Après l’avalanche de nouveautés en août et septembre, après
la distribution des prix littéraires en novembre, on a à peine pris le temps de
souffler que, dès la semaine prochaine, c’est reparti. Les libraires francophones
vont à nouveau crouler sous les piles de livres tout frais sortis de
l’imprimerie. Succès annoncés et découvertes à faire, la saison s’annonce
riche.
La production est en hausse : 520 nouveautés, c’est
presque 10 % de plus qu’en 2012. Le marché s’ouvre, espèrent les éditeurs
français, en cette année qui suit l’élection présidentielle – événement dont la
triste réputation est bien établie : à la fin de chaque quinquennat, les
ventes de fiction sont « plombées » par le déplacement des centres
d’intérêt vers la politique. En janvier 2013, les esprits seront nettoyés de la
pollution d’une campagne électorale et prêts, espère-t-on, à aborder d’autres
rivages.
La traduction a le vent en poupe. De l’anglais (et de
l’américain surtout) d’abord, tendance lourde qui se reflétera dans les listes
de meilleures ventes dès le début du mois de janvier. Le deuxième volume de la
trilogie érotico-sado-maso-gnangnan signée E.L. James sort le 3 janvier. Il n’y
a aucune raison de penser que la suite de Cinquante
nuances de Grey (chez Lattès) sera meilleure que le début. Mais il y a
toutes les raisons de croire qu’elle sera achetée encore et encore.
De l’autre côté de l’Atlantique (E.L. James est britannique)
nous viennent des écrivains beaucoup plus prometteurs. Jeffrey Eugenides n’en
est qu’à son troisième roman avec Le
roman du mariage (L’Olivier) mais la puissance de Virgin suicides et de Middlesex,
ses œuvres précédentes, fait de chaque rendez-vous avec l’écrivain américain un
moment plein d’espoir. Sa compatriote Joan Didion s’est, bien malgré elle,
plongée ces dernières années dans les thèmes de la perte et du deuil. Après la
mort de son mari, dont elle parlait dans L’année
de la pensée magique, elle a dû vivre celle de sa fille adoptive, nœud de
son nouveau livre, Le bleu de la nuit
(Grasset).
Sur la vague du succès de son gros roman en trois tomes, 1Q84, l’éditeur français du Japonais
Haruki Murakami exhume en février deux documents jamais traduits en français et
groupés en un seul volume, Underground
(Belfond). Après l’attentat au gaz sarin qui avait frappé le métro de Tokyo en
1995, l’écrivain avait enquêté sur les bords opposés de l’événement : côté
victimes, d’une part, côté auteurs, de l’autre – des membres de la secte Aum.
Chez les écrivains français, le chéri de ses lectrices,
David Foenkinos, revient au roman après l’échec du film réalisé d’après La délicatesse. Il l’affirme : Je vais mieux (Gallimard). Et commence
ainsi : « On sait toujours
quand une histoire commence. J’ai immédiatement compris que quelque chose
se passait. Bien sûr, je ne pouvais pas
imaginer tous les bouleversements à venir. Au tout début, j’ai éprouvé une
vague douleur ; une simple pointe nerveuse dans le bas du dos. Cela ne
m’était jamais arrivé, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. C’était sûrement
une tension liée à l’accumulation de soucis récents. »
Le magazine Lire a
choisi de présenter à ses lecteurs, dès ce mois de décembre, quatre ouvrages
français de 2013. Yasmina Reza publie Heureux
les heureux (Flammarion), roman explosé en multiples récits qui se croisent
parfois. Catherine Cusset part vers l’Inde avec Indigo (Gallimard), une semaine marquante dans ce pays pour quatre
Français. Andreï Makine réalise une variation, une de plus, sur Catherine II de
Russie dans Une femme aimée (Seuil),
à travers le projet de film conduit par un cinéaste. Et Patrick Rambaud termine
avec soulagement sa chronique du règne de Nicolas Ier (comprenez
Nicolas Sarkozy) : Tombeau de
Nicolas Ier et avènement de François IV (Grasset).
Neuf titres cités parmi 520 nouveautés à paraître dans les
deux mois qui viennent, c’est peu. Il y en aura évidemment bien d’autres à
lire, d’autant qu’il faut ajouter, aux inédits, les rééditions au format de
poche sur lesquelles nous nous focaliserons dans les semaines à venir : le
dernier volume de la trilogie de Stieg Larsson, Millénium (Bebel) ;
l’énorme succès de Douglas Kennedy, Cet
instant-là (Pocket) ; un inédit de Ken Follet, Paper Money (Livre de poche) ; etc.
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