mercredi 11 décembre 2013

Les meilleurs poches de l'hiver (1)

Deux fois par an, sauf quand j'oublie de le faire, je vous propose ma sélection des poches qu'il n'aurait pas fallu manquer à leur parution et qu'il n'est pas trop tard pour lire, à la faveur, pourquoi pas, des longues soirées d'hiver. Sélection toute subjective, faut-il le dire, et dans laquelle on trouve des choses inattendues, qui me surprennent parfois moi-même quelques mois plus tard. Mais, que ce soit clair, pour des raisons diverses, ces livres-ci et ceux qui suivront dans les jours prochains, je les ai a-do-rés!

Autour d’une date clé, le 1er octobre 1989, se déploient deux époques – avant et après – dans la vie d’une famille et dans l’Histoire de l’Allemagne de l’Est. Soit, en gros, avant et après le Mur de Berlin. Le roman s’évade au Mexique, où Alexander revient en 2001, bien dans sa peau, bien dans son corps de coureur mais atteint d’un cancer. Les conflits de personnes et de points de vue idéologiques se compliquent les uns par les autres, dans une fresque de haute tenue.

Simon Mawer, Le palais de verre
Dans les années 1920, Viktor Landauer, constructeur automobile tchécoslovaque, et sa femme Liesel se font construire une maison d’avant-garde : métal, béton et surtout verre. Une œuvre d’art, que leurs contemporains ne comprennent pas vraiment. Ils sont, il est vrai, préoccupés d’un mouvement qui enfle en Allemagne et qui se prépare à bouleverser le monde. Dans le même temps où l’amour entre les époux faiblit doucement. La beauté et le bonheur en question.

C’est l’histoire d’un bar. Ou l’histoire de deux amis. Ou du succès qui précède la chute, selon saint Augustin. C’est tout cela à la fois, dans une langue sinueuse et superbe, à travers laquelle les événements sont mis en valeur sous une lumière singulière. Au point de départ, une photo qui n’explique pas tout, et il arrive qu’on l’oublie presque, mais on y revient de temps à autre comme on reprend la clé qui va nous expliquer non seulement l’absence mais aussi la vie. Prix Goncourt 2012.

Emmanuelle Pireyre, Féerie générale
Sur base de sept questions improbables, Emmanuelle Pireyre dessine, comme de bric et de broc, un paysage flou plein de fantaisie et, on le découvrira au fur et à mesure, d’une sagesse souterraine. Quand bien même cette sagesse prend souvent les allures de la folie, aux marges de la raison raisonneuse. Cela pétille comme un vin jeune, on en sort avec le genre d’ivresse que provoque cette boisson : la tête plus légère et un peu mieux faite. Un objet littéraire non identifié, prix Médicis 2012.

Linda Lê, Lame de fond
En confidence, Van, né au Vietnam et installé en France, parle d’outre-tombe. Sa vie s’est conclue sur un fait divers tragique : la voiture que conduisait son épouse l’a écrasé. Van aimerait comprendre ce qui s’est exactement passé, si elle a voulu le tuer ou si l’accident ne résulte que d’un malheureux hasard. Interrompant son long soliloque, trois voix de femmes fournissent quelques clés de ce qui, en aval, a nourri cette histoire. Le chœur n’explique pas tout, mais il est somptueux.

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