vendredi 4 juin 2010

Deux Italiens dans la panade

Semaine après semaine, au gré des dossiers des Livres du Soir ou de ma curiosité, mon regard se tourne d'un côté de l'horizon, ou vers un autre. Cette semaine a été très italienne. Antipasti, spaghetti à l'ail, osso buco, valeurs sûres. En littérature, en revanche, du nouveau avec deux auteurs que je n'avais jamais lu: Carlo D'Amicis, pour son premier roman paru en français, Sauf le chien, et Roberto Alajmo, déjà traduit auparavant, pour Mat à l'étouffé. Deux belles surprises.
Je me suis demandé parfois, en les lisant, si les Italiens avaient particulièrement souffert du passage de la lire à l'euro. Car les personnages principaux se débattent dans des problèmes financiers insolubles qui sont au centre de Mat à l'étouffé et surviennent à la marge de Sauf le chien. A toujours avoir envie de trouver des points communs entre des livres qui n'ont rien à voir, peut-être qu'on se trompe souvent. Mais c'est quand même frappant...

Le personnage principal de Roberto Alajmo a, en tout cas, parfaitement réussi à s'enferrer dans une situation inconfortable et dont il lui devient impossible de sortir. Il a accumulé les découverts bancaires, il jongle avec ses comptes pour boucher des trous qui se reforment évidemment aussitôt ailleurs, plus importants au fur et à mesure que le temps passe. Et le théâtre poétique, dont il a fait son cheval de bataille en même que sa principale (et aléatoire) source de revenus, n'a plus les faveurs d'une municipalité qui a basculé politiquement.
Sa femme qui l'a quitté, ses deux filles qui le regardent presque comme un étranger, les créanciers qui recourent parfois à la manière forte pour récupérer leur dû, rien ne s'arrange dans la vie du pauvre Giovanni Alagna, magouilleur perdu dans ses magouilles.
C'est donc l'histoire d'une chute, dans tous les sens du mot comme on le découvrira tout à la fin. Un roman pessimiste, mais dans lequel l'écrivain a insufflé un sacré tonus.

Il y a aussi un chien dans Mat à l'étouffé, bien qu'il joue un rôle moins important que dans le roman de Carlo d'Amicis. Qui présente un peu les choses comme dans l'expression: personne ne m'aime, Sauf le chien. Marcello Artiglio, côté argent - puisque c'est le lien que j'ai choisi presque arbitrairement entre ces deux livres -, ne s'en sort pas trop bien non plus. Avocat, il appartient pourtant à une profession qui prédestine peu à la pauvreté. Mais il n'arrête pas de demander quelques euros à son ami-amant (qu'il appelle parfois fiancé), Morgan. Fou de lui, mais tyrannique. Et Marcello est embarqué dans une affaire compliquée qui ne risque pas d'améliorer les choses, malgré la générosité dont fait preuve son médecin Saverio Spiritus, soupçonné d'avoir tué sa femme et sa fille - femme avec laquelle Marcello entretenait une relation coupable (comme on dit).
Vous ne suivez pas tout à fait? C'est normal. Impossible de résumer ce livre en traçant une ligne claire qui relierait entre eux les événements. Ils s'accumulent et c'est au lecteur de faire le travail pour décoder l'ensemble. Je vous rassure: cela vient tout naturellement, si bien qu'au moment de fermer le livre on aimerait qu'il dure encore un peu...

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