samedi 16 juin 2012

Raoul Mille, le Niçois, n'écrira plus

Il y avait de la bonhomie dans le personnage Raoul Mille, et du talent chez l'écrivain qu'il était. Nice était son fief - bien plus que le fief d'aucun homme politique. Il a consacré de nombreux livres à sa ville et, quand il la quittait pas l'écriture, c'était pour y revenir. Même s'il était né à Paris et avait grandi dans le Pas-de-Calais, le lauréat du prix Interallié 1987 (pour Les amants du paradis), installé à Nice depuis un demi-siècle, y avait très logiquement été couronné par le prix Baie-des-Anges pour sa grande trilogie Le paradis des tempêtes.
Cette vaste saga court sur presque trois quarts de siècle. Avec des raccourcis qui permettent au romancier de ne pas fournir tous les détails. Il enjambe ainsi allégrement, de 1788 à 1860, une histoire européenne vue de Nice. La ville où Raoul Mille s'était posé à vingt ans est un axe secoué par les événements et disputé entre la France et l'Italie.
Deux femmes sont les personnages les plus forts de l'ensemble: Maria dans les deux premiers volumes, Mathilde, sa petite-fille, dans le dernier. Elles croisent de grands hommes qui infléchissent leur destin, et sur lesquels elles ont aussi une influence. Bonaparte, entre autres, pour Maria, d'où le titre du deuxième tome, Les enfants perdus de l'empereur. Garibaldi, qui sera Le héros des deux mondes, pour Mathilde dans le troisième tome.
La suite romanesque est enlevée à bride abattue, un peu sur le rythme des meilleurs Alexandre Dumas. L'écriture est plus classique chez Mille que chez son aîné. Mais on n'a pas vraiment le temps de s'y attarder: de la première à la dernière page, les événements se bousculent et on n'en demande pas davantage. D'autant qu'on revoit, par le petit bout de la lorgnette, des épisodes beaucoup plus figés dans les manuels d'histoire. De la littérature populaire au meilleur sens du mot, un beau et long moment de bonheur, dont on a du mal à se déprendre une fois tournée la dernière page.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire