dimanche 25 décembre 2011

Littérature sur toile : 3. ONLiT

ONLiT, c'est encore tout à fait autre chose. Ils sont deux à animer le site, je suis allé vers Benoit Dupont pour qu'il m'explique comment ça fonctionne - et vers quoi cela se dirige, car les projets, en voie de concrétisation, sont très précis.

- Peut-on considérer ONLiT comme un blog littéraire collectif?

- Avant d'aborder ONLiT Books, une véritable maison d'édition numérique que nous lançons en 2012, abordons d'abord notre activité de revue en ligne que nous effectuons pour ONLiT depuis 2006. A propos de cette activité qui mêle littérature et internet, bien plutôt que de "blog", nous parlons plus volontiers de "revue littéraire en ligne" dans le sens où nous y publions des textes que nous proposent des auteurs. Tous les quinze jours sur notre site www.onlit.be paraît un nouveau texte court (maximum 8.000 signes), qui est accessible librement au lecteur. Depuis la naissance de notre structure d'édition, début 2006, nous fonctionnons comme un éditeur: nous recevons des propositions par email, nous effectuons ensemble un travail de sélection, ensuite nous les relisons, corrigeons et révisons  avec les auteurs si nécessaire et puis publions ces textes, enfin nous effectuons un travail de promotion par mailing et via les réseaux sociaux.
Un "blog collectif" pourrait faire penser que tous les auteurs sont administrateurs du site et que chaque auteur y publie ce qu'il écrit, dans un espace réservé. Ce qui n'est absolument pas le cas (voir question suivante pour fonctionnement). Si le côté "collectif" peut s'appliquer d'une certaine manière à notre projet, nous en parlerions plutôt en terme d'une curiosité voire partagée autour d'un nouveau mode de diffusion du texte, un mode qui passe par le numérique, qui se caractérise par ses aspects instantanés et interactifs. Une dimension intéressante de cette proximité entre l'auteur et le lecteur est la possibilité de laisser des commentaires. Cela fonctionne très bien et nous assistons régulièrement à des échanges entre lecteurs mais aussi entre les lecteurs et l'auteur. Ce "temps Internet" crée une complicité entre les auteurs, les lecteurs et nous-mêmes qui à certains égards créent un sentiment de collectif.
- Comment se fait le choix des textes publiés?

- Le comité de lecture de ONLiT Editions est donc composé de Pierre de Mûelenaere et moi-même. Depuis cinq ans, outre les textes que nous commandons à certains auteurs que nous apprécions particulièrement, nous lisons Pierre et moi chaque proposition de texte. Nous en recevons plusieurs centaines par an. C'est un travail passionnant qui a abouti à de nombreuses découvertes: auteurs connus ou en devenir, jeunes ou moins jeunes, belges, français, québécois... Nous publions donc ce que nous aimons, ce qui nous fait rire, ce qui nous touche... Le seul critère pour la revue en ligne est de ne pas dépasser les 8.000 signes. Ce format court est adapté au monde numérique, il correspond à notre objectif initial dont nous allons parler plus bas mais rend également ses lettres de noblesse à la nouvelle publiée dans le journal au 19e. Il y a chez nous une volonté d'aller de l'avant sans renier le passé. Enfin, pour la revue, il faut faire des choix car nous ne publions que 25 textes par an, à raison de un toutes les deux semaines. Le résultat est une ligne de fiction contemporaine, francophone et volontiers décalée. Nous aimons surprendre, et nous surprendre. La ligne peut sembler floue mais je pense que ceux qui nous suivent depuis longtemps aiment notre ligne et savent pourquoi. L'originalité et la liberté de ton sont nos maîtres-mots.
Pour ONLiT Books, l'édition de livre électronique pour tablettes et liseuses, qui arrive au mois de février, il n'y a pas de raison de changer de méthode.

- Quelle est la vocation initiale du site? Faire découvrir des auteurs? Se faire plaisir? Autre chose?

- La vocation initiale de notre projet était de mettre le texte au plus près du lecteur grâce aux nouvelles technologies. Pour ce faire, le format court s'est imposé à nous. L'idée était de créer quelque chose susceptible de s'insérer dans les "temps morts" de notre quotidien. Au-delà de l'intention première, il faut bien reconnaître que les liens parfois étroits que nous avons pu lier avec certains auteurs, voire lecteurs, sont devenus une véritable source de plaisir.
Dans l'avenir, notre activité de revue littéraire en ligne continuera à exister parallèlement à notre nouvelle activité d'édition de livres numériques : ONLiT Books. Plus qu'une juxtaposition, nous y voyons un excellent moyen de faire communiquer un "laboratoire littéraire" en libre accès et une activité d'édition numérique de livres électroniques (destinés aux liseuses et tablettes moyennant paiement). A notre sens, ces deux activités se complètent parfaitement. De véritables vases communicants au sein de la structure ONLiT Editions qui "chapeautera" les deux entités.


- Le passage à l'édition est-il une suite logique de l'expérience?

- D'une certaine manière, oui. Après plus de cinq années à gérer une revue en ligne, il nous semble que le moment est propice de passer à l'édition numérique. Nous avons aujourd'hui un large réseau d'auteurs (plus de septante auteurs publiés à ce jour) et de lecteurs (plus de 25.000 visites chaque mois).  Nous sommes férus de nouvelles technologies et très enthousiastes par rapport au futur du livre numérique, ou du "lire" numérique. Certes, les liseuses stricto sensu ne sont pas encore très répandues en Belgique francophone tandis que les iPad commencent à être bien présents; certes le marché du livre électronique est encore mince en terme de chiffres. Mais, d'un autre côté, nos sorties numériques seront disponibles (sans rupture de stocks, sans réimpressions, etc.) dans toute la Francophonie. Il était important dès lors pour nous de prendre une place, développer un savoir-faire, de construire et d'installer une présence, d'offrir aux auteurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles un espace, une fenêtre dans le numérique. Ce dernier point est certainement crucial car, au-delà des débats entre les nostalgiques de "l'odeur du papier" et les utilisateurs de Kindle, la question n'est en fin de compte pas de savoir si on va aller dans le numérique ou pas. Ni si on va aller dans le numérique ou dans le papier. Le fait est que l'on est dans le numérique. Le numérique fait partie de notre vie quotidienne.  La question est donc de savoir si on est en mesure d'y construire une place pour la littérature. Une place pour nos auteurs, pour nos lecteurs. C'est aussi à nous, éditeurs, de travailler pour mettre cela place afin que le texte puisse continuer à vivre dans le numérique. A petite échelle, c'est ce que nous avons voulu faire en créant notre revue en ligne. C'est à présent ce que nous voulons faire encore davantage en créant la collection de littérature contemporaine ONLiT Books.

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