mardi 19 septembre 2017

C'est quoi, le style?

N'importe qui, alignant trois phrases ou 315 pages, peut croire avoir du style. Il y a quelques heures, je discutais avec l'auteur d'un livre (315 pages) dont le texte, des notes prises au quotidien sur sa vie dans le Sud de Madagascar, semble jeté là au hasard des premiers mots qui lui passent par la tête, et tant pis s'il en manque, des mots, "c'est mon style", m'a-t-il dit, coupant court à la démonstration laborieuse entamée pour lui prouver qu'il n'en avait aucun. Bon... Après tout, qui suis-je pour penser le contraire? Ce n'est pas moi qui l'ai écrit, son livre! (Et je m'en félicite.)
N'importe qui, lisant un livre, peut dire qu'il a un style. Ou pas. Je viens de le faire. Le jury du Prix du Style aussi, avec la participation, depuis l'an dernier, s'ils y sont encore [vérification faite, non], mais j'espère que oui parce que j'avais bien ri, de Tristane Banon et Marc Levy, a publié sa première sélection, en attendant la seconde le 2 octobre et la proclamation le 21 novembre. Regardez-la bien, cette sélection, vous y apprendrez que Marc Dugain est jugé digne d'être récompensé pour son style. Avis pour le moins inattendu, on peut le féliciter pour bien des qualités, celle-là semble cependant assez douteuse. Bref, voici les quatorze ouvrages retenus.
  • Kaouther Adimi. Nos richesses (Seuil)
  • Jakuta Alikavazovic. L'avancée de la nuit (L'Olivier)
  • Michèle Audin. Comme une rivière bleue (Gallimard)
  • Sophia Azzeddine. Sa mère (Stock)
  • Miguel Bonnefoy. Sucre noir (Rivages)
  • Delphine Coulin. Une fille dans la jungle (Grasset)
  • Cyril Dion. Imago (Actes Sud)
  • Marc Dugain. Ils vont tuer Robert Kennedy (Gallimard)
  • Brigitte Giraud. Un loup pour l'homme (Flammarion)
  • Gaëlle Nohant. Légende d'un dormeur éveillé (Héloïse d'Ormesson)
  • Véronique Olmi. Bakhita (Albin Michel)
  • Evelyne Pisier et Caroline Laurent. Et soudain, la liberté (Les Escales)
  • Monica Sabolo. Summer (JC Lattès)
  • Chantal Thomas. Souvenirs de la marée basse (Seuil)
P.-S. Je reçois à l'instant les résultats des Prix de la Vocation, ils sont deux lauréats pour la littérature et, si je n'ai pas lu Mise en pièces, de Nina Leger (Gallimard), il m'a semblé que L'été des charognes, de Simon Johannin (Allia) était un remarquable premier roman, plein de colère non retenue. Les distractions manquent à la campagne. Alors, les gamins explosent des chiens, goûtent à l’odeur de la charogne, se cognent dessus, se font cogner par les parents, regardent ceux-ci picoler. Toute la noirceur d’une vie qui débouchera, plus tard, sur d’autres distractions, guère plus saines. Comme s’ils avaient été coulés dans un moule dont ils devaient déborder à force de pourriture.
Un prix Prix de la Vocation de poésie a été aussi décerné, à Jean d'Amérique.

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