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samedi 28 novembre 2020

Goncourt, les paris sont ouverts

Non, il n’y a rien à gagner dans ces paris – pour vous, pour moi au moins, car il en va tout autrement pour le lauréat ou la lauréate ainsi que pour son éditeur. Lundi, à 12 h 30, on saura lequel, des quatre ouvrages restés dans le dernier carré, auront choisi les jurés.

Je vous rappelle les livres retenus ? Oui, c’est peut-être utile pour les distraits ou les distraites.

  • Djaïli Amadou Amal. Les impatientes (Emmanuelle Collas)
  • Hervé Le Tellier. L’anomalie (Gallimard)
  • Maël Renouard. L’historiographe du Royaume (Grasset)
  • Camille de Toledo. Thésée, sa vie nouvelle (Verdier)

Comme chaque année, Livres Hebdo a demandé leur avis à quinze critiques littéraires : qui aura le Goncourt ? qui le mérite ? Le récapitulatif de tout ça a été publié hier, c’est ici. Sur le fond, je ne me démarque pas des autres, voici d’ailleurs mes réponses aux deux questions.


Dix autres critiques pensent aussi qu’Hervé Le Tellier aura le Goncourt. Mais ils ne sont que trois à me rejoindre sur le fait qu’il le mérite, ce qui donne une égalité de voix entre L’anomalie et Histoires de la nuit, de Laurent Mauvignier – dont je ne comprends pas non plus comment il n’a pas été retenu par le jury du Goncourt. Mais, bon, je ne voyais pas bien pourquoi laisser croire aux chances d’un roman ignoré par ces lecteurs-là. Quand la chance est passée…

Vingt minutes après le Goncourt, car l’événement est virtuel et minuté cette année (encore faudra-t-il voir si les connections se passent avec la souplesse souhaitée, il semble que cela n’a pas été le cas pour d’autres remises de prix dans les jours précédents), vingt minutes plus tard, donc, si tout va bien, le Renaudot donnera son palmarès. J’y serai, en principe, par écran interposé, je vous raconterai probablement cela dans Le Soir ou ici.

vendredi 27 décembre 2019

La rentrée d'hiver à la Fnac (et chez Claro)

Oui, moi aussi, j'ai basculé en 2020, même si quelques articles sont encore à paraître dans Le Soir samedi (oh! c'est déjà demain!) sur des livres de 2019. Après, actualité brûlante oblige, celui paru hier sur un ouvrage de 2020, le déjà célèbre Consentement de Vanessa Springora, désormais ennemie jurée de Josyane Savigneau.
La Fnac s'intéresse aussi à la rentrée d'hiver, même si aucun prix littéraire n'est lié à la sélection qu'elle en fait - au contraire de la rentrée d'automne. Vingt romans et récits pour annoncer janvier, équitablement répartis entre les deux principaux genres, mais cinq (six?) traductions seulement dans un choix où la littérature française domine donc, et de loin. Jugez vous-mêmes.
  • Blandine de Caunes. La mère morte (Stock)
  • Sandrine Collette. Et toujours les forêts (Lattès)
  • Aurélien Delsaux. Pour Luky (Noir sur blanc)
  • Joseph Denize. Quand on parle du diable (Julliard)
  • Jean Echenoz. Vie de Gérard Fulmard (Minuit)
  • Iegor Gran. Les services compétents (POL)
  • Fabien Henrion. Plunk (Plon)
  • Régis Jauffret. Papa (Seuil)
  • Marcus Malte. Aires (Zulma)
  • Mesha Maren. Sugar Run (traduit par Juliane Nivelt, Gallmeister)
  • Gaëlle Nohant. La femme révélée (Grasset)
  • Joseph O'Connor. Le bal des ombres (traduit par Carine Chichereau, Rivages)
  • Delia Owens. Là où chantent les écrevisses (traduit par Marc Amfreville, Seuil)
  • Karina Sainz Borgo. La fille de l'Espagnole (traduit par Stéphanie Decante, Gallimard)
  • Guillaume Sire. Avant la longue flamme rouge (Calmann-Lévy)
  • Charles Sitzenstuhl. La Golf blanche (Gallimard)
  • Deb Spera. Le chant de nos filles (traduit par on ne sait qui, on s'en fout chez Charleston)
  • Vanessa Springora. Le consentement (Grasset)
  • Min Tran Huy. Les inconsolés (Actes Sud)
  • Cherise Wolas. La résurrection de Joan Ashby (traduit par Carole Hanna, Delcourt)

