lundi 13 juillet 2009

Du polar historique au polar d'aujourd'hui

Je n'ai rien contre les films en costume. Mais j'aime surtout être plongé dans les contradictions du monde contemporain. Je suppose que je ne suis pas le seul. Chez 10/18, où les séries de polars historiques marchent du feu de dieu, on a dû faire une analyse dans ce sens puisqu'une nouvelle sous-collection s'y est ouverte. Domaine policier aborde résolument notre époque, à travers des intrigues corsées, au goût d'exotisme pour plusieurs d'entre elles. En tout cas, pour les trois que je viens de lire.

Tarquin Hall donne son premier roman avec L'homme qui exauce les vœux. Et c'est une belle réussite - prévisible, parce que ce journaliste dont le principal terrain est l'Inde sait raconter une histoire. Je garde un excellent souvenir d'un récit traduit il y a sept ans, Vers le cimetière des éléphants. Il décrivait la traque d'un solitaire qui avait déjà tué une trentaine de personnes.
Pas d'éléphants dans ce roman. Mais un détective particulièrement doué, Vish Puri. Il exerce à Delhi dans une agence baptisée Détectives Très Privés. Il doit souvent se contenter d'enquêtes de moralité peu exaltantes mais nécessaires avant les mariages. Ceux-ci constituant souvent l'union de deux familles, il faut éviter les mésalliances.
Voici pourtant Vish Puri lancé sur une belle affaire: un avocat réputé pour son intégrité, qualité rare, est accusé du meurtre d'une jeune domestique. La chose paraît impossible à qui connaît le personnage. Mais il a de nombreux ennemis bien décidés à le faire tomber. Démêler les intérêts des uns et des autres exigera une belle dépense d'énergie, une obstination sans faille... et un brin de chance.

Les deux romans de John Burdett avaient, eux, déjà été publiés en poche. C'est tout naturellement qu'ils intègrent Domaine policier avec la Thaïlande comme terrain de jeux dangereux.
Bangkok 8 - le nom d'un secteur de la ville - présente Bangkok comme on ne l’a jamais vue. A travers les yeux d’un flic bouddhiste intègre qui fait tache dans son environnement. Car tout le monde, sauf lui, trempe dans des trafics louches. Dont l’un lui a fait perdre son équipier, presque un frère. Fils d’une prostituée, Sonchaï se débat au cœur d’un cyclone malfaisant. Le réalisme tranquille de John Burdett, capable de décrire froidement les pires horreurs, nous y place avec lui. La visite n’a rien de touristique. Même si l’on croise des touristes en quête de sexe facile et bon marché. Et un grand prédateur dont l’assouvissement des désirs ne connaît pas de limites. Au passage, Sonchaï nous initie à l’art de garder l’esprit sain dans un contexte qui y prédispose peu. Une expérience inoubliable.
Retour dans les bas-fonds de Bangkok avec Bangkok Tattoo. Ambiance glauque. L’inspecteur Sonchaï, personnage de plus en plus attachant, a plusieurs chefs. D’une part, Vikorn, qui dirige la police et fait la guerre à l’armée sur le terrain du lucratif marché de la drogue. D’autre part, sa mère, dans le bordel qu’elle tient. Sonchaï veut être un excellent bouddhiste. Et il enquête sur une série de meurtres ouverte avec celui d’un agent de la CIA. La piste d’Al Qaida? Certains aimeraient y croire. Mais tout est plus compliqué qu’il y paraît. Et le tatouage est un art qui, porté à la perfection, suscite les envies de collectionneurs sans scrupule.
Deux volumes qui donnent envie de lire le troisième, traduit cette année - mais pas encore en poche. Bangkok psycho met en scène le même personnage principal, qu'on ne se lasse pas de fréquenter.


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