mercredi 31 juillet 2013

Des poches pour la route (6)

Deon Meyer, A la trace
L’Afrique du Sud, avec ou sans Mandela, est un pays qui déborde de ses frontières et offre à Deon Meyer un formidable terrain d’exploration, en marge de la société. Dans ce gros roman dont la dernière partie se raccroche aux trois premières par un spectaculaire rétablissement, il multiplie les intrigues croisées. Guerre des gangs, trafic de rhinocéros cachant peut-être autre chose, bateau suspect chargé d’une cargaison inquiétante, indices d’un attentat d’Al-Qaïda en préparation… Milla, qui découvre le monde du renseignement, rencontre le séduisant Lukas Becker et s’imagine en chemin vers la grande aventure. Mais de quel côté de la légalité ? Les nœuds sont si serrés que la lecture se fait parfois presque à l’aveugle. Mais Deon Meyer ne lâche rien avant la fin.

Paul Fournel, La liseuse
Robert Dubois, éditeur parisien à l’ancienne, sur le point d’être largué par une époque trop rapide pour lui, découvre le livre électronique grâce à une stagiaire. Une révolution, un effondrement qui confirme tout ce qu’il craignait. Il n’est pourtant pas opposé a priori au progrès. Mais son amour du papier est tel qu’il ne retrouve plus le plaisir de lire. Sinon à la fin, quand il se retranche derrière une muraille faite de tout ce qu’il n’a pas eu le temps de lire pendant qu’il était éditeur. Paul Fournel ne prétend pas être semblable à son personnage. Il le montre à un moment où quelque chose se ferme définitivement pour lui. Il en fait un portrait amical, tremblé, dans un amour commun entre Robert Dubois et son créateur pour la lecture. Quel que soit le support.

Pierre Michon, Je veux me divertir
Pierre Michon aime le court et on aime sa manière de faire court. Inspiré par le peintre Watteau, ce texte extrait de Maîtres et serviteurs donne la parole au curé de Nogent et déploie un style somptueux. Devant sa toile, l’artiste ébauche de grands gestes qui finissent en petites touches, comme s’il devait se lancer de loin pour arriver à la précision. L’écrivain pratique la même retenue, précédée d’élans qui semblent devoir nous emporter au-delà du sujet, et y reviennent toujours.

Dominique Manotti et DOA, L’honorable société
Un meurtre empoisonne l’entre-deux tours d’une élection présidentielle française. Il existe une manière simple de se débarrasser du problème : orienter l’enquête vers un groupe d’activistes écolos. Mais les liens entre la politique et l’économique sont assez incestueux pour sentir très mauvais. Bien sûr, toute ressemblance avec des personnages connus ne serait due qu’à l’imagination du lecteur. Imagination bienvenue, qui titille l’esprit pendant tout un roman nerveux et bien informé.

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