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lundi 6 mai 2013

A lire cette semaine : Fitzgerald, Modiano, Amis et Pirotte

Des entretiens, une collection de romans, un roman seul et de la poésie. Le menu est varié, et les éditeurs sont à la présentation de ces ouvrages disponibles cette semaine dans toutes les bonnes librairies - leur acquisition se fait sans prescription.

Francis Scott Fitzgerald, Des livres et une Rolls
Des livres et une Rolls est l'ultime recueil d'inédits de Scott Fitzgerald en France. Ce choix d'interviews données par Fitzgerald à ses flamboyants débuts – sa carrière avançant et les échecs commerciaux croissant, on l'interviewe de moins en moins – montre un jeune homme dont la beauté et l'affabilité charment les journalistes. Sérieux et moqueur à la fois, espiègle et brillant, il répond (quelquefois en compagnie de Zelda) avec esprit aux questions littéraires, intimes et parfois politiques des journalistes qui se pressent à la porte de celui qui passe alors pour un jeune prodige. L'inventeur des flappers et le découvreur de l'«âge du jazz» brille ici de toute son intelligence et de toute sa gaieté. «Des livres et une Rolls»? C'est ce qu'il voudrait s'offrir avec l'argent qu'il va gagner.
Comme le dit Charles Dantzig dans sa préface, il fait là ses «débuts dans l'étourderie», contribuant à «laisser s'établir une légende, en partie par roublardise, peut-être (toute publicité est une bonne publicité), en partie par indifférence (seuls mes livres m'intéressent)». Écoutons la voix si séduisante de l'auteur de Gatsby.

Patrick Modiano, Romans

«Ces "romans" réunis pour la première fois forment un seul ouvrage et ils sont l'épine dorsale des autres, qui ne figurent pas dans ce volume. Je croyais les avoir écrits de manière discontinue, à coups d'oublis successifs, mais souvent les mêmes visages, les mêmes noms, les mêmes lieux, les mêmes phrases reviennent de l'un à l'autre, comme les motifs d'une tapisserie que l'on aurait tissée dans un demi-sommeil. 
Les quelques photos et documents reproduits au début de ce recueil pourraient suggérer que tous ces "romans" sont une sorte d'autobiographie, mais une autobiographie rêvée ou imaginaire. Les photos mêmes de mes parents sont devenues des photos de personnages imaginaires. Seuls mon frère, ma femme et mes filles sont réels. 
Et que dire des quelques comparses et fantômes qui apparaissent sur l'album, en noir et blanc? J'utilisais leurs ombres et surtout leurs noms à cause de leur sonorité et ils n'étaient plus pour moi que des notes de musique.» 
Patrick Modiano.
Ce volume contient: Villa triste - Livret de famille - Rue des boutiques obscures - Remise de peine - Chien de printemps - Dora Bruder - Accident nocturne - Un pedigree - Dans le café de la jeunesse perdue - L'horizon

Lionel Asbo vient d’une banlieue où les garçons prennent le chemin de la prison plus souvent que celui de l’école, et où le pitbull est le meilleur ami de l’homme. Après avoir longtemps œuvré dans le recouvrement de dettes par tous les moyens, il gagne un jour la modique somme de cent quarante millions de livres sterling à la loterie, ce qui lui permet de fréquenter enfin les héros de l’Angleterre contemporaine, les stars de la téléréalité comme celles du monde du football, et lui vaudra l’admiration éperdue de son neveu Desmond, jeune homme sentimental et brillant. Si ce dernier réussit à s’extraire de son milieu, il ne perdra jamais de vue les frasques de son oncle, chroniquées par le menu dans les tabloïds anglais, tout en redoutant qu’il ne découvre la faute impardonnable qu’il a commise au temps de son adolescence. 
Martin Amis nous offre un portrait au vitriol de l’Angleterre d’aujourd’hui. Ce roman ravageur et terriblement drôle démontre une nouvelle fois la virtuosité verbale de son auteur. Son talent de satiriste et sa capacité à dépeindre l’Angleterre avec tous ses travers sont éclatants.