Claro n'a pas choisi vingt titres mais un seul dont il a dit je ne sais combien de fois sur Twitter ces dernières semaines à quel point il avait été secoué par Enfant de perdition, de Pierre Chopinaud. J'aurais voulu le lire avant les vingt de la Fnac, mais il ne m'est pas encore passé sous les yeux. Cela ne tardera pas trop, j'espère.
(Oui, Jean-Paul, j'aurais mieux fait de vous envoyer un message plutôt que cette bouteille à la mer, je sais...)

mercredi 4 décembre 2019

Vinciane Moeschler, lauréate du Prix Rossel


Je n'ai pas pu vous l'annoncer hier, la faute à des remplacements de poteaux dans le quartier, vous savez, ces poteaux qui supportent les fils grâce auxquels l'électricité est acheminée jusqu'à chez moi - et mes voisins. Mais celles et ceux qui suivent la vie littéraire en Belgique savent déjà que Vinciane Moeschler est la lauréate, cette année, du Prix Rossel pour Trois incendies (Stock).
La romancière n'a pas tort de dire, dans l'entretien qu'elle a donné au Soir après avoir appris la bonne nouvelle: «C’est une belle histoire par rapport à ce livre, qui est sorti au mois de mai et qui n’a pas eu énormément de visibilité.»
En effet, je ne l'avais absolument pas vu passer, la visibilité n'avait pas été assurée. On se contentera donc, pour le roman de cette autrice franco-suisse (le cas est rare dans le palmarès du prix) installée depuis longtemps en Belgique, de copier ce qu'en dit l'éditeur.
Beyrouth, 1982. Avec son Rolleiflex, Alexandra, reporter de guerre, immortalise la folie des hommes. Mais le massacre de Chatila est le conflit de trop. Ne comprenant plus son métier, cet étrange tango avec la mort, elle éprouve le besoin vital de revoir sa mère, Léa…
Celle-ci, née en Belgique, a connu une enfance brutale, faite de violence et de secrets. Alors que sa mémoire s’effrite, sa fuite des Ardennes sous les assauts des nazis lui revient, comme un dernier sursaut avant le grand silence.
Et puis il y a Maryam, la fille d’Alexandra, la petite-fille de Léa. Celle qui refuse la guerre, se sent prête à aimer et trouve refuge auprès des animaux…
De Beyrouth à Buenos Aires en passant par Bruxelles, Berlin et Brooklyn, Vinciane Moeschler brosse le portrait de trois femmes, trois tempéraments — trois incendies.
Pour en savoir plus, et surtout lire un extrait du roman, suivez ce lien qui sera votre guide.

samedi 17 novembre 2018

Les cinq sélectionnés du Prix Rossel

En Belgique, l'événement littéraire de l'année est le Prix Rossel, qui sera attribué le 6 décembre. Écrivains et écrivaines belges ou installé(e)s en Belgique y sont à l'honneur, et particulièrement, pour l'instant cinq d'entre eux: trois femmes, deux hommes, présents dans la sélection publiée ce matin dans Le Soir: Et un seul de ces ouvrages publié en Belgique...
  • Adeline Dieudonné. La vraie vie (L'Iconoclaste)
  • Myriam Leroy. Ariane (Don Quichotte)
  • Sébastien Ministru. Apprendre à lire (Grasset)
  • Etienne Verhasselt. Les pas perdus (Le Tripode)
  • Sandrine Willems. Devenir oiseau (Les Impressions nouvelles)

