. Mais, la phrase de Facebook citée au début de cette note le prouve, il est donc maintenant en Belgique. L'occasion de lui poser trois questions.
Entre le blog où tu recommandes souvent des ouvrages et ta présence remarquée sur Facebook, les interventions sur Internet représentent-elles une nécessité ou un divertissement?
Multiplier les formes d'écriture - romans plus ou moins longs, formats moyens pour le blog, forme ultra-courte pour Facebook -, répond à un besoin d'écriture à plusieurs niveaux, selon des vitesses et des intensités différentes, avec un impact allant de l'aléatoire à l'immédiat. Ecrire est une nécessité mais les formes que prend l'écriture peuvent tendre vers le divertissement, au sens où il est agréable (et utile) d'emprunter des «détours», une forme de jogging textuel qui entretient le clavier avant ou pendant de plus amples marathons.
Ton travail de traducteur te place souvent face à des œuvres atypiques - et difficiles à traduire. Est-ce par goût du défi, parce que tu vas naturellement vers ce genre de littérature, parce que personne d'autre ne veut s'y coller, que sais-je...?
Ce qui est intéressant en traduction, c'est l'obstacle, la difficulté, ce moment (ce lieu) où l'on touche à la frontière de l'intraduisible. Il y a alors déséquilibre, on trébuche dans sa propre langue, il faut recréer les conditions de production du texte, inventer de nouveaux dispositifs, réapprendre à la langue à marcher. C'est une source d'excitation importante, qui préserve de l'ennui. Rien de pire qu'un long texte invertébré et flaccide! Mieux vaut une forêt obscure toute rutilante de dangereux crotales.
Ton écriture personnelle est-elle nourrie par la traduction, ou bien souffre-t-elle du temps que tu passes à t'occuper des autres?
Il se produit une sorte d'échanges d'intensités, comme s'il s'agissait de deux dynamos fonctionnant selon des régimes légèrement différents, l'une plus alimentée par l'extérieur, l'autre plus par l'intérieur. Les deux engins profitent alternativement de leurs courants. Le problème du temps consacré est évidemment problématique, mais il en va de même pour quiconque exerce un métier en plus de l'écriture. Écrire n'est jamais un problème de temps, il suffit de dormir moins, de ne pas regarder la télévision et de tirer le meilleur parti des siestes.
Cet homme singulier ne se contente pas de lâcher ainsi, à intervalles irréguliers, des phrases bien senties. Il écrit des livres comme Madman Bovary ou, à paraître dans quelques jours, Mille milliards de milieux. Il en lit et en parle merveilleusement bien sur son blog, le Clavier Cannibale (extraits, désormais, à lire en bas de la colonne de droite). Il en traduit à un rythme affolant - je vous ai parlé ici, l'an dernier, du roman en vers de Vikhram Seth, Golden Gate. En février est sorti, traduit par lui, Etoile de Paris, de William T. Vollmann. En avril (je viens de recevoir le volume), ce seront les 700 et quelques pages de Oméga mineur, de Paul Verhaegen.
Avant de se rendre à la Foire du Livre de Bruxelles, il a quand même pris quelques jours de vacances, parfois même sans connexion Internet. Mais, la phrase de Facebook citée au début de cette note le prouve, il est donc maintenant en Belgique. L'occasion de lui poser trois questions.
Entre le blog où tu recommandes souvent des ouvrages et ta présence remarquée sur Facebook, les interventions sur Internet représentent-elles une nécessité ou un divertissement?
Multiplier les formes d'écriture - romans plus ou moins longs, formats moyens pour le blog, forme ultra-courte pour Facebook -, répond à un besoin d'écriture à plusieurs niveaux, selon des vitesses et des intensités différentes, avec un impact allant de l'aléatoire à l'immédiat. Ecrire est une nécessité mais les formes que prend l'écriture peuvent tendre vers le divertissement, au sens où il est agréable (et utile) d'emprunter des «détours», une forme de jogging textuel qui entretient le clavier avant ou pendant de plus amples marathons.
Ton travail de traducteur te place souvent face à des œuvres atypiques - et difficiles à traduire. Est-ce par goût du défi, parce que tu vas naturellement vers ce genre de littérature, parce que personne d'autre ne veut s'y coller, que sais-je...?
Ce qui est intéressant en traduction, c'est l'obstacle, la difficulté, ce moment (ce lieu) où l'on touche à la frontière de l'intraduisible. Il y a alors déséquilibre, on trébuche dans sa propre langue, il faut recréer les conditions de production du texte, inventer de nouveaux dispositifs, réapprendre à la langue à marcher. C'est une source d'excitation importante, qui préserve de l'ennui. Rien de pire qu'un long texte invertébré et flaccide! Mieux vaut une forêt obscure toute rutilante de dangereux crotales.
Ton écriture personnelle est-elle nourrie par la traduction, ou bien souffre-t-elle du temps que tu passes à t'occuper des autres?
Il se produit une sorte d'échanges d'intensités, comme s'il s'agissait de deux dynamos fonctionnant selon des régimes légèrement différents, l'une plus alimentée par l'extérieur, l'autre plus par l'intérieur. Les deux engins profitent alternativement de leurs courants. Le problème du temps consacré est évidemment problématique, mais il en va de même pour quiconque exerce un métier en plus de l'écriture. Écrire n'est jamais un problème de temps, il suffit de dormir moins, de ne pas regarder la télévision et de tirer le meilleur parti des siestes.
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