L’an dernier, la romancière L.S. Hilton a fait l’objet d’un
spectaculaire lancement dans plusieurs pays, en commençant par la
Grande-Bretagne. La rumeur gonflait depuis 2015.
L.S. Hilton, jusqu’alors connue d’un cercle limité de
lecteurs, pour des biographies ou des romans historiques, a été la première
surprise de ce qui se passe autour d’un texte mal parti : « Mon agent l’a détesté. Mon éditeur a
refusé de le lire. J’avais un livre que je ne pouvais même pas donner. »
Et puis, comme dans un conte de fée, une amie a fait lire le manuscrit à un
éditeur, qui s’est emballé, le reste a suivi. Le savoureux récit de L.S. Hilton
montre à quel point elle n’imaginait pas avoir écrit un probable futur
best-seller :
« Comme de
nombreux auteurs, je n’avais toujours pas l’impression de pouvoir compter
uniquement sur mes livres pour assurer ma sécurité financière. Je faisais des
missions en freelance, et m’étais portée candidate pour des ateliers d’écriture
dans une université londonienne. Le jour où j’ai reçu une lettre me disant que
je n’étais même pas assez bonne pour qu’on me fasse passer un entretien, je
faisais des recherches sur l’utilisation des céréales Weetabix par le Prince
Charles comme répulsif à limaces. C’est alors que mon éditeur m’a appelé pour
me dire que mon roman venait de se vendre aux Etats-Unis. « Formidable », lui
ai-je répondu tout en tapant mon article sur les limaces. Six semaines plus
tard, mon éditeur et moi étions dans l’avion, direction Hollywood. »
Maestra s’ouvre
par un prologue qui sera, plus loin, fortement amplifié : une partouze
chic dans un haut lieu du dévergondage parisien. Avant de retrouver cet endroit
et les protagonistes qui s’y ébattent, Judith Rashleigh, l’héroïne, travaille à
son épanouissement personnel. Le sexe, qu’elle apprécie en connaisseuse, en est
un aspect. Qui lui ouvrira les portes d’un monde où l’argent coule à flot. Mais
Judith est surtout, à la manière de L.S. Hilton qui a étudié l’histoire de
l’art, une experte. Sous-utilisée chez British Pictures, elle y découvre une
escroquerie caractérisée.
Judith en profite d’autant plus aisément pour prendre ses
distances avec son employeur que ses activités ludiques et lubriques lui
assurent des revenus substantiels. La libertine est ambitieuse, rien ne
l’arrête sur le chemin de la réussite, pas même les cadavres qu’elle sème
derrière elle. On a essayé de la manipuler, la voici devenue manipulatrice.
L’Europe est son royaume, les acheteurs de tableaux à peine certifiés croient
trouver une partenaire mais celle-ci est plus retorse qu’eux.
Il y a de la jouissance dans le crime, comme l’exige un
thriller conduit par une coupable qu’on ne parvient pas à détester. Les hommes
n’ont qu’à bien se tenir. On sort du premier volume le cœur léger, comme
Judith, en attendant la suite. Qui, cela tombe bien, vient de paraître en grand
format. Et s’intitule Domina. On en
reparlera (peut-être).
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