dimanche 19 août 2018

«Je voudrais que la nuit me prenne», d'Isabelle Desesquelles


Ce pourrait être un hymne aux fesses de la mère de Clémence. Elles « se tortillaient du matin au soir pour faire rire sa fille ». Dansantes, elles font des pirouettes. Remuantes, claquées par le père, souvent à l’air – la mère se promène nue dans la maison, nage nue, cuisine et mange nue. Pas étonnant qu’Alexandre, le père instituteur, qui n’a pourtant jamais fait étudier le mot « charnel » en classe, déclare à Rosalie : « Tes fesses méritent que l’on vive pour elles. »
Du désir affiché, Clémence, à huit ans, a au moins le désir. En découvrant la sensualité des peaux qui se touchent, des pressions dont elle ne sait pas encore très bien vers quoi elles peuvent la conduire, elle partage avec sa cousine Lise des gestes agréables. « Nous étions deux gamines touillant le fond d’une eau calme, jusqu’à en faire remonter le soufre, attendant d’une bulle qu’elle éclate. »
Je voudrais que la nuit me prenne, le nouveau roman d’Isabelle Desesquelles, possède une face lumineuse mais dont la fragilité apparaît de plus en plus entre les mots qui se heurtent, dans une manière de raconter ces moments à distance : si Clémence a bien huit ans dans le récit, elle en a seize de plus au moment où elle revient sur cette époque heureuse. Et le drame auquel on touche avec un peu de crainte, tant on voudrait que la lumière ne s’éteigne jamais, surviendra forcément. Pour être d’abord annoncé avec discrétion, il n’en est pas moins au programme.
Les deux aspects sont indissociables. Le plus plaisant deviendrait mièvre s’il n’était mis en valeur par le moins agréable. La force du livre réside dans l’intime complémentarité que donne la romancière aux huit premières années et aux seize qui suivent, d’une tout autre nature – et qu’on vous laisse découvrir.

Citation
Mes parents convoitaient les orages, ils s’enthousiasmaient devant leur déchaînement, redoutable et grandiose, la pluie qui griffe le ciel, les brusques bourrasques, furieuses, ils auraient ouvert leurs bras aux éclairs s’ils n’avaient craint d’être un mauvais exemple.

ISABELLE DESESQUELLES
Belfond, 208 p., 18 €, ebook, 12,99 €

La rentrée littéraire est aussi dans Le Soir:
J.M. Coetzee, L'abattoir de verre, traduit de l'anglais par Georges Lory (Seuil)
Maylis de Kerangal, Un monde à portée de main (Gallimard, Verticales)
Ainsi que:
Emilie de Turckheim, Le Prince à la petite tasse (Calmann-Lévy), par Jean-Claude Vantroyen
Yasmina Khadra, Khalil (Julliard), par Jean-Claude Vantroyen
Carole Fives, Tenir jusqu'à l'aube (Gallimard, L'Arbalète), par Nicolas Crousse
Benjamin Whitmer, Evasion, traduit de l'américain par Jacques Mailhos (Gallmeister), par Jean-Marie Wynants
Rachel Kushner, Le Mars club, traduit de l'anglais par Sylvie Schneiter (Stock), par Cédric Petit



