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vendredi 28 septembre 2012

Voix de la nuit : Patrick Deville

Trop fatigué pour travailler vraiment, trop éveillé pour dormir. La radio m'accompagne, qui donne l'impression de pouvoir continuer à faire autre chose en même temps.
Rien de moins vrai, bien entendu. Écouter la radio est une occupation pleine si le sujet de l'émission vous intéresse. Et je n'ai pas choisi celle-ci au hasard. Clara et les chics livres, c'était samedi dernier sur France Inter et Patrick Deville était l'invité de Clara Dupont Monod, qui a un joli sourire sur la photo. On peut réécouter ça jusqu'au 18 juin 2015, on aurait donc tort de s'en priver - ou de se presser, d'ailleurs.
Je vous parle de Peste & choléra, le nouveau roman de Patrick Deville, depuis le mois de juin. Je ne sais pas combien de fois je l'ai évoqué ici. Je ne sais pas combien de fois je l'évoquerai encore, car la rentrée se passe bien, très bien même pour cet ouvrage que j'adore. Donc, pas aujourd'hui.
En revanche, j'aimerais dire un mot de cette émission qui n'est pas sans intérêt mais qui m'énerve quand même un peu. Elle souffre de cette tendance à la distraction qui contamine les médias avec une sorte de fureur telle que la ligne de force de l'émission est noyée dans une multitude de petites chroniques qui n'ont rien à voir. De temps en temps, Patrick Deville sort la tête de l'eau, entre un coup de téléphone à Titeuf et une chanson de M. Et tout cela est très bien, en même temps que très insatisfaisant, puisque j'avais choisi d'écouter pour Patrick Deville. J'aurais mieux fait, probablement, d'aller vers France Culture où Alain Veinstein interrogeait lui aussi l'écrivain dans Du jour au lendemain, le 14 septembre. Ce sera peut-être pour une autre fois.
Du moins la radio parle-t-elle volontiers de livres, et même parfois de littérature. Ce qui, vous en conviendrez avec moi, n'est pas exactement la même chose. Un excellent article de TéléObs a, cette semaine, bien marqué la différence. Il s'agissait, il est vrai, de télévision: Émissions littéraires: cherchez l'erreur. Et, de toute manière, si j'étais occupé à regarder la télé au lieu d'écouter la radio, je serais bien en peine d'essayer de faire autre chose en même temps.
Un de ces jours, quand je serai à nouveau fatigué, il faudrait que j'écoute la série d'émissions consacrées à Henri Bauchau dans A voix nue (début le 1er octobre à 20 heures).

mardi 3 août 2010

Une semaine avec Françoise Sagan sur France Culture

Êtes-vous podcast ou n'êtes-vous pas podcast? Moi, c'est par périodes. J'avais tout annulé de ceux auxquels je m'étais abonné, non par manque d'intérêt mais par manque de temps. Vous avez essayé, vous, de lire et d'écouter en même temps? Lire et écouter sérieusement, je veux dire, sans rien perdre du livre ni de l'émission de radio? Je n'y arrive pas.
Mais je viens de rouvrir iTunes pour la série d'émissions sur Françoise Sagan qui a commencé hier sur France Culture et durera jusqu'à vendredi. Trois heures et demie chaque jour, soit... bon, faites le calcul. Soit, en tout cas, un bel ensemble de documents d'après ce dont je peux juger après avoir écouté la première journée.


Françoise Sagan, plus grave que prévu rend en effet justice à l'écrivain sans négliger le personnage - comment le pourrait-on? Le scandale (quel scandale?), l'alcool, la drogue, le jeu, la vitesse, ont fait de Françoise Sagan une icône négative et pourtant fascinante, une image derrière laquelle l'essentiel - ses livres, l'écriture, son monde de fiction - a souvent presque disparu. Ce n'est pas le cas ici, et je m'en réjouis.
Hier, j'ai donc retrouvé Françoise Sagan à travers des archives souvent émouvantes. Sa voix, son débit précipité (et de plus en plus au fil des années), sa modestie. Oui, sa modestie. Elle raconte la curieuse impression que lui faisaient ses conversations avec René Julliard, avant la parution de Bonjour tristesse. Il lui parlait comme à une grande personne - ce que j'étais, précise-t-elle. Après tout, elle avait 17 ans! Et elle possédait une belle lucidité. Pour preuve: ce qu'elle raconte dans les premiers entretiens ne varie guère avec le temps. D'où je conclus que la légende Sagan n'a pas été créée par elle-même, mais forgée de l'extérieur.
Il est vrai que son éditeur avait, au contraire d'elle-même, habilement joué sur la jeunesse de l'écrivaine. Il avait, de la même manière, "lancé" un peu plus tôt Françoise Mallet-Joris à 21 ans et, un peu plus tard, Minou Drouet, 7 ans! (J'espère qu'on ne va pas s'attarder sur le sujet, dit en substance et avec raison Jean-Marc Roberts dans la deuxième partie de l'édition.)
Archives dans la première heure, débat dans la deuxième, documentaire prolongé par une lecture commentée dans la dernière heure et demie, le menu est copieux. Et très digeste. Analyses et anecdotes sont mis en onde avec un goût très sûr où l'information n'interdit pas le plaisir. Jean-Claude Loiseau, qui a réalisé cette "Grande traversée" produite par Matthieu Garrigou-Lagrange, peut être salué comme il se doit. Si Françoise Sagan est un jour rééditée dans la Bibliothèque de la Pléiade, comme le souhaitent quelques intervenants, ce sera peut-être en partie grâce à lui.
C'est grâce à lui, en tout cas, que j'ai appris que Françoise Sagan avait écrit une chanson pour Johnny Hallyday. Et que j'ai entendu François-Marie Banier (oui, celui dont on parle beaucoup ces temps-ci) affirmer: "Les photos de Françoise Sagan sont d'immenses chefs-d'œuvre." Meilleures que les siennes, ajoute-t-il - ce qui, dans sa bouche, n'est pas un mince compliment.
Je termine en revenant au titre de la série d'émissions: Françoise Sagan, plus grave que prévu. Je l'avais compris, avant d'écouter, comme on dit: elle est vraiment grave, la Françoise! Peut-être y a-t-il de ça. Mais il y a surtout la gravité de son propos sous la légèreté des phrases. On parle bien, en effet, de littérature...