lundi 27 août 2012

Parlez-moi de moi...

Je m'insinue (très délicatement) dans cette rentrée littéraire, n'ayant pu résister à écrire un long texte sur les trois livres que Richard Millet a publiés la semaine dernière. Je l'ai complété avec des articles plus anciens sur des romans du même auteur. Je ne leur trouvais alors rien de suspect, bien au contraire, et ils ne déclenchaient pas la polémique qui enfle pour l'instant autour de ses dernières publications. Il en résulte un petit livre électronique, dont je vous livre l'introduction.

À l’avant-veille du jour où Richard Millet publie trois livres en même temps, Langue fantôme, De l’antiracisme comme terreur littéraire et Intérieur avec deux femmes, je les lis. Avec un peu de crainte : j’ai beaucoup aimé les romans d’un écrivain que, par ailleurs, je ne connais pas. À peine si je l’ai croisé une fois entre deux portes chez Gallimard. Mais je n’ignore pas les réticences, pour le dire sans insister, qu’ont éprouvées plusieurs de ses lecteurs devant des livres plus récents, que je n’avais pas cherché à connaître. Pour me protéger ? Non, mais peut-être pour protéger l’admiration qui était la mienne. Pour ne pas tout gâcher.
Car Richard Millet suscite, pour le moins, des sentiments mélangés.
Il est à la tête d’une œuvre romanesque belle et exigeante. Il a la réputation d’être, chez Gallimard, un lecteur tout aussi exigeant, doté en outre d’un flair hors du commun : il a édité, en cinq ans, deux prix Goncourt qui étaient les premiers romans de Jonathan Littell et d’Alexis Jenni. Il est aussi l’homme qui a combattu au Liban, chrétiens contre musulmans, et il ne dédaigne pas la gloire ambiguë fournie par le sang sur les mains.
Il est enfin, dans un rôle qui prend appui sur son expérience de la guerre et qui risque d’occulter les autres, un pamphlétaire virulent attaché à décrire les causes du déclin de la France et de sa littérature. Des mots reviennent souvent sous sa plume : dégénérescence, décadence, multiculturalisme, créolisation, qui éveillent des échos déplaisants bien que l’auteur se défende de militer en faveur d’un parti. Il n’écrit en tout cas pas de slogans. Mais il n’évite pas la forme incantatoire et l’affirmation brutale d’une vérité absolue. Sa vérité, blanche, chrétienne et française de souche.
C’est là le dernier Richard Millet, celui que j’appelle d’après. Il y avait pourtant le Richard Millet d’avant, chez qui peut-être je n’avais pas été capable de déceler les prémices d’un discours qu’il est urgent de lire – pour mieux le réfuter. Mais je n’ai rien voulu changer à ce que je pensais, avant, des livres d’avant. Quant à après, c’est-à-dire maintenant, c’est bien sûr une tout autre question…

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