J'ai eu la chance, il y a une trentaine d'années, de découvrir les premiers textes en prose de Nadine Monfils. Elle n'avait publié à ce moment, si mes souvenirs sont bons, que deux recueils de poèmes à compte d'auteur. Les nouvelles que j'avais reçues ont fourni un des premiers titres d'une maison d'édition dans laquelle je travaillais alors. Depuis, elle n'a plus arrêté, oscillant entre l'érotisme et le polar sans se soucier de genre, entrant au catalogue de la Série noire, créant un commissaire Léon qui allait vivre dix aventures dans autant de volumes et fournir le sujet de son premier film, trouvant depuis quelques années un nouvel éditeur chez qui elle vient de sortir son quatrième roman, Coco givrée. Un livre bien givré, en effet...
Depuis Laura Colombe, il y aura bientôt trente ans, quelle évolution perçois-tu dans ton imaginaire et dans ton écriture?
Je pense que Laura Colombe contenait l’imagination foisonnante de la femme-enfant que je suis restée et qui avait emmagasiné les mondes d’Alice au pays des merveilles qui aurait eu Barbe Bleue comme amant, et celui de la Comtesse de Ségur tombée amoureuse du marquis de Sade. Avec çà et là des moments de vécu parsemés de fantasmes. Disons que la vie et le temps m’ont mis un couteau dans la main. Pour me défendre, mais aussi pour continuer à couper des plaques de caramel. Avec mes Contes pour petites filles perverses, j’étais dans la poésie, le surréalisme et l’érotisme. Maintenant, j’ai gardé un peu de tout ça, avec quelques labyrinthes en plus. Ceux d’amener le lecteur dans une toile d’araignée, de le faire prisonnier de mon histoire. En quelque sorte de le prendre en otage du début à la fin. Pour moi ça relève à la fois du jeu et du plaisir de surprendre, de dérouter jusqu’au bout. Le goût des surprises. Mais aussi celui de tenter d’entrer dans la tête des tueurs parce que c’est la chose qui pour moi est la plus incompréhensible. Si je comprends le cheminement qui peut amener certains à tuer, je reste complètement perdue devant la violence. Donc, à travers l’écriture, je tente de survivre à ce mystère que sont les âmes gangrenées. D’où mon sens de la dérision, seule échappatoire pour moi. Mon écriture a forcément évolué vers plus de réalisme, mais toujours avec quelques racines bien ancrées dans mes premiers livres.
Coco givrée est, si je ne me trompe pas, le troisième roman que tu situes à Pandore. Est-ce parti pour une longue série?
Oui, Coco givrée est le troisième roman situé à Pandore. Je n’avais pas écrit le premier (Babylone Dream) avec l’intention de reprendre les personnages et cette ville mystérieuse dans d’autres livres. C’est venu comme ça. Disons qu’ils ne voulaient pas me lâcher... Mais là, pour moi c’est en principe fini. Je suis en train d’écrire un nouveau thriller où ils n’apparaissent pas. Je ferai peut-être un clin d’œil à la chienne Téquila qui a commencé à picoler dans Téquila frappée. Avec ma série du Commissaire Léon, le flic qui tricote, à un moment donné, j’ai voulu le tuer. Mais comme j’en avais fait un film (Madame Edouard) où Michel Blanc que j’aime beaucoup a incarné le personnage, j’ai eu peur qu’il lui arrive quelque chose. J’ai quand même grandi dans un village où la sorcellerie existait. Ça marque!
Où en est le projet de deuxième long métrage après Madame Edouard?
Mon projet de film tiré de Nickel Blues, également publié chez Belfond, est en montage financier. Vu la frilosité des producteurs français – et aussi des belges! -, j’ai monté ma propre boîte de production en Belgique (Chapeau Boule) et je travaille avec un producteur luxembourgeois, Pol Cruchten, qui croit à fond à ce projet et apporte une participation financière. J’aurais déjà pu le monter depuis longtemps car, comme pour Madame Edouard, j’ai un gros casting. Mais le sujet est tellement barré que les Français ont peur de s’engager même si j’ai eu le Prix des Lycéens de Bourgogne, ce qui devrait les rassurer car j’ai un gros public de jeunes lecteurs. Mais comme j’oscille entre C’est arrivé près de chez vous et Bernie... Si j’avais fait des concessions, c'est-à-dire si j’avais édulcoré mon histoire, elle serait déjà tournée. Mais je ne me suis pas battue jusqu’ici pour garder ma sacro-sainte liberté et baisser mon froc! Je préfère escalader une montagne et rester libre que de prendre le train avec des menottes.
