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mercredi 2 décembre 2020

Djaïli Amadou Amal, Goncourt des Lycéens


Djaïli Amadou Amal s’était déjà imposée au Cameroun, son pays, grâce aux trois romans qu’elle y a publiés de 2010 à 2017. Mais, hors quelques spécialistes de la littérature africaine, qui la connaissait sous nos latitudes ? Le déclic s’est produit l’an dernier avec l’attribution du Prix Orange du livre en Afrique à Munyal, les larmes de la patience, son livre le plus récent, paru à Yaoundé aux Editions Proximité en 2017. Il vient d’être réédité par Emmanuelle Collas sous un autre titre : Les impatientes. Il ne passe pas inaperçu : finaliste du Goncourt, il a reçu le Goncourt des Lycéens.

Pour expliquer ce qu’est le roman, reprenons le premier mot du titre original : munyal. Cela ne nous disait rien avant la lecture, c’est bien entré (et ancré) maintenant tant il est répété, en version originale ou en français, la langue d’écriture de Djali Amadou Amal : patience. La plus grande vertu des femmes devant leurs maris…

Elle est la conséquence des conseils qu’un père donne à sa fille quand elle se marie : « Ils ne se résumaient qu’à une seule et unique recommandation : soyez soumises ! » Tout accepter de l’époux, endosser la responsabilité de la réussite ou de l’échec du mariage. « Pour conclure, patience, munyal face aux épreuves, à la douleur, aux peines. »

Elles sont trois, les impatientes de la romancière : Ramla, Hindou et Safira. Peu enclines à suivre les lois qui leur sont imposées, rétives à rester à la place précise que la société musulmane définit pour chacun – et encore davantage pour chacune. La révolte gronde en elles, les moyens de l’exprimer sont limités et elles se heurtent au poids des traditions et aux habitudes de la polygamie. « Souviens-toi que personne ne doit soupçonner ton ressentiment. Personne ne doit deviner ton chagrin, ta rage ou ta colère. N’oublie pas. Maîtrise de soi ! Sang-froid ! Patience ! » La tante de Safira comprend ce qui bout à l’intérieur, mais les conseils sont les mêmes que ceux d’un père.

mardi 27 octobre 2020

La dernière sélection du Goncourt, surprise ou non?

A lire la moitié des noms d’éditeurs présents dans la dernière sélection du Goncourt, il n’y a pas de surprise : Gallimard et Grasset, comme d’habitude.

A lire l’autre moitié de ces noms, quelque chose d’un séisme (mini-séisme, n’exagérons rien) a dû se produire pendant les mois confinés-déconfinés (reconfinés ?) de 2020 qui ont bousculé l’édition et retardé le calendrier de ce prix littéraire : Emmanuelle Collas et Verdier, comme jamais (pas sûr pour Verdier cependant, même si je n’ai pas le souvenir d’un livre paru là-bas et qui se serait trouvé auparavant dans le dernier carré du Goncourt).

Mais, bien sûr, ce n’est pas la répartition par maison d’édition qu’il faut analyser. Seules les mauvaises langues prétendent que les mêmes sont, à peu de choses près, toujours récompensées (à quoi les vertueux leur répondent qu’elles sont les premiers choix des auteurs et autrices). Et, quand un éditeur moins fréquenté remporte le gros lot, les mêmes mauvaises langues affirment qu’il s’agit, pour l’académie Goncourt, de s’acheter à peu de frais un gage de virginité. Renouvelé de loin en loin, très rarement pour tout dire.

Donc, allons à l’essentiel : les livres.

La sélection est celle-ci :

  • Les impatientes de Djaïli Amadou Amal (Emmanuelle Collas)
  • L’anomalie de Hervé Le Tellier (Gallimard)
  • L’historiographe du Royaume de Maël Renouard (Grasset)
  • Thésée, sa vie nouvelle de Camille de Toledo (Verdier)

Mon choix est clair : Hervé Le Tellier mérite le Goncourt cette année.

D’autant que le roman de Maël Renouard, vers lequel j’aurais pu pencher également, a toutes les chances d’obtenir ce jeudi le Grand Prix du roman de l’Académie française (mais il est déjà arrivé qu’un roman soit couronné par les deux jurys, n’est-ce pas, Jonathan Littell ?).

Quant à Thésée, sa vie nouvelle, c’est très beau mais je suis resté un peu froid devant la douleur du narrateur.

Et si c’était Djaïli Amadou Amal ? Quel symbole ! Une femme, noire, d’Afrique, musulmane, qui parle de la polygamie vue de l’intérieur ! Le courage ne suffit pourtant pas au lecteur que je suis. Il eût fallu, aussi, un talent que l’écrivaine n’a pas (encore ?).