Quarante ans d’un mariage
tout confort, sans excès. Mais, à l’intérieur, cela secoue si bien que Pierre
et Hélène sont au bout d’un cycle dont ils se sont satisfaits, aidés par
l’aisance matérielle et ancrés dans les habitudes. Parmi celles-ci, la plus
remarquable est probablement qu’Hélène aimait Pierre absent. Il l’était
souvent, cumulant les responsabilités et les postes dans des affaires
florissantes qui lui prenaient à peu près tout son temps. « Une maîtresse serait moins prenante », disait Hélène,
trouvant commode l’occupation de son mari et imaginant mal Pierre couchailler à
gauche ou à droite – ce qu’il faisait pourtant.
Hélène s’est mise en tête
de fêter dignement leur quarantième anniversaire de mariage, histoire de
montrer à toutes leurs connaissances qu’ils vont bien. Tandis que Pierre a
entrepris de se dégager du monde professionnel. Les deux projets sont en
rupture totale avec les accords tacites qu’ils avaient passés entre eux. Ils ne
sont plus dans des autos tamponneuses, à la liberté d’action limitée par la
dimension de la piste, mais plongent dans l’inconnu. Un peu effrayant, cet
inconnu. A moins qu’il soit l’occasion de rebondir.
Dans Les autos tamponneuses, Stéphane Hoffmann fouille, à la pointe sèche, les
blessures secrètes d’une bourgeoisie qui s’ennuie sans oser se l’avouer.
Sourires de façade et rancœurs tenaces, la recette est ancienne et cependant
fonctionne encore très bien quand elle est réalisée, comme ici, sans la moindre
lourdeur. Et avec un petit sourire ironique.
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