jeudi 5 juillet 2018

Antoine Bello explore un autre possible de la littérature


« Un des exemplaires de la bibliothèque de Babel », voilà comment Antoine Bello, maître en falsifications littéraires, nous définissait son roman Ada quand il est sorti il y a deux ans. Il est maintenant paru au format de poche, dans la collection Folio, quelques jours avant sa nouvelle œuvre, Scherbius (et moi), dont il a été question dans Le Soir.
Ada, qui donne son titre au roman d’Antoine Bello, a disparu. Il ne s’agit pas d’une personne : Ada est un programme informatique conçu pour écrire un roman qui se vendra à 100.000 exemplaires. Voilà qui dépasse un peu la compréhension de Frank Logan. Pour être basé dans la Silicon Valley, il n’en est pas moins flic et son domaine d’action est constitué par le proxénétisme, la pédophilie et l’importation illégale de travailleurs du sexe.
Il est, circonstance aggravante dans le cas de son enquête, attaché au papier. Pour le dire en un mot, Frank Logan est obsolète. L’écart qui le sépare des avancées de son époque ne se réduira pas en cours de roman, au contraire. Chaque étape qui le rapproche de la machine l’éloigne de la compréhension des enjeux littéraires et économiques dans lesquels il évolue avec des points de repère d’un autre temps. Mais cela lui donne aussi, paradoxalement, des atouts.
L’énigme est policière, sociétale et littéraire. On se régale. Et on tente d’en savoir plus avec l’écrivain qui était, ce jour-là, à New York.
Ada, est-ce un prolongement de la trilogie des Falsificateurs ?
Tous mes livres sont, d’une certaine manière, un prolongement des Falsificateurs. J’explore depuis le début le thème de la représentation du texte : une fois qu’on a créé un texte, qu’est-ce qu’il suscite chez ceux qui le reçoivent et dans quelle mesure leur représentation est-elle aussi vraie que celle de son créateur ? Le texte qui m’a probablement le plus inspiré dans l’histoire de la littérature, c’est La bibliothèque de Babel, où Borges imagine une bibliothèque de dimension colossale où on trouve tous les textes possibles quelque part sur une étagère. Ce que d’autres appellent falsification ou univers virtuel, je l’appelle un des exemplaires de la bibliothèque de Babel.
Ici, on est passé de l’homme à la machine…
On peut aussi imaginer, même si pour l’instant Ada ne signe pas ses textes, qu’à terme une intelligence artificielle signe un livre et que cela ne poserait aucun problème au lectorat. Les gens, après tout, veulent être divertis avant tout. Ada pourrait devenir un label aussi vendeur que Robert Ludlum ou Barbara Cartland.
Ou qu’un prix Pulitzer ?
Oui, c’est la dernière pirouette du livre qui dit que, quand bien même ces textes seraient écrits par des intelligences artificielles, on aura probablement toujours intérêt, pour des raisons de marketing et peut-être aussi par une forme d’ironie, à faire croire aux gens qu’ils ont été écrits par de véritables auteurs.
La machine, Ada, est malgré tout conçue par des hommes…
Oui, mais ce qui est intéressant avec le débat sur l’intelligence artificielle, dont on commence à parler en Europe mais dont on parle depuis longtemps aux Etats-Unis, c’est de se demander si, bien que créé par l’homme, cela reste au service de l’homme. Il est possible d’envisager un moment où ces machines nous échappent, soit parce qu’elles prennent conscience de leur supériorité par rapport à nous, soit tout bêtement parce que nous pouvons commettre des erreurs de programmation. Si, en gros, vous disiez aujourd’hui à une intelligence artificielle qui serait en charge de gérer les Etats-Unis d’augmenter le PNB américain, la première décision de l’intelligence artificielle serait peut-être d’annexer le Canada ou le Mexique.
La disparition d’Ada, pour la société qui l’a conçue, s’apparente-t-elle à la disparition d’une personne ?
Comme le dit Frank à un moment, les ingénieurs de Turing sont beaucoup plus compétents en matière d’informatique et sont les seuls à avoir une chance de retrouver Ada par ces moyens-là. Ce n’est pas la police, qui n’est pas équipée pour ça. Mais Turing fait appel à la police pour prendre date juridiquement. Il y a, dans ces entreprises de la Silicon Valley, un côté qu’on sous-estime souvent, c’est l’importance de la sphère juridique. Tout, dans leurs contrats, est régi par une couche de juridique extrêmement épaisse.
En découvrant votre titre, on pense à Nabokov. Vous aussi ?
Non, ce n’est pas venu de là, le prénom s’est construit sur un raisonnement. Puis, le clin d’œil m’a plu.