Jean-Claude Pirotte, Vaine pâture
Jean-Claude Pirotte est l'auteur d'une cinquantaine de livres, qu’il a parfois lui-même illustrés. Les critiques ont salué sa poésie du quotidien sensible et inspirée, à la tendresse parfois gouailleuse, mais aussi la magie de sa langue au parfum subtil de jadis qui par sa simplicité et sa gravité soudaine est incontestablement très moderne, car d'une haute liberté.
Avec Vaine pâture, c’est une poésie intime que Jean-Claude Pirotte nous livre, mais sans pathos, sans repli vaniteux sur lui-même. Il détient comme naturellement le secret de la grande poésie populaire anonyme, celui d’un lyrisme à la fois universel et personnel, immémorial et toujours neuf.
En 2012, Jean-Claude Pirotte a reçu le Grand Prix de Poésie de l’Académie française ainsi que le Prix Goncourt de la Poésie (rebaptisé Prix Robert Sabatier) pour l’ensemble de son œuvre.

mardi 31 juillet 2012

F. Scott Fitzgerald et le miracle de la cigarette

Le Los Angeles Times racontait l'histoire hier: en 1936, The New Yorker avait refusé une nouvelle de F. Scott Fitzgerald qui, retrouvée, vient de paraître dans le numéro daté du 6 août. L'auteur avait été publié dans le magazine en 1925, l'année où sortait Gatsby le magnifique, et plusieurs de ses textes, nouvelles et poèmes, y avaient ensuite été accueillis jusqu'en 1937. Mais pas cette nouvelle, assez courte. Pourquoi? Je n'en sais rien.
Toujours est-il que Thank You for the Light est une lecture rapide, légère et plaisante, au terme de laquelle on reste pensif un instant.
Je vous raconte?
Mrs. Hanson est représentante en gaines et corsets. Elle a l'habitude de fumer une cigarette quand une commande est conclue, et partage souvent ce moment de détente avec ses clients. Sinon qu'après avoir changé de zone, elle doit faire face à une attitude bien moins favorable au tabac. Plus question de sortir son paquet et d'offrir une cigarette. Elle constate que cela lui manque. Un jour, elle entre dans une église en se disant qu'elle va allumer sa cigarette à un cierge. Pas de chance: le sacristain est occupé à les éteindre tous. La voilà donc, sur un banc, inoccupée, devant une statue de la Vierge, jusqu'au moment où elle constate qu'un miracle a eu lieu: la cigarette qu'elle tient à la main est en train de brûler.
"Merci pour le feu", dit-elle.
Cela ne semblait pas suffisant, et elle se mit à genoux, la fumée se dégageant de la cigarette entre ses doigts.
"Merci beaucoup pour le feu", dit-elle.
Le miracle de la cigarette a eu lieu, et la Vierge ne condamne pas cette dépendance...

lundi 3 janvier 2011

L'année littéraire (1) - Gatsby, magnifique ou pas ?

Début d'année, bonnes résolutions...
Je vais essayer de vous faire vivre l'année littéraire à travers une revue de presse permanente, dans laquelle je compte bien glisser mon grain de sel quand j'aurai lu les livres dont il sera question - non, je ne suis pas du même avis que tous mes confrères.
On commence tout de suite.

L’année littéraire 2011 a commencé fin 2010, dans Le Figaro Magazine (31 décembre), sur un ton polémique. Forcément : l’article est signé Frédéric Beigbeder. À la nouvelle traduction française du roman de Francis Scott Fitzgerald, The Great Gatsby, il ne trouve que des défauts.
Il argumente: la première et la dernière phrase sont comparées dans le détail. La version de Julie Wolkenstein (chez P.O.L., parution le 5 janvier) est, c’est vrai, et dans les deux cas, faiblarde ou plutôt laborieuse, par rapport à celle qu’il cite. Au fait, laquelle cite-t-il? Victor Llona a été le premier traducteur de Gatsby le magnifique, dont Jacques Tournier a donné, déjà, une deuxième version plus tard. Sur ce point, Frédéric Beigbeder nous laisse un peu sur notre faim quand il écrit: «Nous avons avec ce roman des habitudes de vieux garçon, les textes de Jacques Tournier et Victor Llona nous rappelaient notre jeunesse». N’y avait-il pas de différences entre eux? Un point à creuser…
Au moins, sur le titre, Tournier n’avait rien changé à Llona. Tandis que Julie Wolkenstein se contente d’un sobre Gatsby dans lequel Frédéric Beigbeder voit «un crime de lèse-majesté intolérable». Proposant d’autres traductions de l’adjectif manquant, d’ailleurs plutôt moins bonnes que «le magnifique».
L’auteur de l’article aimerait bien avoir lancé avec celui-ci la première polémique de 2011: «Il me semble que je ne vais pas être le seul à pousser des cris d’orfraie analogues à ceux d’une «flapper» simulant un orgasme pour quelques colliers de chez Tiffany. Son exercice parfaitement vain (refaire un travail déjà fait, en moins bien) nous rappelle ce principe de base : pour être un bon traducteur, il faut d’abord être un bon écrivain.»