mardi 22 mai 2012

Paul Fournel, qui voulait être Jacques Anquetil

Paul Fournel m'attend, assis sur un canapé, dans les bureaux des Éditions de l’Olivier, boulevard du Montparnasse, où les Éditions du Seuil, déménagées de la rue Jacob vers Montrouge, ont gardé un pied-à-terre, histoire de rester en ville. Ce déménagement est le symbole d’une édition française en pleine réorganisation. Moins artisanale, plus industrielle – pour les grandes maisons. Le quartier des éditeurs y a perdu son âme, à moins que les boutiques de fringues aient une âme aussi ? Ce n’est pas certain. Une édition qui doit intégrer la révolution numérique, aussi, toute une nouvelle culture devant laquelle, souvent, elle se trouve désemparée. C’était le sujet du précédent livre de Paul Fournel, La liseuse, sorti en janvier.


Aujourd’hui, un nouvel ouvrage est prêt à paraître le 7 juin : Anquetil tout seul. L’idole de son enfance, auquel il s’identifiait. Et dont il devait bien constater, les années passant, qu’il ne possédait aucun des talents. (Paul Fournel et moi sommes faits pour nous entendre. Quand j'étais gamin, je voulais être Gaston Roelants.) A l’époque, la France était divisée en deux. On était pour Anquetil ou pour Poulidor. Les duels se terminaient presque toujours par la victoire d’Anquetil mais, s’ils s’étaient retrouvés au deuxième tour d’une élection présidentielle (François Hollande est investi aujourd’hui même), Poulidor l’aurait emporté haut la main. Sans obtenir cependant la voix de Paul Fournel, attaché à son héros jusqu’à en faire le portrait en partie imaginaire. Le personnage se construit autant par ses exploits et ses déclarations que par ce qu’il représentait pour un enfant tel que le considère maintenant Paul Fournel, lui-même, enfin adulte.
Dans la rue, il pleut et les bus affichent la couverture du dernier roman de Marc Levy. Dans le métro, on est au sec et les passagers lisent Karl Marx ou Aimé Césaire. Quand ils ne sont pas, bien sûr, accrochés à leur iPhone. Même Paris change. Sans abandonner tout à fait le livre. J'ouvre Peste & choléra, de Patrick Deville, publié au Seuil le… 23 août prochain. Télescopage d’un printemps pourri et d’une fin d’été prometteuse.

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