dimanche 20 août 2017

Une rentrée trop précoce pour les quotidiens

Voulez-vous que je vous raconte ma lecture de la presse quotidienne un jeudi normal? Non, probablement cela n'a-t-il qu'un intérêt très limité. Encore que, dans le cadre de ce blog consacré à ma vie de lecteur, c'est en prise directe avec celle-ci. Des articles qui paraissent le jeudi dans Le Figaro, Libération (quoique ce soit devenu surtout le samedi) et Le Monde, le matin pour les deux premiers, l'après-midi pour le dernier, vont dépendre parfois le choix d'ouvrir ou non, dans les jours suivants, certains ouvrages. Je lis les pages littéraires, ou plutôt je les survole, car je n'ai pas envie qu'on me dicte ce que je dois penser d'un livre. En revanche, je suis toujours prêt à accueillir de nouvelles suggestions.
Mais pas cette semaine. Alors que, si vous êtes entrés dans une librairie depuis mercredi, vous avez dû y voir, en pagaille, des romans tout frais.
Jeudi matin, Le Figaro annonçait pourtant, avec une fierté qui semblait légitime, en Une, renvoyant à deux pages intérieures, avoir sélectionné six têtes d'affiche de la rentrée littéraire. Mais Le Figaro n'a rien sélectionné du tout. Il s'est contenté des succès annoncés dont l'un perce d'ailleurs déjà dans le classement des meilleures ventes de DataLib, neuvième aujourd'hui de la catégorie romans, roman qu'il n'est d'ailleurs pas tout à fait: La Fontaine, une école buissonnière, d'Erik Orsenna (Fayard). Les autres têtes d'affiche, que vous auriez probablement désignées aussi bien vous-même, sont Marc Dugain (Ils vont tuer Robert Kennedy, Gallimard), Amélie Nothomb (Frappe-toi le coeur, Albin Michel), Sorj Chalandon (Le jour d'avant, Grasset), Eric-Emmanuel Schmitt (La vengeance du pardon, Albin Michel) et Eric Reinhardt (La chambre des époux, Gallimard).
Jeudi après-midi, Le Monde fouillait courageusement la masse, dégageait un thème (l'exofiction), cherchait et trouvait des noms connus dont les visages illustraient la double page consacrée à la rentrée: Marie Darrieussecq, Erik Orsenna, Eric Reinhardt, Patrick Deville, Kamel Daoud, Amélie Nothomb, Lola Lafon, Patrick Modiano, Jean-Philippe Toussaint, Camille Laurens. La moitié des six du Figaro, et sept de mieux. Les douze pages annoncées la semaine qui vient seront bienvenues pour approfondir un peu.
Dans Libération, on en est encore aux pages spéciales été qui proposaient hier, pour la sixième semaine, les premières pages d'un roman de la rentrée - De l'ardeur, de Justine Augier (Actes Sud). Il est probable qu'on restera encore sur sa faim samedi prochain, car la série d'avant-premières est annoncée en sept parties.
Dans les quotidiens que je lis (je ne lis certes pas tout), il fallait tourner, hier samedi, le regard vers la Belgique et Le Soir pour trouver des pages livres vraiment centrées sur des livres de la rentrée. Elle s'ouvraient sur un entretien avec Valeria Luiselli pour L'histoire de mes dents (L'Olivier). Et, à l'intérieur, j'ai apporté ma modeste contribution...

jeudi 8 décembre 2016

Le livre, ça va, ça vient (4)

60. C’est le nombre d’ouvrages réédités au format de poche entre lesquels j’ai le choix pour les cinq notules de la colonne dédiée chaque samedi dans Le Soir à cette catégorie de livres, pour la première semaine de janvier. Et encore, quand je dis que j’ai le choix, est-il possible d’éviter la relecture de Soumission, de Michel Houellebecq, qui sort cette semaine-là avec un tirage digne de l’attente de son éditeur, ou celle de D’après une histoire vraie, de Delphine de Vigan ? Voilà pour J’ai Lu et Le Livre de poche. Restent trois places pour un nombre bien plus élevé de collections… Vous me direz que j’ai encore le temps de réfléchir.

En revanche, pour ceux qui sont pressés, la rentrée littéraire de janvier (dont certains titres sont annoncés le 28 décembre en librairie) est déjà disponible. Pour une infime partie, certes, mais de manière tout à fait légale et même pour des lecteurs non professionnels – ceux-ci, je me réjouis d’en faire partie, reçoivent les livres depuis des semaines, voire des mois.
Mais voyez Six degrés de liberté, le roman de Nicolas Dickner (que l’on ne confondra pas avec Joël Dicker), à paraître aux Editions du Seuil le 5 janvier. Nicolas Dickner, originaire de Rivière-du-Loup (Canada), publie logiquement ses livres au Québec, où il a d’ailleurs reçu en 2005 le Prix des Libraires. En mars de l’année dernière, il a donc sorti son troisième roman chez Alto : Six degrés de liberté. On peut donc le lire depuis un an et demi.

