Non, je n'ai pas lu tous les livres parus de janvier à juin. (Et croyez bien que je le regrette.) Mais il est temps de se téléporter en direction du mois d'août, là où la rentrée littéraire prépare ses habituels embouteillages, ses manœuvres pour les prix littéraires, ses déceptions et ses bonnes surprises.
Je commence par le programme des Éditions du Seuil parce que, suite à un plaisant concours de circonstances, j'ai pu avoir avec Patrick Deville, qui publie Peste & choléra le 23 août, une conversation ferroviaire (et bousculée) dans la voiture-bar du TGV qui nous ramenait de Saint-Malo à Paris, à la fin du festival Étonnants Voyageurs.
Son nouveau roman s'inscrit dans la logique des précédents, Pura vida, La tentation des armes à feu, Equatoria et Kampuchéa, des livres que j'ai tous aimés par leur savant mélange de documentation parfaitement maîtrisée et de réflexion personnelle conduite au fil du récit. Mais celui-ci est encore plus séduisant, le personnage d'Alexandre Yersin, disciple de Pasteur, étant de ceux qui marqueront les mémoires. Je ne devrais pas être le seul à défendre ce texte le moment venu.
Quittant le terrain de son essai capital, Après le livre, François Bon revient à la littérature (encore faut-il penser qu'il ne l'avait jamais quittée) avec un livre très personnel, voire intime, Autobiographie des objets. Du nylon au microscope, de la règle à calcul aux autos tamponneuses, tout lui est prétexte à gambader dans les souvenirs, à faire se rencontrer le passé et le présent.
On avait beaucoup parlé du premier roman de Max Monnehay, Corpus Christine. Franchira-t-elle le cap du deuxième? Ce sera, en tout cas, Géographie de la bêtise, un village des idiots dont l'idée est tentante.
Dans le genre de construction intellectuelle d'un espace imaginaire aux règles strictes, Charly Delwart fait plus fort encore - et sur presque 500 pages. Avec Citoyen Park, un pays ressemblant furieusement à la Corée du Nord devient une sorte de studio de cinéma grandeur réelle.
La première vague de littérature en langue française proposera aussi les nouveaux livres de Tierno Monénembo (Le terroriste noir), Stéphane Zagdanski (Chaos brûlant - on en parlera beaucoup, car il y est question, par la bande si j'ose dire, de DSK) et Abdellah Taïa (Infidèles). Mais il faudra attendre le 13 septembre pour lire Je vais passer pour un vieux con et autres phrases qui en disent long, où Philippe Delerm examine de près quelques articulations de la conversation.
On aura donc eu le temps de se pencher sur la rentrée étrangère dans laquelle j'attends tout particulièrement Le bruit des choses qui tombent, du Colombien Juan
Gabriel Vásquez. Sans négliger le premier roman de la Sicilienne Viola Di Grado, 70% acrylique 30% laine, ni Le monde à l'endroit, de l'Américain Ron Rash.
Du côté des traductions, la plus espérée sera aussi la plus tardive, puisque Relevé de terre, du Portugais José Saramago, paraîtra seulement le 27 septembre. Il est vrai qu'il date, en édition originale, des années 80. On pourra donc bien patienter quelques semaines de plus.
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