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mardi 21 octobre 2014

Robert Galbraith, alias J.K. Rowling

Lula Landry, top modèle très demandée, tombe de son balcon, s’écrase quinze mètres plus bas dans la neige et meurt. La police conclut au suicide, avec bien des arguments : cette jeune femme bipolaire venait de se disputer avec son fiancé et on lui connaissait des réactions excessives – elle est noire et J.K. Rowling (ou Robert Galbraith, comme on veut) semble s’être inspirée non seulement de l’aura de Naomi Campbell mais aussi de certaines frasques dont elle est coutumière. En outre, aucun indice ne permet d’orienter l’enquête vers un meurtre. Affaire classée.
Sinon que, trois mois plus tard, alors que le détective Cormoran Strike vient d’engager une nouvelle secrétaire intérimaire en se demandant comment il va la payer, car les affaires sont au creux de la vague, le frère de Lula débarque dans son bureau. John Bristow a choisi Strike parce que celui-ci a connu son frère Charlie, mort jeune dans une chute de vélo au fond d’une carrière désaffectée. On tombe facilement, dans cette famille, et on ne se relève pas… John engage donc Strike pour mener de nouvelles investigations, car il ne croit pas au suicide de Lula.
Commence ainsi un jeu de piste d’autant plus complexe que personne, devant Strike, ne semble lui dire l’entière vérité. Strike possède une expérience de policier respecté dans l’armée, jusqu’à ce qu’il perde une jambe et se retrouve civil. Il est organisé, obstiné, se moque de savoir s’il y a eu suicide ou non, ne tient aucun compte des intérêts des uns et des autres sauf s’ils fournissent un mobile. Une seule chose l’intéresse : découvrir la vérité. Il va donc s’y employer avec l’aide de sa secrétaire, Robin, bien plus futée qu’il l’avait cru et presque aussi obstinée que lui.
L’appel du Coucou – Coucou est le surnom que donne un couturier à Lula – est un roman policier classique, à énigme, où l’on retrouve, à la fin, le traditionnel face à face entre le coupable et celui qui l’a démasqué. Où le second explique au premier tout ce qu’il a découvert, complété de ce qu’il a deviné, et il n’y a plus rien à opposer à une logique irréfutable.
Il n’y a pas là de quoi révolutionner le genre. Mais il faut reconnaître un savoir-faire certain qui autorise à prendre du plaisir jusqu’au bout. Celui-ci s’augmente quand de légers traits d’humour éclairent l’atmosphère sombre de l’ensemble. Les lecteurs qui auront aimé se réjouiront de voir paraître, en même temps que cette réédition en poche, le deuxième volume des enquêtes de Cormoran Strike, Le ver à soie.

vendredi 5 octobre 2012

J.K. Rowling : y a-t-il une vie après Harry Potter ?

Le secret a été soigneusement préservé jusqu’à la parution d’Une place à prendre, la semaine dernière. Jeudi pour la version anglaise, vendredi pour la version française. Seuls quelques rares journalistes ont eu l’honneur, le plaisir, l’obligation (biffez les mentions inutiles) de lire le roman avant. Le système est bien rodé, il a beaucoup servi pour Harry Potter, pariant sur un enchaînement semblable à celui que décrivait déjà Corneille au 17e siècle : « Et le désir s’accroît quand l’effet se recule. » On a le droit de comprendre le sens qui se cache sous les mots tels qu’ils sont écrits, nous sommes entre adultes. Ainsi que les lecteurs d’Une place à prendre, capables de supporter des scènes sexuellement explicites, comme l’on dit pour les disques…
Donc, l’embargo a été (à peu près) respecté. Mais il ne s’agissait pas de mettre en vente un livre aussi prévisible que le 4e, 5e, etc., Harry Potter. Une des rares choses que l’on savait avant d’ouvrir l’ouvrage était précisément qu’il n’avait rien à voir avec la série pour ados. Le succès n’était donc pas tout à fait garanti. Mais la curiosité était grande malgré tout et les premiers chiffres communiqués par le magazine Livres hebdo sont rassurants pour les éditeurs qui ont payé cher le droit d’éditer l’ouvrage. 33.500 exemplaires se sont vendus en France pour les trois premiers jours. Aux États-Unis et en Grande-Bretagne, pour les quatre premiers jours, les chiffres sont respectivement de 157.000 et 124.063 exemplaires (admirez la précision !). Des ventes qui seraient flatteuses pour tout autre écrivain. Bien entendu, si on les compare aux 2,6 millions d’exemplaires du dernier Harry Potter vendus en Grande-Bretagne pendant les premières vingt-quatre heures, c’est très différent.
L’essentiel n’est cependant pas dans les chiffres mais dans les lettres. Parce qu’après tout, qu’en avons-nous à faire, de la fortune de J.K. Rowling et du bilan de ses éditeurs ? Ce qui nous intéresse vraiment, c’est le roman, ce qu’il contient, comment il est écrit. Et s’il va nous plaire.
M’a-t-il plu ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non, répondrais-je volontiers, façon normande. Il y a du bon et du moins bon dans un livre très lisible mais trop long, et qui manque d’une véritable écriture, ce qui fait la patte d’un écrivain.
J.K. Rowling sait raconter une histoire, ce n’est pas une découverte. Elle s’est probablement appliquée à l’excès pour celle-ci, où elle raconte la vie d’une petite ville anglaise, Pagford. On y est plutôt bourgeois et on y voit avec inquiétude une extension de la ville voisine, Yarvil, empiéter sur le territoire au risque d’importer les mœurs d’une population moins aisée au sein de laquelle la drogue fait des ravages.
Barry Fairbrother, conseiller paroissial, militait en faveur d’une meilleure intégration du nouveau quartier – et aussi, conséquence logique, pour des moyens plus adéquats donnés à une clinique de désintoxication. Barry Fairbrother croyait en l’humanité. Tout cela à l’imparfait car, dès les premières pages, Barry meurt.
Commence alors non seulement une lutte farouche pour prendre sa place au conseil paroissial – dont le pouvoir est presque aussi grand que celui du conseil communal – mais aussi, à travers cette lutte, le dévoilement de rancœurs, de fautes, de dérapages divers dénoncés notamment par un « corbeau », comme dans le film de Clouzot. Mais ce corbeau-ci est plusieurs même s’il utilise un seul pseudonyme (« le fantôme de Barry Fairbrother ») et connaît les codes informatiques qui permettent d’entrer sur le site du conseil.
Il y a là une belle galerie de personnages, dont certains sont détestables et d’autres, émouvants. Ils s’agitent un peu en vain, comme des acteurs qui forcent leur jeu – c’est un des défauts du roman. Mais ils connaissent leur rôle et n’en sortent pas. Du coup, ils en deviennent assez prévisibles – autre défaut…
On aurait peut-être mieux apprécié Une place à prendre s’il avait tenu en 400 pages au lieu de 680. De nombreux passages paraissent interminables, malgré le soin de la romancière à découper son texte en chapitres pas trop longs. Il n’y a aucune raison de déconseiller son livre, mais il y a tellement mieux à lire…