Elena Ferrante intrigue autant qu’elle séduit, ou le contraire. Les « révélations » à propos de son identité, puisque le pseudonyme cache forcément quelqu’un, ont fait beaucoup de bruit il y a peu de temps. Comme dirait (aurait dit ?) Jacques Chirac, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. Car, franchement, et entre nous, quel intérêt qu’une enquête sur le nom d’une romancière, et pourquoi ne pas plutôt lire ses livres ?
C’est ce que je fais pour l’instant, puisque, oui, oui, j’ai honte, je n’avais jamais ouvert un de ses romans. J’ai commencé par L’amie prodigieuse, où je me suis senti très bien, je continue dans la foulée avec le deuxième volume, Le nouveau nom (qui, tiens ! tiens ! sort en poche dans la première semaine de janvier), et je poursuivrai avec le troisième, Celle qui fuit et celle quireste, à paraître le 3 janvier. Soit un peu plus de 1 500 pages pour les trois quarts de ce qui est, je crois, une tétralogie – et j’aurai peut-être le regret de ne pas avoir attendu la fin de la traduction française pour cette longue plongée…

samedi 7 décembre 2013

Yvon Toussaint, l'autre disparu de la semaine

Chère cousine,

D'autres parlent mieux que moi de Nelson Mandela dont la mort, bien qu'attendue, m'a fait trembler un instant. Ce bref tremblement s'est renouvelé tout à l'heure quand j'ai appris, en lisant Le Soir dont il avait été directeur et rédacteur en chef, la mort d'Yvon Toussaint. Ce nom ne te dit peut-être rien, bien que tu puisses trouver dans mon blog une note consacrée à L'assassinat d'Yvon Toussaint - un autre Yvon Toussaint, parfait homonyme et médecin haïtien. En revanche, tu as déjà entendu parler de son fils, Jean-Philippe, qui a été un des romanciers les plus en vue de la dernière rentrée littéraire. Car oui, c'est la même famille, dans laquelle on trouve aussi Monique, une libraire - l'épouse d'Yvon -, et Marie-Dominique, leur fille, donc la sœur de Jean-Philippe, productrice de cinéma.
Yvon avait quitté Le Soir depuis longtemps - à l'arrivée de Robert Hersant dans le capital de la société, et pour des raisons de principe auxquels ils sont si peu nombreux à être fidèles. Il y était revenu, certes, par le biais d'une chronique dont la pertinence prouvait, s'il en était besoin, qu'il avait gardé son regard aigu sur le monde et la manière dont celui-ci tourne plus ou moins régulièrement.
Il avait été mon patron quand il m'a engagé à temps plein alors que j'étais un pigiste parmi beaucoup d'autres. En fait, il m'avait déjà chargé, en plus des articles littéraires que je donnais depuis 1983, d'une tâche excitante et lourde, pour laquelle j'avais travaillé à mi-temps pendant un an: réaliser deux fois par semaine, en collaboration avec un autre journaliste, une page résumant une année vue par le journal qui avait cent ans en 1987. C'est devenu un livre, que malheureusement j'ai égaré mais qu'on trouve encore dans le commerce de l'occasion.
J'ai, tu l'imagines, de nombreux souvenirs d'un homme que je respectais, admirais, et auquel je portais aussi de l'affection. Une seule anecdote. En 1987 aussi, Pierre Mertens reçoit le Prix Médicis. Il était aussi collaborateur du Soir. Forcément, nous étions heureux pour lui, et même pour nous, après tout. Il y avait des articles à écrire pour l'édition du lendemain. Il a fallu travailler vite car à peine la nouvelle était-elle connue qu'Yvon Toussaint avait réservé trois places dans le train de Paris pour que lui-même, Jacques de Decker et moi puissions être le soir même à la fête organisée par l'éditeur de Pierre, Le Seuil, pour saluer le lauréat. Une belle fête, d'ailleurs, prolongée très tard jusque dans les rues qui nous ramenaient à notre hôtel puis dans la chambre de Pierre où nous avons vidé le mini-bar. Heureux temps où un rédacteur en chef invitait un journaliste et un pigiste à partager des réjouissances...
Bon tout cela ne t'intéresse peut-être pas beaucoup, mais à qui voulais-tu que je le dise? Et puis, il me semble que je ne t'avais jamais raconté ça...
Je t'embrasse,