Depuis Laura Colombe, il y aura bientôt trente ans, quelle évolution perçois-tu dans ton imaginaire et dans ton écriture?
Je pense que Laura Colombe contenait l’imagination foisonnante de la femme-enfant que je suis restée et qui avait emmagasiné les mondes d’Alice au pays des merveilles qui aurait eu Barbe Bleue comme amant, et celui de la Comtesse de Ségur tombée amoureuse du marquis de Sade. Avec çà et là des moments de vécu parsemés de fantasmes. Disons que la vie et le temps m’ont mis un couteau dans la main. Pour me défendre, mais aussi pour continuer à couper des plaques de caramel. Avec mes Contes pour petites filles perverses, j’étais dans la poésie, le surréalisme et l’érotisme. Maintenant, j’ai gardé un peu de tout ça, avec quelques labyrinthes en plus. Ceux d’amener le lecteur dans une toile d’araignée, de le faire prisonnier de mon histoire. En quelque sorte de le prendre en otage du début à la fin. Pour moi ça relève à la fois du jeu et du plaisir de surprendre, de dérouter jusqu’au bout. Le goût des surprises. Mais aussi celui de tenter d’entrer dans la tête des tueurs parce que c’est la chose qui pour moi est la plus incompréhensible. Si je comprends le cheminement qui peut amener certains à tuer, je reste complètement perdue devant la violence. Donc, à travers l’écriture, je tente de survivre à ce mystère que sont les âmes gangrenées. D’où mon sens de la dérision, seule échappatoire pour moi. Mon écriture a forcément évolué vers plus de réalisme, mais toujours avec quelques racines bien ancrées dans mes premiers livres.
Coco givrée est, si je ne me trompe pas, le troisième roman que tu situes à Pandore. Est-ce parti pour une longue série?
Oui, Coco givrée est le troisième roman situé à Pandore. Je n’avais pas écrit le premier (Babylone Dream) avec l’intention de reprendre les personnages et cette ville mystérieuse dans d’autres livres. C’est venu comme ça. Disons qu’ils ne voulaient pas me lâcher... Mais là, pour moi c’est en principe fini. Je suis en train d’écrire un nouveau thriller où ils n’apparaissent pas. Je ferai peut-être un clin d’œil à la chienne Téquila qui a commencé à picoler dans Téquila frappée. Avec ma série du Commissaire Léon, le flic qui tricote, à un moment donné, j’ai voulu le tuer. Mais comme j’en avais fait un film (Madame Edouard) où Michel Blanc que j’aime beaucoup a incarné le personnage, j’ai eu peur qu’il lui arrive quelque chose. J’ai quand même grandi dans un village où la sorcellerie existait. Ça marque!
Où en est le projet de deuxième long métrage après Madame Edouard?
Mon projet de film tiré de Nickel Blues, également publié chez Belfond, est en montage financier. Vu la frilosité des producteurs français – et aussi des belges! -, j’ai monté ma propre boîte de production en Belgique (Chapeau Boule) et je travaille avec un producteur luxembourgeois, Pol Cruchten, qui croit à fond à ce projet et apporte une participation financière. J’aurais déjà pu le monter depuis longtemps car, comme pour Madame Edouard, j’ai un gros casting. Mais le sujet est tellement barré que les Français ont peur de s’engager même si j’ai eu le Prix des Lycéens de Bourgogne, ce qui devrait les rassurer car j’ai un gros public de jeunes lecteurs. Mais comme j’oscille entre C’est arrivé près de chez vous et Bernie... Si j’avais fait des concessions, c'est-à-dire si j’avais édulcoré mon histoire, elle serait déjà tournée. Mais je ne me suis pas battue jusqu’ici pour garder ma sacro-sainte liberté et baisser mon froc! Je préfère escalader une montagne et rester libre que de prendre le train avec des menottes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire