dimanche 2 août 2009

Le livre et mes métiers. 5. Journaliste littéraire

Je pourrais dire que j'ai commencé en 1975. Et que je n'ai jamais arrêté. Au fond, s'il y a une constante plus précise que le livre dans ma vie professionnelle, c'est le commentaire sur le livre. Très vite après avoir commencé le travail en bibliothèque, je me suis lancé dans un article sur René-Victor Pilhes, qui venait de sortir L'imprécateur. Profitant des possibilités d'un réseau qui fonctionnait alors par télex, j'avais emprunté les deux premiers romans de l'auteur à d'autres bibliothèques, et j'avais essayé de dégager les lignes de force d'une œuvre qui n'avait pas encore, à ce moment, été ponctuée par un prix Femina (mais bien par un prix Médicis pour La rhubarbe). Ah! que cela m'excitait! La tâche était rude, je n'avais aucune autre expérience que celle de la lecture de critiques dans la presse, et je ne savais pas comment m'y prendre. Je crois me souvenir que j'ai mis une semaine pour écrire ce premier article. Puis cinq minutes pour me décider à l'envoyer à une revue que j'appréciais. Une autre semaine, d'attente celle-là, a suffi pour recevoir la réponse du directeur de la revue, qui acceptait mon article avec enthousiasme et regrettait de ne le publier qu'en janvier, le numéro à paraître étant bouclé. C'était la première fois que je recevais une lettre écrite à l'encre mauve, et je planais...
J'ai plané beaucoup moins quand, quelques années après, je suis retombé sur cet article dans la bibliothèque du Centre Pompidou. J'ai essayé de le relire, je n'y suis pas arrivé: il était mauvais, mais mauvais!, à un point que je suis incapable de décrire. Lourdingue comme il n'est pas permis, bourré de clichés. Et prétentieux, avec ça!
A l'époque, je ne m'en rendais évidemment pas compte. Heureusement! Il y a des aveuglements qui déterminent une vocation. Car, du coup, ne doutant de rien, je me suis lancé. Démarrant une revue à la bibliothèque, pour laquelle je lisais et critiquais une trentaine de livres par mois. Envoyant des articles aux Nouvelles littéraires, sans douter un instant de leur qualité - et, d'ailleurs, ils paraissaient. En envoyant d'autres à La Quinzaine littéraire, au Magazine littéraire, et m'étonnant de ne pas recevoir de réponse.
Vrai, je ne doutais de rien. J'étais le plus beau, le plus fort, et probablement même le meilleur. Si certains ne s'en apercevaient pas, c'est qu'ils étaient singulièrement dénués de flair.
J'en suis revenu depuis longtemps, vous le pensez bien.
Il n'empêche: j'ai dû apprendre, à force... D'ailleurs, je suis toujours là, et au Soir depuis 1983, un sacré bail! Dans le CV que je mets à jour de temps à autre, au cas où, je retrouve quelques publications auxquelles j'ai collaboré. Le Magazine littéraire, finalement, pendant plusieurs années, non parce que j'avais envoyé un énième article mais parce que j'avais croisé Jean-Jacques Brochier et que j'avais trouvé le courage de lui demander si un entretien avec Le Clézio l'intéressait. Il y a eu la radio, aussi, un média qui me plaît presque autant que la presse écrite, avec lequel j'ai pu travailler de la même manière à Madagascar: à la maison, montant moi-même pendant un an une émission culturelle et quotidienne qui m'a laissé sur le flanc une fois les douze mois passés - je ne m'étais pas engagé pour une si longue durée.
Etc.
Je crois que je n'en ai pas fini avec le commentaire qui prolonge la lecture. Ce blog en est la preuve.
Si je vous ai parlé de moi à l'excès pendant cinq notes successives, rassurez-vous: ce n'est pas pour prendre un virage autobiographique. Mais seulement pour assurer la transition, en cette période de congés, entre les livres parus jusqu'en juin et ceux qui arrivent en librairie vers le milieu de ce mois. Je les lis (j'en lis certains, en tout cas), et il est trop tôt pour en parler. Donc, j'engrange. Le rendez-vous est fixé. D'ici là, j'ai encore quelques sujets à traiter, du genre rattrapage d'ouvrages dont je n'ai pas encore parlé, ou de thèmes préparant la rentrée.
Je reviens très vite. Il ne sera plus question de mon parcours avant longtemps, je vous ai tout dit - non, seulement l'essentiel.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire