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mercredi 20 septembre 2017

Victor Segalen à la Une



C'est dans Le Figaro littéraire, paru par exception ce jeudi en raison d'une grève demain, et à l'occasion de la sortie du livre que Jean-Luc Coatalem a sorti il y a quelques semaines, Mes pas vont ailleurs (Stock). Inspirée par la vie vagabonde et riche de Victor Segalen, cette fiction biographique fait rêver. "Segalen est plus connu qu'on ne le pense", dit Jean-Luc Coatalem à Astrid de Larminat, qui l'interroge.
A l'appui de cette affirmation, il cite François Mitterrand, Patrick Deville, Régis Debray qui font souvent référence à Segalen, et ajoute le nom de Michel Onfray qui va lui consacrer un livre.
(Il s'agit d'un court essai, Le désir ultramarin, annoncé chez Gallimard le 2 novembre, et qui commence par cette phrase paradoxale: "Victor Segalen, médecin militaire diplômé de l'Ecole de santé navale de Bordeaux, n'aime pas la mer.")
Je parlais aussi de Jean-Luc Coatalem dans la présentation du petit livre inédit en volume publié le mois dernier à la Bibliothèque malgache: Victor Segalen, par Gilbert de Voisins, où sont rassemblés pour la première fois les quatre grands articles que le compagnon de voyage en Chine consacra à son ami.
Dans le même temps, et parce qu'un bonheur ne peut venir seul, une réédition de René Leys avait été proposée par la Bibliothèque malgache, dans sa collection littéraire. Un roman autour duquel je tournais depuis longtemps, que je n'avais jamais en réalité lu intégralement, et dont la préparation de la version numérique m'a valu de beaux moments de lecture.
Ce n'est pas fini. Car une plongée dans les écrits de Victor Segalen est une excursion en eaux profondes, lors de laquelle on croise aussi Rimbaud ou Gauguin.
Voilà pourquoi, alors que s'annonce une grande exposition Gauguin à Paris, escortée de diverses publications, la Bibliothèque malgache peut annoncer la prochaine disponibilité d'un ouvrage numérique où le peintre rencontre l'écrivain - ce qu'ils n'ont jamais fait dans la vraie vie. Les Lettres à Georges-Daniel de Monfreid, de Paul Gauguin, sont précédées, comme dans leur édition originale de 1919, par un long hommage de Victor Segalen et suivies du texte que celui-ci consacra à l'artiste après sa mort, Gauguin dans son dernier décor.
A suivre, donc...

samedi 15 septembre 2012

Michel Onfray, victime d'un autre lynchage? Et Camus, dans tout ça?

Elle était mal partie depuis le début, ou presque, cette exposition Albert Camus à laquelle la ville d'Aix pensait depuis 2009, pour 2013 et le centenaire de la naissance de l'écrivain. Associée en principe à l'événement Marseille-Provence 2013, elle devait en être un des temps forts. Et Benjamin Stora, historien spécialiste de la guerre d'Algérie, avait été chargé d'un projet qu'il avait intitulé Albert Camus, l'étranger qui nous ressemble. C'était loin de satisfaire une partie au moins de la communauté des pieds-noirs. Hier après-midi, dans Le Monde, Jean-François Collin, président d'une association d'aide aux anciens détenus de l'Algérie française - c'est-à-dire principalement, expliquait la signataire de l'article, Catherine Simon, «aux partisans de l'OAS, emprisonnés après la tentative de putsch en Algérie, en 1958» - avait encore des mots très durs contre Benjamin Stora, «cet Israélite de Constantine [...] qui soutient les thèses du FLN».
Après un certain nombre de bâtons jetés entre les jambes de Benjamin Stora, Michel Onfray, vedette médiatique de la philosophie et auteur d'un ouvrage à succès sur Albert Camus (L'ordre libertaire: la vie philosophique d'Albert Camus, paru en janvier), avait officiellement remplacé le commissaire initialement annoncé, après un chassé-croisé d'informations lancées de manière pas toujours élégante.
Cette semaine encore, Michel Onfray revenait sur le sujet dans un article donné au Nouvel Observateur. Il était condamné, disait-il, à être celui qui allait collaborer avec une mairie d'extrême-droite et son exposition «sera obligatoirement toute à la gloire de l'Algérie française célébrée par les gros colons, les terroristes de l'OAS, les pieds-noirs confits de ressentiment! Logique du tribunal révolutionnaire: accusation publique, condamnation systématique. On ne m'a pas entendu, mais j'ai déjà la tête coupée...»
En début de dernier paragraphe, il écrivait: «Je demande à être jugé sur pièces - cette exposition en fournira l'occasion.»
Finalement, non. Hier soir, Michel Onfray publiait, sur son compte Twitter, ce message: «Michel Onfray ne signera pas la Convention qui aurait fait de lui le Commissaire de l'expo camus à Aix en 2013.»
Parlant de lui à la troisième personne, il annonçait donc qu'il avait jeté l'éponge. Encore une victime d'un lynchage, comme pourrait l'écrire Valeurs actuelles (qui consacrait la semaine dernière un dossier à l'affaire Richard Millet et à quelques sujets connexes)? Nul doute qu'il sera question de cette thèse, et Michel Onfray risque de n'être pas le dernier à la défendre, serait-ce souterrainement. Ce n'est pas jeter l’opprobre sur son œuvre personnelle que de se dire parfois irrité par ses poses de victime...
Il y avait, toujours dans Le Monde d'hier après-midi, une réflexion sage et intelligente d'Agnès Spiquel, présidente de la Société des études camusiennes: «On ne manquait pas de vrais connaisseurs qui, dans une ombre relative, servent fidèlement Camus depuis des années et auraient conçu un projet plein de solidité et de justesse. Un de ceux-ci avait d'ailleurs été contacté - sa modestie m'interdit de donner son nom -, mais il n'a pas été retenu. La France a le culte des "vedettes"...»
C'est peut-être bien le vrai problème: Michel Onfray (ou même Benjamin Stora) n'ont-ils pas assez d'autres activités pour qu'on se sente contraint, leur statut aidant, de leur donner aussi la charge d'une exposition Albert Camus?
Qu'en aurait pensé celui-ci? On n'en sait rien, bien entendu. Mais, si on le relisait, on trouverait dans son œuvre des pages que l'on pourrait méditer à nouveau. Ceci, par exemple, bien plus important que toutes les polémiques:
Ne pas se séparer du monde. On ne rate pas sa vie lorsqu'on la met dans la lumière. Tout mon effort, dans toutes les positions, les malheurs, les désillusions, c'est de retrouver les contacts. Et même dans cette tristesse en moi quel désir d'aimer et quelle ivresse à la seule vue d'une colline dans l'air du soir.
Contacts avec le vrai, la nature d'abord, et puis l'art de ceux qui ont compris, et mon art si j'en suis capable. Sinon, la lumière et l'eau et l'ivresse sont encore devant moi, et les lèvres humides du désir.
Désespoir souriant. Sans issue, mais exerçant sans cesse une domination qu'on sait vaine. L'essentiel: ne pas se perdre, et ne pas perdre ce qui, de soi, dort dans le monde.
(Carnets I: Mai 1935-février 1942)
 P.S. Pour être complet, j'ajoute un lien vers un texte bref dans lequel Michel Onfray explique pourquoi il renonce à son projet: Exposition Camus: "la nef des fous".

samedi 31 décembre 2011

L'actualité littéraire (55) - 2011, on boucle!

Ça sent 2012, vous ne trouvez pas?
Marianne, cette semaine, consacre douze pages (plus une: l'éditorial de Jacques Julliard) à L'ordre libertaire, l'essai que Michel Onfray publie la semaine prochaine, tout entier consacré à La vie philosophique d'Albert Camus (c'est le sous-titre).
Il ne s'agit évidemment que d'un début: comme tous les livres de Michel Onfray, celui-ci devrait faire abondamment parler de lui, et peut-être même se vendre très bien. Preuve, peut-être, que Camus reste un sujet "porteur", comme on dit, bien que son nom sur la couverture apparaisse dans une typographie moins voyante que celui de l'auteur. Encore plus "porteur" que son sujet, faut-il croire...

Avant de fermer la page de 2011, je tiens à préciser que les bons livres n'ont pas d'âge. La preuve? J'ouvre un livre de 1957 - pas n'importe lequel, il est vrai: Mythologies, de Roland Barthes, que j'ai dû lire trois ou quatre fois et sur lequel je retombe, un peu par hasard mais non sans plaisir.
Un extrait, tout au début, le premier paragraphe de Le monde où l'on catche, pour partager ce plaisir:
La vertu du catch, c'est d'être un spectacle excessif. On trouve là une emphase qui devait être celle des théâtres antiques. D'ailleurs le catch est un spectacle de plein air, car ce qui fait l'essentiel du cirque ou de l'arène, ce n'est pas le ciel (valeur romantique réservée aux fêtes mondaines), c'est le caractère dru et vertical de la nappe lumineuse: du fond même des salles parisiennes les plus encrassées, le catch participe à la nature des grands spectacles solaires, théâtre grec et courses de taureaux: ici et là, une lumière sans ombre élabore une émotion sans repli.
Je me console ainsi, avec ce bout de texte paru il y a un peu plus d'un demi-siècle, de ne pas vous avoir tenu quelques propos définitifs sur un roman auquel je tiens pourtant beaucoup, Le cas Sneijder. Jean-Paul Dubois, avec l'humour très fin qui le caractérise, y raconte une superbe histoire d'ascenseur vers le bas. Paul Sneijder, après avoir fait une véritable chute dans un ascenseur aussi authentique que mal entretenu, est entraîné dans une déchéance sociale dont le récit est jubilatoire.
Le temps me manque, malheureusement, pour en dire davantage. Oui, 2012 m'appelle, j'y suis déjà, et en même temps, dans un étrange écho, en 1912, comme vous le comprendrez très vite.

Soyez sages, des milliers de pages vous attendent et il ne faudrait pas, demain, avoir l’œil éteint au point de commencer l'année sans lire...