Le voudrait-on qu'on n'y parviendrait pas: en furetant dans les rayons d'une bibliothèque, le regard s'arrête sur les évocations de Nice. D'autant qu'il ne manque pas d'écrivains à y avoir vécu ou à avoir fait de cette ville leur cité de prédilection.
On pense, dans des registres divers, à Le Clézio, Raoul Mille, Louis Nucera, Max Gallo...
Et c'est Romain Gary, en raison du hasard, qui sort du rayon, avec La promesse de l'aube, ce récit autobiographique où tout est vrai, disait-il. A sa manière, bien sûr, qui ne ressemble à aucune autre dans le traitement de la vérité et de ses détournements.
L'actualité commande, le passé revient...
Chaque fois que je reviens à Nice, je me rends au marché de la Buffa. J'erre longuement parmi les poireaux, les asperges, les melons, les pièces de bœuf, les fruits, les fleurs et les poissons. Les bruits, les voix, les gestes, les odeurs et les parfums n'ont pas changé, et il ne manque que peu de chose, presque rien, pour que l'illusion soit complète. Je reste là pendant des heures et les carottes, les chicorées et les endives font ce qu'elles peuvent pour moi. Ma mère rentrait toujours à la maison les bras chargés de fleurs et de fruits. Elle croyait profondément à l'effet bienfaisant des fruits sur l'organisme et veillait à ce que j'en mangeasse au moins un kilo par jour. Je souffre de colite chronique depuis. Elle descendait ensuite aux cuisines, arrêtait le menu, recevait les fournisseurs, surveillait le service du petit déjeuner aux étages, écoutait les clients, faisait préparer les pique-niques des excursionnistes, inspectait la cave, faisait les comptes, veillait à tous les détails de l'affaire.
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