dimanche 10 octobre 2010

Un Maigret dominical (7) : Le revolver de Maigret

D'un Maigret à l'autre, Simenon tire parfois des fils, comme dans celui-ci où l'on retrouve un personnage déjà rencontré précédemment. Suite, comme chaque dimanche, de ma participation au challenge Maigret.

De Paris à Londres
Le revolver de Maigret (1952)

Qui l'eût cru? Maigret gardait un revolver chez lui. Il est vrai que le Smith & Wesson 45 spécial à canon court, gravé à son nom, est un souvenir offert par les Américains à l'occasion d'une invitation du FBI. L'arme n'est pas chargée et n'a jamais servi. Mais elle a disparu après la visite d'un jeune homme que Madame Maigret a laissé entrer sans méfiance. Quelqu'un qui prend la peine de s'emparer d'un revolver a plus ou moins l'intention de s'en servir.
Mais où et quand? Le commissaire peut d'autant moins le deviner qu'il ne sait même pas qui était son étrange visiteur.
Le même soir, le couple Maigret a son dîner mensuel chez le docteur Pardon où ne vient pas un ami du médecin qui a pourtant insisté pour rencontrer le policier.
Deux événements curieux et inexplicables le même jour, c'est assez pour provoquer l'inquiétude et déclencher un vague début d'investigations.
Simenon lui-même semble tâtonner, ne pas très bien savoir dans quelle direction il va conduire son héros, et quels sont les éléments d'une enquête molle qui serviront de déclencheurs. De temps à autre, le roman connaît une accélération subite, pour retomber presque aussitôt dans une sorte de langueur. L'enthousiasme manque, à l'évidence, pour résoudre une énigme qui n'a pas été vraiment posée.
Et puis, une trentaine de pages sauvent le roman, qui en avait bien besoin. Mis sur une piste qui ne mérite pas de s'y appesantir, Maigret prend l'avion pour Londres. Il y retrouve Pyke, l'inspecteur de Scotland Yard qui l'avait un peu encombré dans Mon ami Maigret (paru trois ans plus tôt), et qui met cette fois les services britanniques à sa disposition.
Installé à l'hôtel Savoy, en face de la chambre occupée par une femme qui est au centre de tous les problèmes, le commissaire se heurte aux horaires stricts d'ouverture du bar. «Pourquoi diable n'avait-il pas le droit de boire un verre avant onze heures et demie?»
En raison de la surveillance qu'il exerce sur la porte d'entrée de l'hôtel, un peu plus tard, il n'ose pas quitter le hall alors qu'il a faim et de nouveau soif. Il faut qu'un vieux gentleman à cheveux blancs appuie sur un bouton servant à appeler un serveur pour qu'il comprenne. Et ils ont même de la bière! Mais il n'ose pas en prendre deux, comme il l'aurait fait en France. «Et il enrageait de ne pas oser. Cela l'humiliait de se sentir intimidé.»
Un mois après le début du roman, il se termine sur le dîner rituel chez Pardon. L'histoire n'est pas finie pour autant. Simenon n'a pas vu quel intérêt il y aurait eu à la mener à son terme. Nous non plus.

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