L’expédition de Sir Ernest Shackleton sur L’Endurance est un voyage vers l’Antarctique qui a suscité de nombreux ouvrages et même des films. La plupart sont des documentaires et Shackleton lui-même a fourni le récit de cette extraordinaire aventure (L’odyssée de L’Endurance).
Mirko Bonné, quant à lui, passe à la fiction. Pour marquer la distance qu’il prend avec les faits réels, il rebaptise un des membres de l’expédition pour en faire son narrateur: Perce Blackborow devient Merce Blackboro. Et se retrouve du même coup avec des initiales identiques à celles du romancier.
Mais la distance n’est pas si grande: Merce, comme son modèle, a dix-sept ans au début de l’expédition et a embarqué comme… passager clandestin. Accepté malgré tout par l’équipage, il va vivre, avec les autres, de 1914 à 1916, une autre sorte de guerre – ignorant tout, comme ses compagnons, du déroulement du conflit mondial qui fait rage à ce moment. Six cent trente-cinq jours au cours desquels tous croiront souvent voir leur mort, et dont tous reviendront vivants, à la grande surprise de ceux qui ne les attendaient plus. Une sorte de miracle, à moins que la volonté inébranlable de Shackleton leur ait permis ce retour au monde réel – parfois pour y mourir autrement, puisque la guerre n’est pas finie.
A une question d’une lady qui l’interroge lors d’une de ses conférences, Shackleton répondra: «La glace, madame, c’est le souvenir de l’eau, ce n’est pas l’eau elle-même». Et c’est bien la glace, plutôt que l’eau, qui emprisonne L’Endurance et ses hommes. Qui broie le bateau comme on écrase un gobelet en plastique, avant de le relâcher pour le laisser couler.
Il y aura aussi, au bout de quelques mois, la faim et la soif. Tous les éléments d’un drame sont réunis. Au milieu duquel l’équipage résiste comme il le peut, affaibli aussi par des inimitiés qui mettront longtemps à s’effacer devant les nécessités imposées par les circonstances.
Le décor est splendide. Blocs et aiguilles de glace, neige et bouillie d’eau qui se fige, sous une température qui, même l’été, reste très inférieure à 0°. Le froid agresse la peau et l’organisme, rend pénible le moindre effort… Mais ce décor est dangereux. La glace bouge, craque et fait dériver le bâtiment avant son naufrage. Elle ferme, avec une tranquille autorité, les passages qui semblaient s’ouvrir.
Fort de sa connaissance des expéditions passées grâce aux livres de la bibliothèque de Shackleton, Merce compare les situations et observe comment un chef d’expédition réagit devant des événements similaires. Il garde, dans son vêtement, un petit poisson que lui a donné, en guise de porte-bonheur, Ennid, la femme qu’il aime. Elle y a placé un mot que Merce pourrait lire s’il le voulait – mais il retarde sans cesse le moment de le faire…
Un ciel de glace est un roman qui donne froid. Qui fait entendre les convulsions de la banquise. Qui fait vibrer à l’unisson de ces hommes d’exception. Et qui impressionne.
Mirko Bonné, quant à lui, passe à la fiction. Pour marquer la distance qu’il prend avec les faits réels, il rebaptise un des membres de l’expédition pour en faire son narrateur: Perce Blackborow devient Merce Blackboro. Et se retrouve du même coup avec des initiales identiques à celles du romancier.
Mais la distance n’est pas si grande: Merce, comme son modèle, a dix-sept ans au début de l’expédition et a embarqué comme… passager clandestin. Accepté malgré tout par l’équipage, il va vivre, avec les autres, de 1914 à 1916, une autre sorte de guerre – ignorant tout, comme ses compagnons, du déroulement du conflit mondial qui fait rage à ce moment. Six cent trente-cinq jours au cours desquels tous croiront souvent voir leur mort, et dont tous reviendront vivants, à la grande surprise de ceux qui ne les attendaient plus. Une sorte de miracle, à moins que la volonté inébranlable de Shackleton leur ait permis ce retour au monde réel – parfois pour y mourir autrement, puisque la guerre n’est pas finie.
A une question d’une lady qui l’interroge lors d’une de ses conférences, Shackleton répondra: «La glace, madame, c’est le souvenir de l’eau, ce n’est pas l’eau elle-même». Et c’est bien la glace, plutôt que l’eau, qui emprisonne L’Endurance et ses hommes. Qui broie le bateau comme on écrase un gobelet en plastique, avant de le relâcher pour le laisser couler.
Il y aura aussi, au bout de quelques mois, la faim et la soif. Tous les éléments d’un drame sont réunis. Au milieu duquel l’équipage résiste comme il le peut, affaibli aussi par des inimitiés qui mettront longtemps à s’effacer devant les nécessités imposées par les circonstances.
Le décor est splendide. Blocs et aiguilles de glace, neige et bouillie d’eau qui se fige, sous une température qui, même l’été, reste très inférieure à 0°. Le froid agresse la peau et l’organisme, rend pénible le moindre effort… Mais ce décor est dangereux. La glace bouge, craque et fait dériver le bâtiment avant son naufrage. Elle ferme, avec une tranquille autorité, les passages qui semblaient s’ouvrir.
Fort de sa connaissance des expéditions passées grâce aux livres de la bibliothèque de Shackleton, Merce compare les situations et observe comment un chef d’expédition réagit devant des événements similaires. Il garde, dans son vêtement, un petit poisson que lui a donné, en guise de porte-bonheur, Ennid, la femme qu’il aime. Elle y a placé un mot que Merce pourrait lire s’il le voulait – mais il retarde sans cesse le moment de le faire…
Un ciel de glace est un roman qui donne froid. Qui fait entendre les convulsions de la banquise. Qui fait vibrer à l’unisson de ces hommes d’exception. Et qui impressionne.
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