Il y a quelques années (assez nombreuses, ces années), j'avais utilisé dans un article l'expression "politiquement correct" que le chef d'édition m'avait demandé de modifier parce qu'il ne la comprenait pas et que, donc, nos lecteurs ne la comprendraient pas non plus. Il n'avait probablement pas tort. Mais, s'il était encore en poste aujourd'hui, il ne réagirait pas de la même manière. Le politiquement correct est partout: on enlève la cigarette de Malraux ou la pipe de Tati sur les timbres et les affiches, au prétexte que la publicité pour le tabac est interdite. Sans penser un instant qu'en pratiquant comme les plus efficaces censeurs de l'ère stalinienne, on réécrit une Histoire qui n'en demandait pas tant, trompant par la même occasion un public qui, souvent, ignorera l'image authentique.
Voilà qu'un éditeur américain de Mark Twain a eu une nouvelle idée, dans le même état d'esprit: supprimer de la prochaine édition des Aventures de Tom Sawyer et surtout de leur suite, celles de Huckleberry Finn, l'infâme mot "nigger".
L'éditeur, Alan Gribben, était (quand même) conscient de la polémique qui pourrait naître après cette décision. Ce qu'il appelle "the pejorative n-word" (qu'il n'ose même pas citer dans sa préface!), utilisé 218 fois par Mark Twain dans Huckleberry Finn (et, ajouterai-je, neuf fois dans Tom Sawyer), est donc remplacé, pour atténuer l'offense, par le mot "slave".
Il n'y a pas (tout à fait) de quoi en faire une affaire d'État. Mais quand même... Modifier le texte d'un écrivain n'est pas une initiative anodine. Je me demande même si le droit moral des héritiers ne pourrait pas être invoqué pour interdire cette pratique dont on voit où elle commence, et dont on ne sait où elle s'arrêtera.
Car la prochaine étape devrait consister, si la logique est respectée, à supprimer le mot "femme" de tous les livres puisque (merci, John Lennon) Woman is the Nigger on the World...
Voilà qu'un éditeur américain de Mark Twain a eu une nouvelle idée, dans le même état d'esprit: supprimer de la prochaine édition des Aventures de Tom Sawyer et surtout de leur suite, celles de Huckleberry Finn, l'infâme mot "nigger".
L'éditeur, Alan Gribben, était (quand même) conscient de la polémique qui pourrait naître après cette décision. Ce qu'il appelle "the pejorative n-word" (qu'il n'ose même pas citer dans sa préface!), utilisé 218 fois par Mark Twain dans Huckleberry Finn (et, ajouterai-je, neuf fois dans Tom Sawyer), est donc remplacé, pour atténuer l'offense, par le mot "slave".
Il n'y a pas (tout à fait) de quoi en faire une affaire d'État. Mais quand même... Modifier le texte d'un écrivain n'est pas une initiative anodine. Je me demande même si le droit moral des héritiers ne pourrait pas être invoqué pour interdire cette pratique dont on voit où elle commence, et dont on ne sait où elle s'arrêtera.
Car la prochaine étape devrait consister, si la logique est respectée, à supprimer le mot "femme" de tous les livres puisque (merci, John Lennon) Woman is the Nigger on the World...
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