Photo Peter Groth |
Dans un ouvrage collectif, Je est un autre, publié en 2010 et, précisément, à l’occasion d’Etonnants
Voyageurs, il rappelait comment l’expérience de sa vie, marquée par la guerre
civile espagnole et la dictature qui suivit, l’avait privé de valeurs plurielles
qu’il avait fallu conquérir par « une
action toujours à contre-courant, dans les marges de la culture et du monde
officiel. » Sa biographie et son œuvre témoignent de cette reconquista accomplie comme un acte de
foi renforcé par l’observation : « Il
n’y a pas de culture homogène ou pure, comme le prétendent les patriotes et les
ultranationalistes de tout poil. Bien au contraire, toute culture, sauf dans
les communautés de petite taille et isolées, est la somme des influences qu’elle
a reçues tout au long de son histoire, et plus celles-ci sont nombreuses, plus
grande est sa richesse propre. »
Il a pu dire et répéter qu’il était « castillan en Catalogne, français à Madrid, espagnol à Paris,
latin en Amérique du Nord, nasrani au Maroc et maure partout. »
Avec une certaine logique, ses livres ont été interdits en Espagne
sous Franco mais le détour par les traductions françaises leur a donné, ainsi
qu’à Goytisolo lui-même, un poids considérable. Jeux de mains, Fiestas ou
Pièces d’identité, entre autres
fictions, s’imposent dans les années 1960 par leurs qualités littéraires avant
que les engagements politiques de l’auteur renforcent sa présence.
Juan Goytisolo a travaillé chez Gallimard, enseigné aux
Etats-Unis, dragué au Maroc. Ce « citoyen
traîne-savates de la planète Terre », comme il se décrivait lui-même, auteur
d’une cinquantaine d’ouvrages, a d’abord été célébré en 1985, et en Belgique,
par le très international Prix littéraire Europalia offert par les Communautés
européennes. De 2004 à 2014, les Prix Juan Rulfo, national des lettres
espagnoles et Cervantes avaient confirmé son rang parmi les siens.
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