dimanche 17 juin 2012

Un polar entre Hugo et Baudelaire

Victor Hugo n’inspire pas Viviane. Pardon : LA commissaire Lancier. Un clochard qui s’est fait la tête de l’écrivain et trimballe Les châtiments dans sa besace, pas davantage. Et, quand le jeune lieutenant Augustin Monot, licencié en lettres, commence à expliquer sa préférence pour Les rayons et les ombres, ça la gonfle. Craquant, pourtant, le petit Monot. On a beau être commissaire, on n’en est pas moins femme, tentant de maîtriser son poids et ses accès de boulimie, hésitant entre l’autorité et la douceur. Ce qui ne l’aide pas à résoudre l’affaire du clochard. Qui, oui, a été assassiné, on ne vous l’avait pas dit ?
La commissaire n'aime pas les vers n’étant pas avare en raccourcis, il suffit d’un pas, ou plutôt d’un courrier, pour passer de Hugo à Baudelaire, grâce à la découverte d’un poème inconnu qui fait des dégâts autour de lui, après avoir été remarquablement lu par le lieutenant Monot qui a, du coup, bluffé sa commissaire. Un peu dépassée par les références littéraires, mais décidée à résoudre une énigme ponctuée de cadavres. Et d’éclats de rire.
Car Georges Flipo, nouveau venu sur le terrain du polar, n’a rien perdu de l’esprit farfelu qui animait certains de ses livres précédents. S’il a soigné l’intrigue et les décors, c’est pour mieux se permettre de faire des vagues dans les dialogues et les incises. De donner un coup de pied dans un indice qui traîne là, histoire de devoir le ramasser plus loin. Malgré la présence menaçante d’un assassin, malgré d’autres enquêtes qui interfèrent avec la principale, tout cela est joyeusement loufoque. Il est permis de se laisser aller au rythme allègre sur lequel l’auteur distille horreurs et clins d’œil.
Comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, Georges Flipo avait décidé de remettre son duo en selle pour une nouvelle aventure, parue depuis (La commissaire n'a point l'esprit club). Rendez-vous, cette fois, dans un club de vacances sur une île grecque, là où tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté, ainsi que l’aurait dit Baudelaire.

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