jeudi 18 octobre 2012

Amélie Nothomb, l'imagination au service (?) du fait divers

Le magazine L'Express publie cette semaine, entre un article sur les transhumains et une chronique de David Abiker sur les salauds de stagiaires (je simplifie), un texte (que j'appellerais une nouvelle) d'Amélie Nothomb inspiré par la tuerie de Chevaline. Je vous épargne le rappel des faits, Internet fonctionne à la perfection pour cela.
Cela s'appelle "Mon cri est celui d'un oiseau", mais je me demande sur quelle branche est allée se percher la romancière.
Olivier Le Naire, dans l'édition papier, utilise l'espace de deux colonnes pour expliquer pourquoi il fallait demander cette collaboration à Amélie Nothomb (qui a, de toute évidence hésité avant d'accepter - dommage qu'elle ait fini par prendre la mauvaise décision).
Il écrit: "Le journaliste est un passeur de questions. Mais, quand la vérité échappe à tous, il doit céder la parole à l'écrivain, qui, seul, peut tenter de mettre en mots l'indéchiffrable." Ce qui ne veut pas dire, je le porte au crédit d'Olivier Le Naire, apporter des réponses. Il cite des exemples d'écrivains qui se sont emparés de faits divers. Certains sont de bons exemples: Stendhal, Truman Capote ou Emmanuel Carrère. Il range dans la même catégorie les délires de Marguerite Duras à propos de l'affaire Villemin, et cela m'a fait douter un peu. Pourquoi pas Salim Bachi dans la tête de Merah, tant qu'il y était?
J'ai donc lu ce qu'avait imaginé Amélie Nothomb dans la tête, non du tueur (ou des tueurs, qu'est-ce que j'en sais, moi?), mais des deux jeunes survivantes du massacre. Leur cri d'oiseau - d'un oiseau qui n'existe pas - est un langage qu'elles seules connaissent et à travers lequel elle se reconnaissent, vérifiant pour l'occasion qu'elles sont toutes les deux en vie.
J'ai du mal à comprendre comment cette mise en mots de l'indéchiffrable nous fait approcher, ne serait-ce qu'un peu, un des aspects de cette scène. Peut-être pourrait-elle nous transporter dans une hypothèse de la manière dont elle a été vécue par les deux enfants. Si c'était moins superficiel, moins gratuit.
Amélie Nothomb et le fait divers, ça ne colle pas. Sinon pour produire un bout de littérature tchip-tchip (à cause du chant d'oiseau) qui reste très cheap-cheap.

2 commentaires:

  1. Je me suis également posé la question de l'intérêt réel de ce texte, qui plus est ne casse pas quatre pattes à un... oiseau.
    (Salim Bachi dans la tête de Merah, ce ne serait pas si saugrenu puisqu'il a déjà investi celle de Kelkhal).

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  2. Salim Bachi dans la tête de Merah, ça c'est fait, dans "Le Monde", et c'était... saugrenu, pour le moins.

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