dimanche 9 juillet 2017

Les prix littéraires d'avant-saison

C'est un peu comme pour les soldes: la période des pré-soldes est aussi importante, voire davantage, que celle qui la suit. Les pré-prix participent donc eux aussi à la préparation de la rentrée littéraire qui, je le rappelle pour les distraits, débutera dans un gros mois seulement. Mais les livres sont prêts et, parmi eux, deux lauréats de prestigieuses récompenses attribuées aux versions originales de leurs romans.

De Colson Whitehead, je vous ai déjà parlé deux fois ici. La première, c'était à l'occasion du National Book Award attribué l'an dernier à Underground Railroad. La seconde, cette année, pour le Pulitzer de la fiction au même roman. Il sort en français le 23 août chez Albin Michel, dans une traduction de Serge Chauvin. En avril, je vous avais fait le service minimum, avec la première phrase en langue originale - en américain, donc. En voici un peu plus, cette fois en français, avec la première page presque intégrale.
La première fois que Caesar proposa à Cora de s’enfuir vers le Nord, elle dit non.
C’était sa grand-mère qui parlait à travers elle. La grand-mère de Cora n’avait jamais vu l’océan jusqu’à ce jour lumineux, dans le port de Ouidah, où l’eau l’avait éblouie après son séjour dans les cachots du fort. C’est là qu’ils avaient été parqués en attendant les navires. Des razzieurs dahoméens avaient d’abord kidnappé les hommes, puis étaient revenus au village à la lune suivante rafler les femmes et les enfants, qu’ils avaient fait marcher de force jusqu’à la mer, enchaînés deux par deux. En fixant le seuil noir, Ajarry crut qu’elle allait retrouver son père dans ce puits de ténèbres. Les survivants de son village lui expliquèrent que lorsque son père n’était plus parvenu à tenir le rythme, les marchands d’esclaves lui avaient défoncé la tête et avaient abandonné son corps sur le bord de la piste. Sa mère était morte bien des années plus tôt.
La suite en août, par conséquent.

En Italie, c'est aussi un doublé qui a salué Paolo Cognetti pour son roman intitulé, dans la Péninsule, Le otto montagne. Il a reçu deux fois le prix Strega cette année. D'abord celui qui est réservé à la jeunesse, ensuite celui qui s'adresse plutôt aux adultes. Un roman qu'on peut lire de 7 à 77 ans? On le vérifiera à partir du 23 août aussi, dans la traduction d'Anita Rochedy qui parait chez Stock est s'intitule Les huit montagnes.
En voici le premier paragraphe.
Mon père avait une façon bien à lui d’aller en montagne. Peu versée dans la méditation, tout en acharnement et en bravade. Il montait sans économiser ses forces, toujours dans une course contre quelqu’un ou quelque chose, et quand le sentier tirait en longueur, il coupait par la ligne la plus verticale. Avec lui, il était interdit de s’arrêter, interdit de se plaindre de la faim, de la fatigue ou du froid, mais on pouvait chanter une belle chanson, surtout sous l’orage ou en plein brouillard. Et dévaler les névés en lançant des cris d’Indiens.
Par ailleurs, le Prix Stanislas, qui sera attribué le 29 août pour être remis à son auteur le 9 septembre à Nancy à l'occasion du Livre sur la Place a annoncé une sélection de dix ouvrages, eux aussi à paraître. Son but est d'aider au lancement d'un nouvel auteur, qui sera donc un de ceux-ci:

  • Jean-Baptiste Andrea, Ma Reine, L’Iconoclaste
  • Emmanuel Brault, Les Peaux rouges, Grasset
  • Cyril Dion, Imago, Actes Sud
  • Olivier El Khoury, Surface de réparation, Noir sur Blanc
  • Thomas Flahaut, Ostwald, L’Olivier
  • Pascale Lécosse, Mademoiselle, à la folie !, La Martinière
  • David Lopez, Fief, Seuil
  • Paul-Bernard Maracchini, La Fuite, Buchet Chastel
  • Victor Pouchet, Pourquoi les oiseaux meurent, Finitude
  • Sébastien Spitzer, Ces rêves qu’on piétine, L’Observatoire

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