jeudi 10 octobre 2019

Prix Nobel de littérature : Olga Tokarczuk et Peter Handke

Je ne reste pas longtemps ici, je vous glisse à toute vitesse deux débuts de livres récents des lauréats.

On commence par Olga Tokarczuk et Les Livres de Jakob, roman traduit du polonais par Maryla Laurent.
Le bout de papier avalé se coince dans la trachée à la hauteur du cœur, la salive l’imprègne, l’encre noire, spécialement conçue pour cette missive, se dissout lentement et les lettres perdent figure. Dans le corps humain, le mot se divise alors en substance et en essence. Tandis que la première disparaît, la seconde, privée de forme, se laisse capter par les cellules du corps parce que, étant essence, elle est toujours en recherche d’un support matériel, même si cela doit se faire au prix de nombreux malheurs.
En ce qui concerne Peter Handke, voici le premier paragraphe d'Essai sur le fou de champignons, traduit par Pierre Deshusses.
« Et de nouveau ça devient sérieux », me disais-je tout à l’heure malgré moi, avant de me mettre en chemin vers ma table où je suis assis maintenant avec l’intention d’apporter une certaine – ou incertaine – clarté à l’histoire de mon ami disparu, le fou de champignons. Et dans le même temps, je me disais malgré moi : « Ce n’est pas possible ! Tout ce sérieux au moment d’aborder et d’écrire une chose qui, quoi qu’il en soit, ne va pas changer la face du monde ; une histoire qui, en préambule (mot qui, pour une fois, est à sa place) à cet essai, m’a fait revenir à l’esprit le titre d’un film italien remontant à plusieurs dizaines d’années, avec Ugo Tognazzi dans le rôle-titre : La Tragédie d’un homme ridicule – pas le film lui-même, juste le titre. »

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