samedi 14 décembre 2013

Les meilleurs poches de l'hiver (4)

Vous n'en avez pas assez? En voici encore. Et ce n'est pas fini.

Pierre Singaravélou (dir.), Les empires coloniaux

La colonisation, une histoire à sens unique comme on l’écrivait pendant et juste après, c’est bien fini. Les chercheurs, désormais pluridisciplinaires et ouverts à la diversité des cas à travers le monde, apportent bien des nuances à l’ancienne vision monolithique. L’interaction entre le colonisateur et le colonisé, les races et les classes, les enjeux économiques et de civilisation, voilà quelques lignes de force d’un ouvrage collectif inédit qui oblige à réfléchir autrement. Tant mieux.

Toni Morrison, Home

Toni Morrison jette d’abord un voile sur l’histoire de Frank Money, soldat de la guerre de Corée qui a échappé, dans l’armée, à la ségrégation raciale et retrouve les effets désastreux de sa couleur de peau, noire, au retour dans le civil. Lancé dans une traversée des Etats-Unis pour sauver sa sœur en danger, il livre peu à peu tous ses secrets, jusqu’au dernier – terrible. Ce roman est un chant douloureux qui remue en profondeur et apaise dans le même temps.

Patrick Deville, Peste & choléra

La vie formidable d’Alexandre Yersin est devenue un roman à la hauteur de son sujet. Le découvreur du bacille de la peste traverse, de 1863 à 1943, une époque que Patrick Deville explore depuis quelques romans sur toute la planète. A petites touches précises, les avancées de la science et les bouleversements politiques se répondent dans un monde où le sens reste créé par les hommes. Et celui-ci, avec toujours une idée d’avance sur ses actions, mérite vraiment qu’on s’y intéresse de près.

Salman Rushdie, Joseph Anton

Le début est connu : le 14 février 1989, Les versets sataniques, le roman qu’avait écrit Salman Rushdie, vaut à celui-ci une condamnation à mort. Ensuite, il est protégé, il ne sort que rarement de l’ombre où il se cache. Quand il raconte ces années difficiles, il le fait à la troisième personne, utilisant le pseudonyme pris dans la semi-clandestinité. Cependant, il vit, fait des rencontres, écrit. Et il exerce, outre son sens de l’analyse, son humour aigu.

Jonathan Coe, Désaccords imparfaits

Jonathan Coe pratique peu la nouvelle : trois fois en quinze ans. Ajoutons-y un article qui rêve sur Billy Wilder, c’est toute sa production dans le genre. Dommage qu’il n’y en ait pas davantage, on en aurait bien repris. Une histoire de fantôme, une musique en accord avec un lieu et qui aurait pu déboucher sur une autre vie, un festival de cinéma qui tourne au règlement de compte : de belles lignes de fuite dessinées avec précision puis s’épanouissent dans le flou.

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