jeudi 12 décembre 2013

Les meilleurs poches de l'hiver (2)

Suite (et pas fin) d'une sélection qui propose de la bonne, de la très bonne lecture à bas prix. On rogne sur le format et les coûts, pas sur la qualité...

Claro, CosmoZ

On prend son souffle, on plonge dans Le Magicien d’Oz revu par Claro et transposé dans la première partie du 20e siècle. L’époque est furieuse, traversée par deux guerres mondiales. Virtuose, l’écrivain multiplie les parallèles entre la trame de départ et la réalité, et se place au niveau du mythe. Les personnages nous parlent d’une éternité ébranlée par les terribles secousses qu’ils subissent. Cette course à travers le temps et l’espace est un grand coup de frais sur le roman français.


Un Européen ensauvagé, décivilisé, revient à la civilisation après dix-sept ans passés en compagnie des Aborigènes d’Australie. Il doit tout réapprendre. Octave de Vallombrun, qui a découvert le naufragé, s’en charge, certain d’y gagner ses galons de scientifique reconnu par la Société de Géographie. Plusieurs logiques contradictoires s’affrontent pour lui compliquer une tâche qui débouche sur davantage de questions que de réponses. La principale : qu’est-ce qu’un homme ? Une belle énigme.

Michel Bussi, Nymphéas noirs

Dans Giverny, ville-musée, Monet attire toujours les touristes. Souterrainement, les habitants du lieu vivent leurs espoirs et leurs folies, jusqu’à la mort parfois. Trois personnages de femmes d’âges différents hantent un roman construit avec une troublante efficacité. Nous ne comprendrons qu’un peu avant de finir comment Michel Bussi nous a baladés et pourquoi nous l’avons suivi. Malgré tout ce qu’il ne disait pas. Ou grâce à ce qu’il ne disait pas dans sa manière de jouer avec les époques.


Treize ans plus tôt, cinq petites filles ont disparu à Ennatown. Quatre ont été retrouvées au fond de l’eau. La dernière, la police l’ignore, est toujours séquestrée par « le Noyeur ». Elle réussit à libérer sa fille qui est née pendant la détention et celle-ci se promène dans la ville en ouvrant de grands yeux sur tout ce qu’elle n’avait jamais vu. Son errance en compagnie d’un SDF noir et débile léger coïncide avec la curiosité de Vince Limonta, ex-flic, pour cette affaire. Soufflant.

Richard Powers, Gains

Presque deux siècles de l’histoire d’une fabrique de savon et de ses propriétaires. Presque deux siècles d’histoire économique, avec les crises et surtout les gains à condition de suivre la logique de l’industrialisation, de la diversification, de la mondialisation et de tous ces mots en -tion qui réjouissent les capitalistes. L’ampleur du roman de Richard Powers correspond à celle de la matière qu’il brasse avec autant de talent que de perspicacité.

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