vendredi 6 novembre 2009

Le premier roman de Jocelyn Bonnerave

Je vous le confiais il y a quelques heures, j'aurais aimé voir le prix du Premier roman français aller à On ne boit pas les rats-kangourous, d'Estelle Nollet. J'ai l'impression que cette jeune personne (je dis jeune, en réalité je n'ai pas cherché à savoir grand-chose d'elle mais je l'ai aperçue dans une vidéo) nous réserve quelques (bonnes) surprises dans l'avenir.
J'étais donc un peu dépité d'apprendre que Jocelyn Bonnerave était le lauréat avec Nouveaux Indiens.
Dépité, mais curieux. Je l'ai donc lu. Le jury n'a pas fait d'erreur grossière en le couronnant.


Le peu que nous dit de lui l'éditeur fournit quelques éléments de compréhension à son livre.
Jocelyn Bonnerave est né en 1977. Il a étudié la littérature et les sciences humaines, particulièrement l'anthropologie. Ses activités musicales et littéraires s'associent souvent dans la pratique de la performance.
Il est question d'un anthropologue qui s'intéresse à des musiciens. Ceux-ci sont ses Derniers Indiens, puisqu'il n'imagine plus, au 21e siècle, pouvoir côtoyer encore des tribus inconnues.
L'anthropologue est français. Il observe, aux Etats-Unis, les élèves de Frank Firth, qui enseigne à Oakland, près de Berkeley. Le fonctionnement du groupe est, en effet, aussi intéressant que celui d'une tribu de la forêt amazonienne. Bien que différent. Encore que...
Affligé de migraines persistantes, le Français s'intègre plus ou moins, prend des notes, passe des heures en bibliothèque. Son travail reste flou mais il accumule du matériel. Il est cependant intrigué par l'histoire de Mary, dont le visage se trouve partout sur des affiches. Elle était surtout danseuse mais tâtait aussi de l'anthropologie. Et elle est morte peu de temps avant, suite à une anorexie à l'évolution inhabituelle. Le cas est assez étrange pour piquer sa curiosité. Le voici lancé sur une tout autre piste...
Jocelyn Bonnerave ne propose que le point de vue de son anthropologue français, unique narrateur qui se débat dans un monde qu'il ne comprend pas bien. Il ne comprend pas, en particulier, le faible intérêt manifesté pour l'élection présidentielle qui se déroule pendant son séjour. Il comprend encore moins l'histoire qu'il a devant les yeux, ou qu'il croit apercevoir à travers quelques indices.
Le récit est passionnant. Il est porté par une écriture changeante, calme ou impétueuse selon l'humeur du narrateur. Et il comporte quelques scènes musicales exceptionnelles. Restituer les sons avec les mots est un pari difficile. Il est tenu.

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