Deon Meyer, A la trace
L’Afrique du Sud, avec ou
sans Mandela, est un pays qui déborde de ses frontières et offre à Deon Meyer
un formidable terrain d’exploration, en marge de la société. Dans ce gros roman
dont la dernière partie se raccroche aux trois premières par un spectaculaire
rétablissement, il multiplie les intrigues croisées. Guerre des gangs, trafic
de rhinocéros cachant peut-être autre chose, bateau suspect chargé d’une
cargaison inquiétante, indices d’un attentat d’Al-Qaïda en préparation… Milla,
qui découvre le monde du renseignement, rencontre le séduisant Lukas Becker et
s’imagine en chemin vers la grande aventure. Mais de quel côté de la
légalité ? Les nœuds sont si serrés que la lecture se fait parfois presque
à l’aveugle. Mais Deon Meyer ne lâche rien avant la fin.
Paul Fournel, La liseuse
Robert Dubois, éditeur
parisien à l’ancienne, sur le point d’être largué par une époque trop rapide
pour lui, découvre le livre électronique grâce à une stagiaire. Une révolution,
un effondrement qui confirme tout ce qu’il craignait. Il n’est pourtant pas
opposé a priori au progrès. Mais son amour du papier est tel qu’il ne retrouve
plus le plaisir de lire. Sinon à la fin, quand il se retranche derrière une
muraille faite de tout ce qu’il n’a pas eu le temps de lire pendant qu’il était
éditeur. Paul Fournel ne prétend pas être semblable à son personnage. Il le
montre à un moment où quelque chose se ferme définitivement pour lui. Il en
fait un portrait amical, tremblé, dans un amour commun entre Robert Dubois et
son créateur pour la lecture. Quel que soit le support.
Pierre Michon, Je veux me divertir
Pierre Michon aime le
court et on aime sa manière de faire court. Inspiré par le peintre Watteau, ce
texte extrait de Maîtres et serviteurs
donne la parole au curé de Nogent et déploie un style somptueux. Devant sa
toile, l’artiste ébauche de grands gestes qui finissent en petites touches,
comme s’il devait se lancer de loin pour arriver à la précision. L’écrivain
pratique la même retenue, précédée d’élans qui semblent devoir nous emporter
au-delà du sujet, et y reviennent toujours.
Dominique Manotti et DOA,
L’honorable société
Un meurtre empoisonne l’entre-deux tours d’une
élection présidentielle française. Il existe une manière simple de se
débarrasser du problème : orienter l’enquête vers un groupe d’activistes
écolos. Mais les liens entre la politique et l’économique sont assez incestueux
pour sentir très mauvais. Bien sûr, toute ressemblance avec des personnages
connus ne serait due qu’à l’imagination du lecteur. Imagination bienvenue, qui
titille l’esprit pendant tout un roman nerveux et bien informé.
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