ton cousin


vendredi 24 février 2012

Vendredi, ah! vendredi! Jour du "Soir", des "Nouvelles" et de "Livres Hebdo"

Aujourd'hui, c'est normalement le jour de la semaine où je me la coule plutôt douce. Le seul, habituellement. Sinon qu'aujourd'hui, pour cause de table ronde demain matin à l'Institut français de Madagascar à propos de bibliothèques numériques (voir le blog d'en face pour les détails), pour cause aussi de Foire du Livre de Bruxelles qui entraîne un surcroît de travail en vue de la semaine prochaine (presque déjà là, la semaine prochaine), je n'ai pas eu le temps d'aller me saouler la gueule faire mes courses hebdomadaires en ville.

La véritable récompense du vendredi, de toute manière, ce n'est pas cela. C'est la publication de l'essentiel du travail accompli pendant les six jours (disons cinq) qui précèdent.

Le vendredi est en effet le jour de parution des pages "livres" du Soir, où je me réjouis à chaque fois (que c'est possible) de parler de livres au format de poches. Et pour lesquelles j'ai eu la chance de lire aussi cette fois, entre autres choses, la formidable biographie de Maupassant par Marlo Johnston, un modèle du genre.
A l'attention des compteurs de pages, je précise que, si le livre en fait 1300, les 200 dernières sont des annexes et des notes (bon, j'ai lu les annexes quand même, mais pas les notes) et qu'il m'a manqué, pour d'obscures raisons de transfert de fichiers, les 200 pages du milieu. Il me restait quand même largement de quoi me régaler.

Le vendredi est aussi, dans Les Nouvelles, quotidien malgache en français avec lequel il m'est déjà arrivé de travailler en 2005 et 2006, le jour d'une page dont j'ai proposé l'idée, acceptée dans la foulée, consacrée à la culture internationale
Je la conçois tout seul, j'envoie textes et illustrations le jeudi, c'est dans le journal le lendemain, et personne ne me dit ce que je dois faire. (Pas de chef, une forme de bonheur, oui!) J'y parle de livres, bien sûr, on ne se refait pas, mais aussi de musique et de cinéma, selon l'actualité.
L'actualité, cette semaine, ce sont les Césars (que j'écris avec majuscule et au pluriel, tant pis pour les puristes) et les Oscars, auxquels j'ai donc consacré l'ensemble des articles. Ce qui m'a conduit à regarder 12 films - il m'en a manqué deux de chaque côté de l'Atlantique. Car on ne se refait pas (bis), je regarde les films et j'écoute les disques avant d'écrire mes articles, de la même manière que je lis les livres.

Enfin, le vendredi m'arrive, quand la connexion Internet le veut bien (ce n'est pas vraiment le cas depuis une semaine, explication de mon silence pendant ce temps), la nouvelle livraison de Livres Hebdo. Je ne suis pas collaborateur de Livres Hebdo (je le fus de leur site Internet, pour un blog éphémère). Sauf cette semaine, à l'occasion de la Foire du Livre de Bruxelles (tout est dans tout, et réciproquement), où le magazine désirait une tribune d'un journaliste littéraire belge. A qui demander? La question a été posée à une attachée de presse parisienne, qui a renvoyé vers ma collègue préférée, qui elle-même m'a proposé le sujet. L'article est donc paru aujourd'hui.


Finalement, je me demande si je n'ai pas mérité de me reposer un peu...