Les aubes écarlates, quatrième roman de Léonora Miano nous ramène dans l’Afrique de L’intérieur de la nuit et Contours du jour qui vient. Une Afrique à laquelle l’écrivaine veut rendre la mémoire afin de mieux affronter le présent. Le texte, à la fois violent et poétique, met en scène les vivants et les morts dont les voix multiples tissent un récit qui en appelle au temps de la traite des esclaves et, en écho, à celui des enfants soldats. Léonora Miano atteint, dans Les aubes écarlates, sa maturité de romancière.
Entretien téléphonique.
Cinquante ans après ce que Kourouma appelait Les soleils des indépendances, l’Afrique semble bien désespérante…
Ce n’est pas désespérant. Au contraire, ces textes sont des actes de foi. S’il existe une conscience africaine capable de produire des romans sur ces sujets difficiles, c’est qu’il y a un espoir.
L’écriture est-elle donc une nécessité?
Je pense en effet qu’elle est nécessaire. Il y a beaucoup de désordre et de violence gratuite, qui est la manifestation d’une psyché ravagée. Il y a des enfants soldats, mais pas d’ennemi… Je suis parfois très inquiète. Car, même si nous avons pris conscience des problèmes, on tarde à trouver des solutions. Il faut agir maintenant.
A vous lire, la violence d’aujourd’hui semble être une conséquence de la négation de l’Histoire, en particulier de la traite des esclaves. A moins d’en être la continuation?
Les deux à la fois. Le passé qui n’est pas expurgé se répète. J’ai choisi de mettre en scène un destin d’enfant soldat parce qu’il me semblait, dans son horreur, le plus proche de ce qu’ont dû vivre des gens arrachés de leur village, enfermés, embarqués… Le désarroi est aussi grand que celui d’un enfant qu’on prend dans son village et à qui on met une arme dans les mains. On se sent impuissant et abandonné même des dieux, si on y croit. Et cela se passe dans des cultures qui imposent d’accepter son destin. Vous ne pouvez même pas y échapper par le suicide.
L’avenir de l’Afrique passe par les femmes, dit-on souvent. Votre roman est-il l’illustration de cette affirmation?
Les femmes sont l’avenir du monde, pas seulement de l’Afrique. Quand on leur donnera la place qui est la leur, pas pour dominer les hommes, je pense qu’on ira un peu mieux. Le masculin et le féminin sont deux principes qui doivent s’équilibrer. Il y a, en Afrique subsaharienne, encore beaucoup à construire pour que les gens y vivent bien. Il faudrait en particulier qu’une majorité des jeunes filles soit scolarisée. Elles ont en elles le souci de la vie. La violence n’est pas absente chez elles, mais elle s’exprime autrement.
Vous présentez Les aubes écarlates comme le deuxième volet d’une trilogie africaine. Pourquoi paraît-il en dernier?
Quand j’ai terminé le texte, je n’étais pas contente de quelque chose, mais je ne savais pas de quoi. Il m’a fallu trois ans pour trouver… L’ordre de parution est sans importance, ce n’est pas un feuilleton. Et c’était bien de laisser reposer le manuscrit. Ce temps m’a aussi permis d’acquérir le courage d’affronter le silence africain sur la traite.
Vous utilisez l’italique pour certains mots: rebelles, combattants, révolution, communauté internationale… Pourquoi?
C’est en partie une habitude prise pendant mes études. Mais c’est aussi parce que ces mots ne devraient pas être employés dans le sens où ils le sont. Il s’agit souvent d’abus de langage. Par ailleurs, le français est ma langue cérébrale. Mais, quand je tombe et que je me fais mal, je crie en douala.
Entretien téléphonique.
Cinquante ans après ce que Kourouma appelait Les soleils des indépendances, l’Afrique semble bien désespérante…
Ce n’est pas désespérant. Au contraire, ces textes sont des actes de foi. S’il existe une conscience africaine capable de produire des romans sur ces sujets difficiles, c’est qu’il y a un espoir.
L’écriture est-elle donc une nécessité?
Je pense en effet qu’elle est nécessaire. Il y a beaucoup de désordre et de violence gratuite, qui est la manifestation d’une psyché ravagée. Il y a des enfants soldats, mais pas d’ennemi… Je suis parfois très inquiète. Car, même si nous avons pris conscience des problèmes, on tarde à trouver des solutions. Il faut agir maintenant.
A vous lire, la violence d’aujourd’hui semble être une conséquence de la négation de l’Histoire, en particulier de la traite des esclaves. A moins d’en être la continuation?
Les deux à la fois. Le passé qui n’est pas expurgé se répète. J’ai choisi de mettre en scène un destin d’enfant soldat parce qu’il me semblait, dans son horreur, le plus proche de ce qu’ont dû vivre des gens arrachés de leur village, enfermés, embarqués… Le désarroi est aussi grand que celui d’un enfant qu’on prend dans son village et à qui on met une arme dans les mains. On se sent impuissant et abandonné même des dieux, si on y croit. Et cela se passe dans des cultures qui imposent d’accepter son destin. Vous ne pouvez même pas y échapper par le suicide.
L’avenir de l’Afrique passe par les femmes, dit-on souvent. Votre roman est-il l’illustration de cette affirmation?
Les femmes sont l’avenir du monde, pas seulement de l’Afrique. Quand on leur donnera la place qui est la leur, pas pour dominer les hommes, je pense qu’on ira un peu mieux. Le masculin et le féminin sont deux principes qui doivent s’équilibrer. Il y a, en Afrique subsaharienne, encore beaucoup à construire pour que les gens y vivent bien. Il faudrait en particulier qu’une majorité des jeunes filles soit scolarisée. Elles ont en elles le souci de la vie. La violence n’est pas absente chez elles, mais elle s’exprime autrement.
Vous présentez Les aubes écarlates comme le deuxième volet d’une trilogie africaine. Pourquoi paraît-il en dernier?
Quand j’ai terminé le texte, je n’étais pas contente de quelque chose, mais je ne savais pas de quoi. Il m’a fallu trois ans pour trouver… L’ordre de parution est sans importance, ce n’est pas un feuilleton. Et c’était bien de laisser reposer le manuscrit. Ce temps m’a aussi permis d’acquérir le courage d’affronter le silence africain sur la traite.
Vous utilisez l’italique pour certains mots: rebelles, combattants, révolution, communauté internationale… Pourquoi?
C’est en partie une habitude prise pendant mes études. Mais c’est aussi parce que ces mots ne devraient pas être employés dans le sens où ils le sont. Il s’agit souvent d’abus de langage. Par ailleurs, le français est ma langue cérébrale. Mais, quand je tombe et que je me fais mal, je crie en douala.
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