jeudi 15 janvier 2009

Fins de séries et suites

Les lecteurs attachés à une série voient toujours celle-ci se terminer avec une certaine angoisse. C'est comme si une amitié, voire même un amour, s'achevait. Le sentiment de perte peut être immense. Ce fut le cas avec la fin de Harry Potter, sept volumes qui se sont vendus à plus de 300 millions d'exemplaires dans le monde et qui ont eu au moins pour grand mérite, quoi qu'on pense de cette littérature, de réconcilier les jeunes lecteurs avec la fréquentation de gros volumes. Plus de 800 pages pour le dernier épisode de la série, cela n'avait apparemment rien de... sorcier.
Un de mes frères a une fille qui était âgée de huit ans à la sortie de Harry Potter et les reliques de la mort. C'est une grande lectrice et sa mère est américaine. Quand même: j'ai été impressionné quand, après avoir fini de tout lire en français, elle a recommencé... en anglais!
Je ne suis pas certain que la parution des Contes de Beedle le barde l'ait consolée de ce que J.K. Rowling l'ait un peu laissée orpheline.

Peut-être s'est-elle depuis, comme d'autres, lancée dans l'œuvre de Stephenie Meyer, une nouvelle star internationale de la littérature de jeunesse. Sa série Twilight est considérée comme un substitut acceptable. Elle compte quatre volumes (seulement, ai-je envie de dire), traduits en français sous un titre général, Saga Fascination. Dans l'ordre, Fascination, Tentation, Hésitation et Révélation pour clore le cycle.
Je fais un pari peu risqué: les prochaines rééditions de ces livres porteront le titre du film, puisque Twilight participe pour une bonne part à la relance de Stephenie Meyer.
Cette histoire d'amour où intervient un vampire, née d'un rêve fait par la romancière, s'est révélée porteuse de succès - plus de 30 millions d'exemplaires vendus.
Mais... cette série est aussi terminée. Le cinquième volume, bien que prévu, ne paraîtra pas.
Il faudra donc que la fille de mon frère trouve autre chose.

Si elle aime la bande dessinée, elle peut espérer suivre un héros increvable: Astérix. Une mine d'or pour ses créateurs, Albert Uderzo et René Goscinny. Celui-ci, scénariste, est mort en 1977. Mais celui-là, dessinateur, a prolongé les aventures du petit Gaulois.
Au contraire des diamants, Uderzo n'est pourtant pas éternel. Il aura 82 ans cette année et la question de sa succession se pose. Le groupe Hachette, qui a racheté en décembre la majorité des parts de l'éditeur Albert-René (il publiait les albums depuis 1979), annonce qu'Astérix survivra à son créateur.
Encore que...
Sylvie Uderzo, une des filles du dessinateur, s'élève dans Le Monde contre ce projet. Membre du célèbre et irréductible petit village gaulois, nourrie à la potion magique depuis l'enfance, elle fait de la résistance contre, dit-elle, les pires ennemis d'Astérix: les hommes de l'industrie et de la finance. Et revendique la fin d'Astérix le moment venu, quand son père aura disparu - à la manière de Tintin, mort avec Hergé. Et pourtant toujours vivant, paradoxe d'une œuvre qui, interrompue ou poursuivie, reste actuelle.
Alors, suite ou non?
La question me gêne un peu. Après tout, Uderzo est toujours vivant, et voilà que l'on danse déjà sur sa tombe...